L'association Project' heurts lance un cri d'alarme à travers une lettre ouverte parvenue à la rédaction, soulignant la situation fragilisée d'un des plus intéressant rendez-vous du cinéma organisé dans notre pays, en l'occurrence les Rencontres cinématographiques de Béjaïa qui sont menacées. Ainsi, il est mis en exergue dans la lettre qu'«aujourd'hui, cette dynamique risque de s'arrêter et les activités de l'association Project'heurts, à commencer par les Rencontres cinématographiques de Béjaïa, de disparaître. La raison de ce risque qui pèse de manière très lourde sur l'association est à chercher du côté de l'absence du soutien financier de la part du ministère de la Culture». L'association précise que le ministère de la Culture n'a rien donné aux 11es Rencontres cinématographiques de Béjaïa (2013), soit zéro centime, après avoir accordé l'humiliante somme de 300 000 dinars à cette manifestation pour l'exercice 2012. Le président de l'association, Abdenour Hochiche, précise que «l'indignation de l'association porte sur 2013, puisque 2014 vient à peine de commencer et que nous n'avons rien demandé encore», annonçant que le dossier de soutien financier pour les 12es Rencontres va être incessamment déposé au niveau de la direction de la culture de la wilaya de Béjaïa comme l'exige la loi. A propos de l'opacité concernant le refus de financement, M. Hochiche, interpelle toutes les instances concernées pour dire qu'«aujourd'hui l'occasion est belle pour ouvrir le débat sur le financement des activités et manifestations culturelles et de la création artistique en Algérie». Il précisera à ce propos que «certaines associations continuent à travailler dans la difficulté et la menace permanente de voir leurs activités cesser faute de financement et d'aides en tout genre. D'autres ont simplement périclité très vite à cause de l'indifférence et de l'ignorance qui les frappe de la part des responsables de la culture censés promouvoir la culture dans la différence et la diversité». Il en est de même pour la création artistique dont les aides et les subventions doivent être faites dans la transparence et suivant des règles claires et transparentes. Devant cet état de fait, Project'heurts se pose et pose publiquement la question de savoir pourquoi le ministère de la Culture ignore les Rencontres cinématographiques de Béjaïa en réduisant les aides jusqu'à ne plus rien donner, et appelle l'ensemble des acteurs de la scène culturelle à une réaction qui va ouvrir le débat sur la politique culturelle en Algérie. Il est à souligner que suite à la menace qui pèse sur les Rencontres, une mobilisation a été initiée par des professionnels passionnés de cinéma sur les réseaux sociaux avec une page intitulée «Soutien aux rencontres cinématographiques de Béjaïa» qui, en moins de 48 h, a fait le buz, avec près de trois mille membres, dont des cinéastes algériens et étrangers, des comédiens, des associations de divers horizons, des professionnels du cinéma, des journalistes ainsi qu'un grand nombre de cinéphiles qui ont spontanément adhéré à cette mobilisation démontrant que les Rencontres cinématographiques de Béjaïa ont un public et que le ministère de la Culture ne peut plus continuer à pratiquer la politique de l'autruche et faire la sourde oreille face à ce cri d'alarme. Le président de l'association Project'heurts confie à propos de cette mobilisation que «les Rencontres cinématographiques de Béjaïa vivent un moment des plus paradoxaux, d'un côté cette crainte qui pèse sur leur avenir, d'autre part la joie immense d'être soutenues par des milliers de personnes de tout bord». «Cette dynamique s'est révélée très souvent porteuse, puisque des projets ont vu le jour à Béjaïa pendant ces Rencontres, des producteurs ayant trouvé des réalisateurs et vice versa, des acteurs ayant été repérés.» Il est important de rappeler que cette manifestation comme les autres activités de l'association sont portées par un groupe de jeunes bénévoles conscients de l'importance d'organiser ces événements et de l'importance du maintien de ces rencontres. Au final, aujourd'hui, il devient plus que vital de poser la problématique du financement des associations. L'appel est lancé pour que la mobilisation se poursuive et que la meilleure manière de soutenir l'association est d'être présents aux différentes activités qu'elle organise tout au long de l'année, dont le ciné-club bimensuel qui se déroule le samedi à la cinémathèque de Béjaïa, alors, pour tous les cinéphiles et les amoureux du cinéma, la prochaine séance est le 1er février prochain à 14h, soyez nombreux afin que cette projection ne soit pas la dernière séance, mais le début d'une nouvelle ère cinématographique passionnée et passionnante. S. B.