Le Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD) s'intéresse à la question centrale de l'accès à l'emploi et à l'exercice de la responsabilité des femmes diplômées résidant dans les pays du Maghreb. La 74e édition des Cahiers du CREAD est entièrement consacrée à cette problématique à travers une compilation de contributions recueillies par le sociologue Mohamed Benguerna à la faveur d'une rencontre organisée pour le compte de l'Agence Universitaire Francophone (AUF) à Nabeul (Tunisie). Les constats développés tour à tour par les sociologues Karima Bouzguenda et Anissa Benhassine pour ce qui concerne la Tunisie, Zohra Lhiou, Khadidja Allia, Kamel Mellakh et Grazia Scarfo Ghellab pour le Maroc et la psycho-sociologue algérienne Doria Cherifati Mérabtine constituent autant d'instantanés sur le vécu des femmes diplômées dans les pays du Maghreb qui forment des cohortes de plus en plus nombreuses de diplômées de l'enseignement supérieur, qui se heurteront malheureusement très vite à l'écueil restrictif du marché du travail et à la difficulté d'accès aux postes de responsabilité que la société prédestine en priorité aux hommes. Simple survivance d'un récent passé patriarcal que le développement économique et culturel des pays du Maghreb se chargera d'élaguer ou tendance lourde portée par des intérêts économiques et sociaux qui risquent de l'inscrire dans la durée ? Les sociologues concernés se rejoignent pour dire que la situation peu enviable dans laquelle se trouvent les femmes diplômées du Maghreb résultent de ces causes à la fois. Une vérité que corrobore le Bureau International du Travail qui observe dans son rapport global de l'année 2003, que " l'avancée des femmes aux postes supérieurs est freiné par leur exclusion des réseaux officiels ou non et que leur participation à la prise de décision s'avère être l'un des domaines les plus résistants à l'égalité hommes et femmes. " Un constat que le BIT ne réserve toutefois pas aux seuls pays du Maghreb, des situations comparables étant encore observées dans de fort nombreux pays développés. Les lecteurs et notamment les universitaires qui s'intéressent à la question du travail féminin et plus particulièrement, à celui des femmes diplômées, trouveront dans cette publication bien coordonnée par le maître de recherche Mohamed Benguerna, des contributions intellectuelles parfaitement ancrées aux réalités du Maghreb encore fortement plombées par les archaïsmes et les pesanteurs sociologiques. Les publications, notamment celle de la sociologue algérienne Doria Chérifati Mérabtine, auraient toutefois mieux gagné en réalisme si elles avaient adouci leurs constats quelque peu sévère, par les percées significatives des femmes dans des secteurs comme la santé où elles ont de plus en plus nombreuses à être médecins, professeurs et chefs de services dans l'enseignement supérieur où elles sont assistantes, maîtres assistante et maîtres de conférences, dans la Justice où elles sont avocates, procureurs et juges, dans le secteur économique où elles sont selon des statistiques du registre de commerce algérien, qui recense quelques 90.000 femmes chefs d'entreprises.