Depuis sa création en 2003, cette manifestation non compétitive n'a de cesse de donner en Algérie une impulsion au cinéma. Au fil des années et du travail accompli, les Rencontres cinématographiques de Béjaïa sont devenues un rendez-vous incontournable dans le paysage culturel de la wilaya de Béjaïa et de toute l'Algérie. Depuis 2003, ce rendez-vous est inscrit dans l'agenda du public béjaoui et algérien, et depuis cette année, le nombre de celui-ci ne cesse d'augmenter jusqu'à faire salle comble pour certaines séances. Des centaines de films sont projetés, dont certains pour la première et dernière fois en Algérie. Plus de 250 réalisatrices et réalisateurs ont vu leurs films projetés lors de ces rencontres depuis leur début. Plus de 30 jeunes ont suivi une formation sur l'écriture de scénarios de courts métrages encadrés par des professionnels de l'écriture scénaristique. Cette dynamique s'est révélée très souvent porteuse, puisque des projets ont vu le jour à Béjaïa pendant ces rencontres, des producteurs ayant trouvé des réalisateurs et vice-versa, des acteurs ayant été repérés… Les Rencontres cinématographiques de Béjaïa sont aussi le point culminant d'un travail qui se fait au quotidien lors des différentes activités de l'association, un ciné-club se tient depuis 2003 de façon régulière, une nuit consacrée aux courts métrages se fait chaque année depuis 2004, sans oublier le côté pédagogique à travers les ateliers de formation destinés aux jeunes désireux d'apprendre les rudiments de cet art, comme par exemple l'atelier «Côté court» d'écriture de scénarios, de courts métrages dont la dernière cuvée a vu 11 jeunes participer à une formation de trois sessions (la dernière a eu lieu du 11 au 18 janvier 2014) sur l'écriture de scénario ponctuée d'une rencontre avec un panel de producteurs algériens et une expérience formidable d'échange et d'enrichissement mutuel entre les deux parties. Il est important aussi de rappeler que cette manifestation comme les autres activités de l'association sont portées par un groupe de jeunes conscients de l'importance d'organiser ces événements et de l'importance du maintien de cette dynamique de plus en plus porteuse. Aujourd'hui, cette dynamique risque de s'arrêter et les activités de l'association Project'heurts, à commencer par les rencontres cinématographiques de Béjaïa, de disparaître. La raison de ce risque qui pèse de manière très lourde sur l'association est à chercher du côté de l'absence du soutien financier de la part du ministère de la Culture. Ainsi, et pour mettre tout le monde à la page et surtout toutes les personnes qui ne cessent de nous soutenir, le ministère de la Culture n'a rien donné aux 11es Rencontres cinématographiques de Béjaïa (2013) après avoir réservé l'humiliante somme de 300 000,00 DA à cette manifestation pour l'exercice 2012… Aujourd'hui, l'occasion est «belle» pour ouvrir le débat sur le financement des activités et manifestations culturelles et de la création artistique en Algérie. L'exemple des Rencontres cinématographiques de Béjaïa est peut-être celui qui est le plus visible en ce moment grâce à la vague de soutien de la part des acteurs du cinéma, mais aussi d'un large public, mais ce qu'il faut retenir, c'est que beaucoup d'associations et de collectifs sont dans le même cas que l'association Project'heurts. Certaines de ces associations continuent à travailler dans la difficulté et la menace permanente de voir leurs activités cesser faute de financements et d'aides en tout genre. D'autres ont simplement périclité très vite à cause de l'indifférence et de l'ignorance qui les frappent de la part des responsables de la culture censés promouvoir la culture dans la différence et la diversité. Il est de même pour la création artistique dont les aides et les subventions doivent être faites dans la transparence et suivant des règles de jeu claires et transparentes. Devant cet état de fait, l'association Project'heurts se pose et pose publiquement la question de savoir pourquoi le ministère de la Culture ignore les Rencontres cinématographiques de Béjaïa en réduisant les aides jusqu'à ne plus rien donner, et appelle l'ensemble des acteurs de la scène culturelle et artistique à une réaction qui va ouvrir le débat sur la politique culturelle en Algérie.