Des présidentielles qui nous auront au moins appris à compter jusqu'à quatre. Un : le premier fou rire de la campagne, celui de l'intervieweur du candidat Rabah Chérif qui nous avait déjà fait bien rire en 1989 avec son projet de mer intérieure et commerce de crevettes pour les Sahariens. Un-bis : la première candidature d'un écrivain (en panne de fiction ?) et la première candidature d'un Suisse, ancien ministre des Finances algérien. Un-ter : la première sortie de Mouloud Hamrouche, le sphinx de la politique vers qui se tournent de nombreux regards. N'a-t-il pas réalisé, de mémoire d'Algérien, les seules réformes de ce foutu système ? Fidèle à lui-même, il nous livre un travail d'orfèvre, les pessimistes y trouveront les raisons de leurs défiances et les autres celles de leurs espoirs. Deux : deux officiers supérieurs qui se portent enfin candidats : un général, Tahar Yala, et un colonel du renseignement Chaabane Boudemagh. Trêve d'hypocrisie ! Les militaires font les rois, pourquoi ne prendraient-ils pas le sacre ? Trois : trois candidats franco-algériens dont celui-ci qui s'est fait connaître en France en payant les PV des femmes qui s'entêtent à porter la burqa malgré la loi. Adepte de la désobéissance civile, il prétend au poste de Président dans un pays où le simple vol d'un oiseau est suspect. Trois-bis : trois anciens Premiers ministres qui promettent qu'ils feront ce qu'ils auraient déjà pu faire. Et quatre : un quatrième mandat pour un candidat qui ne dit mot de ses désirs. Un, deux, trois quatre. Zéro espoir. 52. 52 semaines, 52 vendredis, 52 chroniques. Un an de lecture de milliers de post virtuels sur facebook et 2500 signes pour les rapporter sur papier. Un an de rendez-vous avec vous. Une expérience passionnante qui m'a permis de rappeler à nos mémoires poètes, artistes, écrivains sans qui la politique n'a pas beaucoup de sens. La politique ne vaut que si elle fait surgir «une parcelle d'humanité» (Hannah Arendt). C'est à la lumière de cette pensée que l'on doit recompter les prétendants d'avril. Ils seraient 79 ? Nous serons nombreux à ne pas avoir de candidat, et comme nous sommes interdits de faire campagne au risque de devenir un ennemi de la nation, ça tombe bien et ça conforte notre passivité. Passivité ? Patience ? Justement. «Il est impératif que l'Etat préserve tous les droits et garantisse l'exercice de toutes les libertés.» Il faudra 5 ans pour y arriver nous dit Hamrouche, éventuel candidat. 5 ans pour sortir du régime actuel, c'est peu et long 5 ans. Pour moi ,c'est maintenant le temps de vous quitter. Merci aux lecteurs qui m'ont suivie. Merci aussi à l'équipe d'El Watan Week-end qui a rendu possible cette aventure.