La menace de boycott du championnat a cédé la place à la concertation et au dialogue, puisque les responsables du ministère de la Jeunesse et des Sports et les délégués des clubs professionnels ont décidé de mettre en place une commission chargée du suivi de la mise en œuvre du professionnalisme dans le football algérien. Cette commission se réunira une fois par semaine. A cet effet, une réunion est prévue demain au siège du ministère. Ce dialogue a été instauré après la concrétisation des mesures contenues dans le projet de l'instauration du professionnalisme. Selon Abdelmadjid Djebbab, cadre au MJS, les clubs ont pu constater de visu, lors de la réunion MJS-clubs de mercredi dernier, «les efforts entrepris par le ministère dans le sens de la concrétisation des mesures contenues dans le projet sur le professionnalisme». Les 100 millions de dinars restent un crédit d'investissement M. Djebbab a tenu à apporter un démenti sur «la non-concrétisation» des mesures prises dans le cadre du professionnalisme. Il a précisé que le MJS prend en charge désormais les frais de déplacement des clubs algériens engagés dans les différentes compétitions continentales, de même que les déplacements à l'intérieur du pays. Le dossier de l'octroi des autobus en faveur des clubs a été signé par le ministre. Selon Djebbab, 10 sur les 32 clubs ayant satisfait au cahier des charges sur le professionnalisme ont eu l'accord pour bénéficier des autobus, alors que des assiettes de terrain ont été attribuées à 22 clubs. Il a reconnu que le problème persiste à Alger qui connaît un déficit en matière de foncier. S'agissant des 100 millions de dinars prévus comme crédit aux clubs, le responsable du ministère a tenu à préciser qu'il s'agit d'un crédit à l'investissement. Cet argent servira à l'aménagement d'un centre de formation et du siège du club. Il a rappelé que le MJS a tenu une réunion avec les six banques publiques, à travers lesquelles les 32 clubs de football professionnel ont été répartis. Djebbab a assuré que les dossiers ont été finalisés. En ce sens, il refuse que les clubs parlent de blocage. «Il n'y a pas de blocage, mais plutôt une incompréhension de la part des clubs. Le ministère n'a jamais fui ses responsabilités», affirme-t-il. Djebbab ajoute que «les clubs ont toujours été informés de la situation, soit depuis le 22 avril 2010, lors de la réunion du Conseil interministériel sur le professionnalisme. Mieux encore, le ministre Hachemi Djiar veille personnellement et sans faille quant au suivi de ce dossier». Selon ce responsable du MJS, les clubs doivent comprendre que le dossier du professionnalisme ne concerne pas uniquement le ministère de la Jeunesse et des Sports, mais plusieurs autres ministères. «Les clubs doivent savoir que la promulgation d'un décret ou d'un arrêté prend le temps qu'il faut et doivent ainsi se montrer patients». Kerbadj demande à intégrer les clubs au sein de l'ANDI Le président de l'Association des clubs professionnels (ACP), Mahfoud Kerbadj, a reconnu que des mesures ont été concrétisées dans le cadre de la mise en œuvre du professionnalisme, citant la signature d'une convention avec la compagnie Air-Algérie pour les déplacements des clubs. Il a aussi reconnu que l'encadrement des jeunes est pris en charge. Kerbadj a précisé que les clubs ne comptent pas utiliser les 100 milliards de dinars pour le budget de fonctionnement des clubs, mais pour l'investissement. Toutefois, il s'est plaint que des clubs perçoivent encore des subventions de la part des autorités locales dont ils dépendent territorialement, alors que d'autres clubs en sont privés. Le président de l'ACP a fait remarquer que les clubs de football, transformés en Sociétés sportives par actions (SSPA), risquent de déposer le bilan avant même d'avoir commencé. Il a expliqué que les SSPA sont considérées comme des entreprises, contraintes de payer les charges et autres impôts. Kerbadj a suggéré que les SSPA soient intégrées au sein de L'Agence nationale de développement de l'investissement (ANDI) de manière à permettre aux clubs d'être exonérés, pendant une période de cinq ans, du paiement des charges fiscales et parafiscales. Il a cité l'exemple de la Caisse nationale d'assurance sociale (CNAS), précisant que le payement de ces charges représente un autre budget pour les clubs, compte tenu des salaires faramineux que perçoivent les joueurs. Mecherara propose une réflexion sur le professionnalisme Dans ce conflit ou ce débat sur le professionnalisme, la FAF et la LNF ont brillé par leur absence. Cela s'explique par la non-implication de ces deux instances dans ce projet, décidé par le président de la République qui a chargé le ministère de la Jeunesse et des Sports, en tant qu'autorité du sport en Algérie, de piloter le professionnalisme dans le football algérien. En ce sens, le président de la LNF, Mohamed Mecherara, a affirmé qu'il n'a pas été convié aux réunions des présidents de clubs et même aux réunions initiées par le MJS. Mecherara a proposé de mener une large réflexion sur le professionnalisme en Algérie en impliquant des experts dans divers domaines. «Actuellement, on gère les problèmes du football au lieu de gérer le football», a constaté le président de la Ligue. Il a aussi suggéré de mettre en place un fonds de roulement en faveur des clubs, lesquels connaissent des problèmes financiers.