Le caricaturiste Djamel Ghanem, qui encourt une peine de 18 mois de prison ferme et une amende de 30 000 DA pour un dessin jugé attentatoire au président de la République sans jamais avoir été publié, a été victime d'une agression de la part de quatre individus, cet après-midi à Oran, ville où il réside. Il souffre d'une fracture du genou et de plusieurs contusions. C'est ce que nous avons appris auprès de l'intéressé lui-même et de l'un de ses avocats, Me Abderrezak Fodil. Selon les témoignages que nous avons recueillis, un individu s'est présenté au café où travaille actuellement Djamel Ghanem et lui a demandé à lui parler dehors pour une affaire le concernant. Une fois dehors, trois personnes avec des capuchons sur la tête l'ont surpris dans son dos et l'ont roué de coups avant de prendre la fuite. «Ce sont des jeunes que je n'ai jamais vus auparavant, de vrais malabars», nous a confié Djamel au téléphone. En se présentant au commissariat de son quartier (le 16e, au Front de mer) pour déposer une plainte, Djamel Ghanem a eu la mauvaise surprise de voir son téléphone confisqué par les policiers et son dépôt de plainte rejeté. «Reviens dimanche», lui a-t-on dit. Les policiers ont même refusé qu'il rentre en contact avec ses avocats. «Tu n'es pas en Amérique !», lui a-t-on rétorqué. L'affaire de Djamel Ghanem, qui a commencé à prendre de l'ampleur sur le plan national, suscite également des réactions au niveau international. La dernière en date est celle de l'organisation Reporters Sans Frontières (RSF) qui a dénoncé, dans un communiqué rendu public mercredi, «l'acharnement du parquet» contre le caricaturiste et demandé l'abandon des charges d'outrage au président de la République retenues à son encontre.