Plus de 150 t de cuivre et 482 m de câbles électriques ont été saisis par les services de la gendarmerie nationale dans le cadre du démantèlement d'un vaste réseau de dégradation des installations électriques et téléphoniques. Cette opération a également permis l'arrestation de 21 personnes, dont 16 placées sous mandat de dépôt et 5 en liberté provisoire. Ces dernières faisaient la collecte de ces produits dans les wilayas d'Alger, Blida et Tipaza avant de les acheminer vers trois entrepôts, situés à Beni Tamou, Oued El Alleug et Fouka, d'où ils sont revendus à certains barons de l'exportation des déchets ferreux et non ferreux. Dans ces entrepôts, plus d'une centaine de tonnes de câbles électriques et téléphoniques saisis se sont avérées être la propriété des services de Sonelgaz et d'Algérie Télécom, dont les responsables les ont reconnus sur les lieux. Une partie de ces équipements étaient encore neufs, ce qui laisse croire qu'ils ont été volés des propres entrepôts de Sonelgaz et d'Algérie Télécom. Lors d'une conférence de presse animée hier, les gendarmes ont affirmé que l'enquête se poursuit toujours et pourrait connaître d'autres développements dans les jours qui viennent. Selon le chef d'état-major du groupement d'Alger, le lieutenant-colonel Athmani, ces résultats ont pu être réalisés grâce à un nouveau dispositif d'alerte installé par le commandement de la gendarmerie. « Le système de veille mis en place par nos brigades a permis le 16 mai dernier l'interpellation à Staouéli de deux personnes transportant 87 kg de cuivre. Le 19 mai, un container bourré de 20 t de cuivre a été saisi dans un entrepôt sous douane situé à Bordj El Kiffan, plus précisément à Verte-Rive, appartenant à un ressortissant palestinien, de nationalité italienne... » Toute la procédure de dédouanement avait été effectuée et le container qui n'attendait que la mise sous scellés des services des douanes était sur le point d'être exporté au profit d'une société italienne dénommée SAIPEM. « Une fois les documents contrôlés et expertisés, il s'est avéré que ces derniers étaient tous faux ou scannés. La société italienne citée n'avait même pas connaissance de cette transaction. La marchandise déclarée comme étant achetée à Hassi Messaoud et à Ouargla à la suite d'un désistement auprès d'un huissier de justice n'avait aucune origine légale. Ce qui veut dire qu'elle a été volée... » Le 20 mai, les services de la gendarmerie ont arrêté cinq autres personnes transportant 100 kg de cuivre, à un barrage routier dressé sur le pont Carnot-Idrissi à Bouzaréah, alors que le lendemain, les mêmes services ont saisi 427 m de câbles électriques. Le 1er juin et le 4 juin, les gendarmes ont intercepté deux chargements de cuivre, l'un de 6 kg à Aïn Benian et l'autre d'un poids de 338 kg. Toutes les personnes arrêtées jusque-là devaient acheminer leurs produits vers trois entrepôts situés à Fouka, Beni Tamou et Oued El Alleug, appartenant à un citoyen détenteur d'un registre du commerce lui permettant d'activer dans l'import-export de la quincaillerie. « Il s'agit là uniquement de couverture pour pouvoir acheter toute la ferraille et le cuivre volés auparavant puis de les vendre par la suite à des exportateurs de déchets ferreux et non ferreux, qui se chargent de les exporter dans la majorité des cas, avec des documents contrefaits ou carrément basés sur le faux », a expliqué l'officier de la gendarmerie nationale. Ce réseau n'est pas le premier (et ne sera pas le dernier) à être démantelé par les services de sécurité. La plus importante opération a eu lieu il y a quelques mois seulement, lorsque les gendarmes avaient saisi 120 t de câbles électriques, téléphoniques, de pièces de centraux téléphoniques volés, mais aussi de la tuyauterie et de la robinetterie volées des biens immobiliers, qui étaient sur le point d'être exportées en tant que déchets ferreux et non ferreux vers la Tunisie et la France. Une première partie, d'un poids de 3123 t avait déjà été exportée. L'organisation, composée de 25 personnes, agissait à travers les wilayas de Blida, Boumerdès, Tipaza, Alger, Annaba et Oran. Parmi les personnes mises en cause, des Palestiniens et des Libanais. Comme pour la majorité des affaires traitées, le premier point de chute de cette marchandise volée est Fouka ou Chaïba, avant d'être triée puis transférée vers les entrepôts des sociétés privées. Les services de sécurité reconnaissent la difficulté à mettre un terme aux opérations de dégradation des installations électriques et téléphoniques, du fait de l'importance du gain que génère ce trafic, mais aussi la facilité avec laquelle les produits volés sont exportés. Le contrôle a posteriori censé être obligatoire depuis 2001 au niveau des services des douanes et l'application rigoureuse des dispositions de la loi sur le contrôle des changes et les mouvements de capitaux par la Banque d'Algérie semblent défaillants, pour ne pas dire inexistants devant ce fléau qui gangrène l'économie nationale. En plus de la dégradation des installations publiques, les pseudo-exportateurs, parfois avec la complicité de certains agents douaniers, continuent à frauder sur la nature, l'espèce et le poids de la marchandise volée pour ne déclarer qu'une infime partie des montants de la transaction et récupérer la différence de l'autre côté de la frontière, sans aucun rapatriement, violant ainsi la loi sur le contrôle des changes, sous le regard passif des responsables de la Banque d'Algérie.