Sous le titre «Débats de l'espoir», les travaux de la convention nationale du Front des forces socialistes (FFS) ont contenu une table ronde sur l'éthique et les stratégies politiques. Le président de la Ligue de défense des droits de l'homme Mostefa Bouchachi, l'universitaire et docteur en droit Ammar Belhimer et le représentant du FFS à l'étranger Samir Bouakouir ont, tour à tour, tenté d'expliquer les enjeux et les risques qui entourent le prochain rendez-vous électoral, à savoir les législatives.Samir Bouakouir a souligné dans son intervention l'existence d'une grave crise d'éthique en Algérie en sus de la crise politique. Il estime que le FFS est porteur de ces valeurs qui plaident pour la réhabilitation du politique comme mode de lutte pour les droits et pour la citoyenneté. Il a noté que son parti a toujours été considéré comme «la principale force stabilisatrice du pays». Un rôle, dit-il, qui explique tout ce temps de réflexion autour de la décision de participation ou de boycott des prochaines législatives. Les choses ne sont pas simples pour le FFS, note le conférencier, en précisant que dans le contexte actuel, on ne peut pas ne pas voir l'existence d'un plan de dislocation de la nation. «Notre décision doit tenir compte de cet élément. Les forces internes ‘déstructurantes' existent et sont actives, et les forces externes aussi», dit-il. Ceci et d'accuser ceux qui parlent de négociation du FFS avec le pouvoir autour des législatives de «faire dans la plaisanterie». «Ce n'est pas à 86 ans que Aït Ahmed va négocier avec ce pouvoir», note-t-il. Ammar Belhimer enchaîne pour parler de la société civile qui a subi une véritable opération de paralysie et un champ politique miné car il repose sur une construction autoritaire. «Dans ce cas de figure, le FFS n'est plus dans l'opposition mais dans l'alternative. Nous sommes devant le dilemme d'un statu quo qui entraînera une mort lente du système ou une tentative de transformation tsunamique qui peut tout emporter sur son passage. Et ne pas participer aux élections serait participer au cataclysme radical. Les batailles qu'on perd sont celles qu'on ne mène pas.» Maître Bouchachi, qui a disséqué les lois de la réforme présentée par le pouvoir, a souligné le caractère méprisant et régressif de ces lois qui n'ont tenu compte d'aucune aspiration pour l'ouverture et la démocratie. Tout en soulignant l'absence de neutralité des commissions de supervision et de contrôle des élections, qui sont des instruments aux mains de l'administration, M. Bouchachi a aussi dénoncé la démission de l'élite (avocats, magistrats, partis politiques, intellectuels) qui manifeste une résignation face aux abus de pouvoir et aux transgressions des lois : «Quand un magistrat pense plus à son parcours professionnel qu'à faire respecter la loi, quelles pourront être les garanties d'une élection transparente ?» Ceci et de dire sur le même ton que les précédents intervenants : «Le contexte actuel nous impose de ne pas nous en tenir aux seuls intérêts d'un parti, d'une ligue ou de toute autre organisation. Il s'agit de sauver le pays. Le pouvoir a réussi à casser en nous la conscience et l'esprit de lutte pacifique. Je peux comprendre le jeune qui dit ‘je n'ai pas à voter, qu'est-ce que j'ai à gagner', mais je lui dirais que suivre le pouvoir dans ses macabres desseins et les schémas de désespoir qu'il veut imposer mènera à un pourrissement beaucoup plus grave.» Me Bouchachi estime qu'il faut déjouer l'équation dans laquelle le pouvoir veut enfermer les Algériens et qui est celle de la confrontation entre la rue et le système. «Cette équation mènera à la violence et la violence ne garantit pas un changement démocratique réel. La mission d'un parti politique est de promouvoir une solution politique et pacifique dans l'intérêt du pays.»