Dire à un malade que ses jours sont comptés c'est admettre l'impuissance de la médecine, ne pas dire c'est s'engager sur la voie de l'acharnement thérapeutique et des sentiers de mensonges. » Une des sentences d'un intervenant, le professeur Semaoune de l'hôpital central de l'Armée, à la salle de conférences de l'université Saâd Dahleb de Blida, qui n'a pas désempli durant la journée du 7 juin consacrée à la thématique : « Faut-il dire la vérité au malade ? » Une quinzaine d'interventions abordant les aspects juridique, psychologique et humaniste. Selon le docteur Oukali du CHU Frantz Fanon de Blida, l'humanisme médical est différent de l'humanisme juridique. Pour lui, la religion apporte une aide mais « il faut avoir une foi profonde pour pouvoir se surpasser ». Le professeur Saâri, du CAC de Blida apportera une distinction de taille : « Chaque patient possède ses spécificités entre l'ignorant, l'intellectuel, le lettré, le rural ainsi que l'âge, la religion et la culture. » Le docteur Francis Martin de Belgique a évoqué plutôt la nécessité de « dire la vérité au médecin », ce « plombier d'élite, depuis quelques générations, qui nous voit comme un paquet d'organes et semblant oublier que nous sommes des humains. » Il conclut par une citation de Kafka : « Il est difficile de dire la vérité, car la vérité est vivante et elle a un visage qui change avec la vie. » Le pédopsychiatre Amine Bendjelloun, venu du Maroc, pense que l'éthique pose problème, elle qui « procède d'une relation avec les autres, pour les autres, au sein d'institutions fortes », comme le dit Paul Ricœur et rapporté par l'intervenant qui assènera une vérité issue de la pratique quotidienne : « Etre vivant jusqu'à la mort », rappelant une expression du prix Nobel de littérature 1994, le Japonais Kenzaburo Ôé : « Ces maudits mots dits. ».