L'école, qui fut, en d'autres temps, le temple sacré du savoir et de l'éducation, est devenue le lieu de tous les dangers, en l'absence de travail de fond et de réflexion pour la réhabiliter. Une violence inouïe, sans précédent, a gagné les écoles, et la relation enseignant-élève est vécue, actuellement, comme un rapport de force. Nous assistons à une perte sèche des valeurs morales. C'est suite à ce constat plus qu'alarmant d'une situation quasiment incontrôlable, que l'association des psychologues de la wilaya de Constantine, chapeautée par son responsable, Aziz Kabouche, a initié, hier, à la salle de conférences Rezik Kacem, du CHU Dr Benbadis, un débat essentiellement axé sur le «phénomène de la violence dans les écoles, et la relation enseignant-élève». Selon l'un des intervenants, Dr Hakim Rahmouni, enseignant en psychologie, «l'enfant doit être protégé de toutes les formes de violence dès l'état fœtal, et ce, à travers une prise en charge psychologique de la mère, car de l'état de celle-ci dépend totalement l'équilibre de l'enfant». Il a dénoncé l'attitude «indigne» de certains enseignants, ayant largement concouru, dit-il, à générer cette agressivité chez l'élève, par la discrimination, les brimades, les humiliations, les écarts de langage, touchant à l'intégrité morale de celui-ci, et pis encore, par des châtiments corporels, parfois d'une rare violence. Et de citer plusieurs cas d'enfants ayant subi des traumatismes physiques et psychologiques indélébiles, dont les auteurs n'ont pas été inquiétés, ou encore des cas d'enseignants agressés par leurs élèves, car forcément, «la violence appelle la violence». Ces enseignants «pugilistes», en proie à leurs propres difficultés psychologiques, se défoulent sur des élèves, qu'ils choisissent toujours parmi les plus vulnérables, a-t-il été relevé parmi l'assistance. «C'est un véritable cercle vicieux qui s'installe, quand les parents, soumis à des menaces tacites de représailles sur leur enfant, capitulent et abandonnent toutes poursuites à l'encontre de l'enseignant violent», souligne encore Dr Hakim Rahmouni. Pour sa part, le pédagogue Saïd Chibane, enseignant paramédical en retraite, évoquera «la déperdition des valeurs morales qui étaient jadis ancrées dans les mœurs de notre société». Selon lui, «la démission des parents, l'absence de communication avec leurs enfants, leur désintérêt, l'éclatement de la cellule familiale, la course effrénée derrière les biens matériels… tout cela a livré l'enfant à lui-même, sans repères ni référents». Il a dénoncé la violence extrême qui sévit, depuis quelques années déjà, au niveau de certaines unités de voisinage de Ali Mendjeli, à cause justement de ce «placement anarchique des populations, dans une promiscuité anormale, sans étude sérieuse préalable». Tous les intervenants ont déploré la disparition de l'éducation physique des écoles et plein d'autres activités ludiques, qui « permettaient, avant, à l'élève, de dépenser son trop-plein d'énergie, lequel pourrait être canalisé pour devenir une vraie source de créativité ». Pour beaucoup d'intervenants, ce chaos a été encouragé par la non-application des lois, à des fins démagogiques, pour «acheter la paix sociale».