Le FFS refuse de se plier à l'agenda imposé par le pouvoir et continue dans sa démarche de réflexion sur la meilleure voie à adopter pour sortir le pays de l'état de statu quo autoritaire. «Tous les indices attestent que le prochain rendez-vous électoral sera fermé car le système demeure fermé. C'est faire preuve de naïveté et de stupidité politique que de croire en une possible ouverture du champ politique en l'espace de trois mois, un laps de temps qui ne peut garantir un suffrage universel libre et propre», a indiqué d'emblée le premier secrétaire du FFS, Ahmed Betatache, à l'ouverture d'une journée d'étude tenue hier au siège du parti, consacrée aux transitions démocratiques. Tout en se réservant le temps de se prononcer «au moment opportun» sur les prochaines échéances politiques, élections et révision de la Constitution, «le FFS, note son premier secrétaire, demeure fidèle et attaché à sa position de toujours en faveur d'un changement pacifique et démocratique, et ses différentes propositions depuis sa création abondent dans ce sens. Le FFS a assumé en 50 années d'existence et assume encore ses responsabilités historique et morale envers la patrie. L'Algérie fait face à de grands défis aujourd'hui, et nous appelons tout le monde, pouvoir, classe politique, société civile, citoyennes et citoyens, à assumer pleinement sa responsabilité historique et morale». La transition n'est pas l'affaire d'un parti ou d'un groupe, c'est une œuvre à construire sur le long cours avec l'ensemble de la société algérienne et les acteurs politiques. C'est là le sens de l'appel pour une refondation d'un consensus national qu'adopte le FFS, car rien ne peut, dit-il, se faire sans négociation et sans que tous les Algériens adhèrent à un projet fédérateur. Mais quel modèle de transition démocratique adopter pour l'Algérie ? Aucun, disent les intervenants. Puisque chaque pays a ses propres spécificités, on ne peut calquer un type de transition, mais on pourrait toutefois s'en inspirer. Abordant les expériences de transition dans le monde, notamment l'exemple du Chili, de l'Espagne, de la Birmanie, de l'Afrique du Sud et de la Tunisie en situation de transition en construction, Mohand Amokrane Cherifi, membre de l'instance présidentielle du FFS, souligne que toutes ces expériences montrent que «les régimes autoritaires présentaient des spécificités nationales mais tous d'une manière ou d'une autre vont négocier leur sortie à un moment où le statu quo s'avère intenable compte tenu du contexte local». M. Cherifi estime que «les transitions démocratiques ont été des processus à long terme en raison d'une ouverture graduelle du système politique et une maîtrise politique finale de l'armée». Mme Michelle Bachelet, présidente du Chili, a confié à M. Cherifi que «chaque pays est unique et doit être capable de faire son auto-analyse afin de se proposer à lui-même un nouveau contrat social et politique. Au niveau de la transition vers la démocratie, il n'y a de pire que de calquer des modèles importés», lui dit-elle, notant que plus la participation de l'ensemble de la communauté est importante plus les institutions qu'on construit sont fortes. «Pour que l'unité des forces démocratiques soit effective au Chili, ce sont des milliers de réunions et de séances de travail qui ont eu lieu et non pas quelques-unes», note Cherifi. Le député du FFS, Mostefa Bouchachi, a pour sa part évoqué les expériences des justices transitionnelles. Maître Bouchachi estime qu'une justice transitionnelle est nécessaire pour panser les plaies causées par la dictature ou la guerre civile et qu'une justice pénale est loin de répondre à ce besoin puisqu'elle demeure le fait des tenants du pouvoir. «Comment peut-on espérer l'application de la justice par des juges et magistrats qui ont officié sous la dictature. Peut-on imaginer un jour des commanditaires de crimes avec de hauts grades se présenter devant un juge désigné par le pouvoir ? Devant une justice transitionnelle, c'est possible. C'est la seule garantie pour éviter la division de la société et éteindre l'esprit de vengeance», précise Me Bouchachi qui regrette que le pouvoir en Algérie soit un mauvais élève qui ne veut pas retenir les leçons, et que les élites cèdent à la fatalité et aux attraits du confort social.