La Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA) s'apprête à lancer une nouvelle police d'assurance "intégrale" des céréales couvrant les risques de sécheresse, grêle et incendie et plaide pour un soutien étatique de ce produit "très lourd" financièrement, a annoncé mercredi son directeur général, M. Arba Kamel. "Nous voulons sécuriser les agriculteurs par une assurance intégrale qui couvre les risques de la sécheresse, incendie et grêle, mais comme c'est un produit très lourd, nous avons besoins de la participation de l'Etat dans la couverture de la prime d'assurance et des indemnisations en cas de sinistre", a déclaré M. Arba à l'APS en marge d'une rencontre sur ce projet. C'est que la valeur de la production céréalière en Algérie "dépasse les 106 milliards de DA, portant à 14 milliards de DA l'éventuelle somme de la police d'assurance intégrale (somme des cotisations des agriculteurs)", selon M. Arba. "On demande pour cela une refonte du Fonds de garantie contre les calamités agricoles (FGCA) à même de le mettre à la disposition de cette nouvelle police d'assurance que nous comptons mettre en oeuvre fin 2010 ou début 2011", a-t-il encore soutenu. Interrogé sur le prix de cette nouvelle assurance, il dira qu'elle coûtera très peu, soit une police de 2.000 à 3.000 DA pour l'hectare. "Ce n'est même pas le prix d'un quintal de blé dur", dira-t-il. L'introduction de l'assurance intégrale, qui sera un produit "exclusif" de la CNMA devra "booster la production nationale de céréales et diminuer les importations", selon M. Arba qui a également appelé le réassureur public (CCR) à s'impliquer dans ce projet. Environ 500.000 agriculteurs, selon la CNMA, activent actuellement dans la culture des céréales sur une superficie de plus de 3 millions d'hectares. Il est à rappeler que La CNMA s'est engagée depuis plus d'une année dans un programme de modernisation des assurances agricoles visant à couvrir toutes les cultures notamment stratégiques et présenter des contrats qui protègent l'agriculteur et le rendre solvable vis-à vis des banques. Depuis sa création en 2006, la CNMA devait 80% de son chiffre d'affaires à l'assurance automobile au détriment de l'assurance agricole, qui concernait uniquement la grêle du fait que la couverture de cet aléa était obligatoire. Actuellement le risque agricole représente 32% des recettes de la Caisse, qui ont atteint 5 milliards DA en 2009, un chiffre jamais atteint depuis sa création. Le taux de souscription des agriculteurs aux polices d'assurance de la CNMA est passé de 5% en 2009 à près de 7%, soit 18.000 exploitants actuellement. Interrogé à son tour, le chargé d'études au ministère de l'Agriculture et du Développement rural, M. Idir Baïs a déclaré à l'APS qu'"une demande de refonte du FGCA a été récemment soumise au gouvernement". Cette proposition du ministère porte, explique-t-il, sur "l'introduction, dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2010, d'une disposition pour la transformation du FGCA en un fonds plus global qui se charge des assurances agricoles". Ce dernier, qui serait alimenté par le Trésor public et les compagnies d'assurances, constituera "un instrument des pouvoirs publics pour soutenir les filières agricoles stratégiques". Il devra donc "soutenir, en partie, l'assurance intégrale proposée par la CNMA", a poursuivi M. Baïs.