Les représentants de 17 organisations initiatrices du rassemblement d'hier ont lancé un ultime SOS pour sauver le mouvement associatif autonome de disparition. La loi 12/06= mort de la société civile», «Liberté d'associations !»…Plusieurs militants associatifs se sont rassemblés, hier, devant le siège de l'Assemblée populaire nationale (APN) pour exiger l'amendement ou l'abrogation de la loi sur les associations. Organisée à la veille de l'expiration du délai de deux ans qui leur a été accordé pour se conformer aux nouvelles dispositions de ce texte, cette action constitue, selon les représentants de 17 organisations initiatrices de ce mouvement, un ultime SOS lancé pour sauver le mouvement associatif autonome de disparition. Ils veulent alerter les députés, dont l'institution qu'ils occupent avait voté pour cette «loi liberticide en 2011». En effet, les représentants de la LADDH, de RAJ, de SOS Disparus… ont réussi à organiser leur action malgré un important dispositif policier dépêché sur le lieu pour contenir les manifestants. Les agents de l'ordre n'ont pas, contrairement à leur habitude, empêché les manifestants d'exprimer leur colère contre cette loi qui, si elle est appliquée, obligerait un nombre important d'associations à disparaître. «Théoriquement, toutes les associations, qui ne se sont pas conformées à la loi, seront dissoutes à partir d'aujourd'hui à minuit», a déclaré avec ironie Noureddine Benissad, président de la LADDH, avant de dénoncer l'attitude des autorités qui ont refusé d'autoriser un certain nombre d'associations à organiser leurs assemblées générales de mise en conformité avec la loi. «D'un côté, on nous demande de nous conformer à la loi et d'un autre, ils (les pouvoirs publics) s'entêtent à refuser de nous donner des autorisations», dénonce-t-il, en exigeant l'abrogation, ou du moins, l'amendement de ce texte. «Cette loi constitue une véritable régression par rapport à celle de 1990 qui a instauré un régime déclaratif pour la création des associations. Celle de 2012 nous oblige à demander à nouveau un agrément, comme si on n'avait pas existé depuis 30 ans. De plus, il y a des dispositions, comme celles contenues dans l'article 39 qui menace de dissolution les associations qui s'ingèrent dans les affaires internes du pays, qui sont de véritables aberrations», regrette-t-il. Malgré le fait que l'action est organisée près de chez eux pour attirer leur attention sur les dangers qui pèsent sur l'avenir du mouvement associatif, les députés ne se sentent visiblement pas concernés. Les députés ne… se mouillent pas Hormis deux députés du FFS, Mostafa Bouchachi et Ahmed Betatache, qui ont tenu à soutenir par leur présence les contestataires, le reste «des élus du peuple» ont préféré se confiner dans les bureaux confortables de l'APN. Interrogé sur ce que comptent faire les députés pour tenter d'amender cette loi, Mostafa Bouchachi affirme d'abord que le groupe parlementaire de son parti prépare un projet de proposition de loi. «Il sera finalisé très bientôt et remis au bureau de l'APN», annonce-t-il. L'ancien président de la LADDH dénonce, dans la foulée, le contenu de cette loi qui consacre, selon lui, une régression, non seulement par rapport à celle de 1990, mais aussi aux pratiques internationales en la matière. «En Algérie, il y a deux sociétés civiles, l'une constitue un alibi pour le pouvoir et travaille en sa faveur et l'autre est indépendante. Celle-ci est constamment harcelée par les autorités», lance-t-il. Pour sa part, Ahmed Betatache, premier secrétaire du FFS, rappelle «les blocages que rencontre le parti au sein de l'assemblée». «Toutes nos propositions sont bloquées au niveau de l'APN. Mais nous en préparerons une autre pour l'amendement de la loi sur les ass ociations», assure-t-il. A l'issue de cette action, une délégation composée des représentants des associations a été reçue, au siège de l'APN, par le président de la commission de la jeunesse, des sports et de l'activité associative. «Nous lui avons remis notre plateforme de revendications et expliqué les graves atteintes aux mouvements associatifs consacrées par ce texte. Il avait promis de soumettre nos doléances au bureau de l'APN et de fixer une réunion à laquelle devront participer les présidents des deux commissions, jeunesse et sport, ainsi que celui des affaires juridiques», explique Aïssa Rahmoune, membre de la LADDH. «La balle est maintenant dans leur camp (les parlementaires ndlr)», enchaîne-t-il.