Nommé à la tête de l'Association des clubs professionnels (ACP) depuis quelques jours seulement, Abdelkrim Medouar tente à travers cet entretien, accordé à El Watan Week-end, d'expliquer la position des clubs et leurs attentes. -Vous êtes le nouveau coordinateur de l'Association des clubs professionnels de football. Pouvez-vous nous expliquer comment cette structure a vu le jour ? Lors de la dernière réunion tenue avec le président de la Fédération algérienne de football, on avait programmé de se rencontrer le 3 février afin de relancer cette structure. Celle-ci devrait être une véritable force de propositions aussi bien pour le ministère de la Jeunesse et des Sports ainsi que la Fédération algérienne de football. -Par le passé, il y eu des tentatives pour organiser les clubs, malheureusement elles n'ont pas abouti. Qu'est-ce qui vous fait croire que votre association va réussir sa mission aujourd'hui ? L'Association des clubs a toujours eu un effet positif par le passé, malheureusement elle a été étouffée d'une manière indirecte. Avec la création de la Ligue de football professionnel, le président de l'ACP ainsi que 70% de sa composante se sont retrouvés à la LFP. Malgré cela, on avait dit que du moment que la Ligue de football professionnel est l'émanation des clubs, il faut continuer à activer dans ce cadre afin de porter les problèmes des clubs à qui de droit. Mais au bout de quatre mois, j'ai dû démissionner, car j'avais le sentiment que l'objectif qu'on s'était fixé au départ ne pouvait être atteint. Les choses en sont restées là. Cette fois-ci, on a essayé, par la relance de notre association, de faire bouger les choses, surtout que c'est nous qui sommes sur le terrain et connaissons mieux les problèmes et les entraves qui se dressent devant les clubs au quotidien. -Avez-vous l'adhésion de tous les clubs des Ligues 1 et 2 ? Oui, absolument. On était treize équipes de la Ligue 1 en plus de deux clubs de la Ligue 2 invités à cette réunion. Je tiens à rappeler que notre association ne cherche que l'intérêt de l'ensemble des formations. C'est ce qui explique l'adhésion de tous nos clubs. -La situation est devenue critique, puisque tous les clubs sont aujourd'hui endettés. Pensez-vous que le professionnalisme en Algérie a échoué ? On ne peut pas parler d'échec, surtout que le professionnalisme n'est qu'à ses débuts. Mais ce qu'il faut relever, c'est que lors de sa création, les clubs n'ont pas été associés à ce projet. Et aujourd'hui, cela pose problème, car nous sommes des sociétés sportives et pas commerciales, et la loi qui régit actuellement les SSPA n'est pas faite pour nous. Nous n'avons aucune action commerciale, donc pas de recette. Toutefois, nous sommes traités au même titre que les sociétés nationales et privées qui gagnent de l'argent. Si on parvient à régler ce dilemme, je peux vous assurer que 70% des problèmes du football vont trouver leur solution. Car, tout autant que les initiateurs du projet du professionnalisme, nous voulons qu'il réussisse. -Il y a les dettes cumulées auprès des impôts et la sécurité sociale qui posent problème. Comment voyez-vous la solution à ce contentieux ? Il faut savoir qu'on s'acquittait des charges auprès des assurances du temps où on était des clubs amateurs. Seulement aujourd'hui, on est en train de parler des impôts, mais aussi de la CNAS et l'IRG, parallèlement, nous vivons toujours avec l'argent des sponsors et les subventions de l'Etat. Ce n'est que grâce à cet argent qu'on parvient à payer les joueurs. Aujourd'hui, toutes les sociétés sont en situation de faillite. C'est ce qui nous pousse à demander le changement de la réglementation, qui nous place aujourd'hui au même titre que des sociétés commerciales. -L'idée d'un syndicat suscite souvent la méfiance. Comment comptez-vous rassurer vos partenaires directs : la FAF et le MJS ? Je tiens à le répéter, encore une fois, nous voulons épauler le ministère de la Jeunesse et des Sports et la Fédération algérienne de football dans la concrétisation du projet de professionnalisme, surtout que beaucoup de moyens ont été injectés dans le football. -Dimanche, vous aurez une réunion importante qui regroupera les présidents de club, la FAF et le MJS. On présume que vous avez des propositions à faire. Peut-on en connaître quelques-unes ? A mon sens, il faudra constituer une commission ad hoc entre les trois parties et faire des propositions au ministre de la Jeunesse et des Sports, le docteur Mohamed Tahmi. La construction des centres de formation a trop tardé. La dernière fois, le ministre avait annoncé que Batimetal se chargeait de la construction de ces centres. L'autre problème qu'on doit aborder, c'est la spécificité de chaque région, à savoir donner une parcelle de terrain plus importante dans une région par rapport à une autre. Mais il est clair que c'est à travers la discussion à bâtons rompus que l'on pourra résoudre tous les problèmes. -Donc, vous estimez que la réunion de dimanche sera un pas important vers le déblocage de la situation… Oui, ce sera un pas important, mais ce ne sera sûrement pas la dernière réunion qu'on tiendra. Nous sommes à l'écoute, mais nous comptons aussi faire des propositions. Il y a des efforts qui ont été fournis et on le reconnaît. Nous respectons les lois et nous voulons permettre au MJS et à la FAF de même que les clubs d'aller de l'avant.