L'opposition pousse et le pouvoir résiste. Ce dernier ne veut rien céder face aux multiples exigences d'une multitude de partis de l'opposition qui réclament encore, à la veille de l'élection présidentielle, des garanties pour un scrutin libre et transparent. En effet, au lendemain de la rencontre des cinq représentants de l'opposition qui ont réitéré leurs revendications, le ministre de l'Intérieur, Tayeb Belaïz, réagit. Il affirme encore une fois que c'est l'administration qui organisera la prochaine élection, conformément à la loi. «La loi organique portant régime électoral est claire. Elle confère, plus précisément en son article 160, cette mission à l'administration. Nous avons déjà donné notre réponse à cette revendication. La Commission nationale de supervision des élections (CNSEL) et la Commission nationale de surveillance sont les deux instances chargées de fournir les garanties, à travers les prérogatives qui leur sont conférées et leur action, à partir de la révision des listes électorales jusqu'à l'annonce des résultats de l'élection», a-t-il déclaré en marge d'une séance du Conseil de la nation consacrée aux questions orales. Le ministre de l'Intérieur renouvelle, par la même occasion, ses promesses que «l'élection présidentielle du 17 avril se déroulera dans les meilleures conditions». Son engagement suffira-t-il pour convaincre l'opposition ? Certainement pas. Car cette coalition des formations politiques de différentes tendances envisage déjà d'entreprendre des actions de terrain pour tenter de forcer le pouvoir à revoir sa copie, à moins de trois mois du rendez-vous décisif. L'idée a été discutée avant-hier au siège du RCD par les chefs de parti et des candidats déclarés à la prochaine présidentielle. Ces derniers n'ont pas encore révélé la nature de ces «actions politiques». Ils veulent d'abord élargir le débat à d'autres partis et responsables politiques regroupés dans le cadre du «groupe des 20» afin d'enrichir cette idée avant de l'annoncer publiquement. «Il faut du concret», lâche un responsable d'un des partis ayant pris part à cette rencontre. Pour les participants, en l'occurrence les présidents du RCD Mohcine Belabbas, du MSP Abderrazak Makri, d'Ennahda,Mohamed Dhouibi, de Jil Jadid Soufiane Djilali, de Fadjr El Djadid Tahar Benbaïbeche et du candidat indépendant à la présidentielle de 2014, Ahmed Benbitour, il n'est plus question d'accepter le fait accompli du pouvoir. Selon eux, de nouvelles rencontres auront lieu «très prochainement» avec la participation d'autres responsables politiques pour définir la nature de ces actions à mener et décider du moment de leur mise en œuvre. «Le choix de tenir cette réunion à cinq a été fait pour avancer dans le débat. Lors des prochains rendez-vous, il y aura d'autres partis», avait précisé Soufiane Djilali, candidat, lui aussi, à la prochaine élection. L'essentiel, pour les participants, est d'obtenir des garanties pour l'organisation d'une élection transparente et honnête, la mise en place des bases démocratiques pour un changement pacifique en Algérie. Réussiront-ils à infléchir la position du pouvoir ? Sont-ils suffisamment homogènes pour constituer un véritable rapport de force qui leur permettra d'arracher leurs revendications ? Wait and see. En tout cas, les animateurs de ce mouvement se disent déterminés à poursuivre leur lutte, même après l'installation de la Commission nationale de préparation de l'élection présidentielle.