Avec un chiffre d'affaires de moins d'un milliard de dinars réalisé en 2010, dont 74% sont le fait de la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA), le secteur agricole ne compte, depuis plusieurs années déjà, que pour une part très faible dans le marché algérien de l'assurance, soit moins de 2%. C'est ce que révèle la Fondation pour l'agriculture et la ruralité dans le monde (FARM) dans une étude rendue publique, il y a quelques jours, sur les assurances et le développement agricole au Maghreb. Selon la FARM, le taux de pénétration de l'assurance agricole en Algérie «est faible, avec seulement 5% des producteurs disposant d'une assurance, soit environ 50 000 exploitations sur le million que compte le pays». Comparativement aux autres pays de la région, ce taux est au Maroc de 7% du 1,5 million d'exploitants agricoles marocains et de 8% des 516 000 agriculteurs tunisiens. L'étude en question trouve ces chiffres surprenants, en ce sens que «la contribution de l'agriculture à l'économie est significative, puisqu'elle fournit entre 8 et 12% du PIB, avec une surface agricole utile de 8 500 000 ha». Quelles seraient alors les raisons pouvant expliquer cette situation ? Selon la FARM, différents paramètres sont évoqués : «Le morcellement important des exploitations et la difficulté de toucher les petits producteurs, le faible taux d'accès aux services financiers dans l'agriculture (crédit et assurance agricole), l'absence de couverture pour certains risques comme la sécheresse, le peu de soutien aux assurances par les pouvoirs publics et une faible coordination des acteurs du secteur.» L'étude de la fondation revient aussi sur le problème du Fonds de garantie contre les calamités agricoles (FGCA), créé par l'Etat en 1990, mais qui «n'est plus fonctionnel depuis une dizaine d'années». Ce fonds visait à «indemniser les agriculteurs pour les risques non assurables, dont la sécheresse. Cependant, le dispositif n'a pas pu répondre aux besoins, notamment lorsque les agriculteurs ont été touchés par une succession d'aléas climatiques. Les indemnisations octroyées étaient insuffisantes», relève encore l'étude. Selon elle, il existe aujourd'hui des assurances multirisques climatiques, développées à partir de 2009, pour les cultures stratégiques correspondant aux filières les mieux structurées en système irrigué (pommes de terre, tomates, dattes). Toutefois «la sécheresse ne fait pas partie des risques couverts, alors qu'elle représente le risque le plus fort pour les céréales pluviales». C'est la raison pour laquelle la CNMA serait en train d'étudier le lancement de deux produits sur les céréales et «une expérience-pilote d'assurances multirisques climatiques des céréales en irrigué a été lancée en 2013», avec comme risques couverts «la grêle, le gel, la tempête, les inondations et le sirocco», souligne la même étude. Par ailleurs, une assurance contre la sécheresse, visant les céréales en culture pluviale, est en préparation. Néanmoins, la CNMA juge indispensable de subventionner les primes pour ce produit, afin de proposer un niveau de primes acceptable.