Le dépôt des candidatures pour l'élection, le 22 mars prochain, des membres du conseil de l'Ordre des avocats d'Alger, commencera aujourd'hui et prendra fin le 6 mars 2014. C'est le dernier conseil, sur les 18 au niveau national, qui procédera au changement de ses instances. L'alternance tant espérée n'aura pas lieu. La majorité des nouveaux bâtonniers se succèdent à eux-mêmes pour la quatrième, voire la onzième fois… Jeudi dernier, et dans la discrétion la plus totale, une assemblée générale a regroupé quelque 500 avocats, sur près de 6000, afin de valider le bilan moral et financier du bureau sortant, avec moins de 10% des votants, puisque seulement une trentaine a pris part à l'opération de vote. Membre du bureau sortant, maître Chaïb se déclare scandalisé par les conditions dans lesquelles le bilan financier et moral a été présenté à l'assemblée générale. Le lendemain, à l'issue d'une réunion du bureau, la date du 22 mars prochain a été retenue pour la tenue de l'élection des 31 membres du conseil, sur une période étalée du 26 février au 6 mars, réservée au dépôt des candidatures. Pour la première fois, le renouvellement de cette instance se jouera en un seul tour, suivi de l'élection du bâtonnier parmi les 31 nouveaux membres. Ce scrutin est unique dans la mesure où il intervient à la faveur de la nouvelle loi organique portant organisation de la profession d'avocat, promulguée il y a quelques mois seulement. Celle-ci, faut-il le rappeler, est le résultat d'une longue et pénible bataille menée par les professionnels du droit, en général, et les avocats, en particulier. Parmi ces points forts, la limitation des mandats des bâtonniers pour mieux asseoir le principe d'alternance, depuis longtemps, foulée aux pieds. En effet, exception faite pour les nouveaux conseils (puisque nous sommes passés de 15 à 18) et les rares conseils où de nouveaux bâtonniers ont été élus, le cas de Tlemcen et de Tizi Ouzou, l'écrasante majorité des élus à la tête des conseils de l'Ordre ont consommé un minimum de quatre mandats successifs avant de briguer le dernier. Nous pouvons citer le cas des bâtonniers de Annaba et de Mostaganem, élus récemment, qui entament leur quatrième mandat, celui de Sétif, qui succède à lui-même pour la septième fois, ou encore celui de Constantine, élu pour la onzième fois, mais aussi le cas du bâtonnier d'Alger, qui se présente au scrutin pour un quatrième mandat, pour ne pas dire le cinquième, puisqu'il est revenu (après avoir fait plusieurs mandats) à la tête du bâtonnat d'Alger, en 2003, et pour y rester à ce jour, en dépit des forts mouvements de contestation auxquels il a fait face. Le bâtonnier d'Alger n'aura cependant pas les coudées franches pour préserver son poste, le 22 mars, en raison du dernier mode électoral prévu par le nouveau statut des avocats. Celui-ci préconise un seul tour avec une majorité absolue pour les membres du conseil et interdit aux stagiaires de prendre part à l'élection. Mieux, le bâtonnier sortant ne pourra plus compter sur les nombreux membres de son conseil (31) dont une bonne partie compte présenter sa candidature pour lui succéder. Le vent du changement espéré à la faveur de la nouvelle loi portant organisation de la profession d'avocat n'a malheureusement pas soufflé sur la corporation, qui devra attendre encore deux années, du fait que la loi qui a limité les mandats à deux, n'a pas d'effet rétroactif. Contacté, maître Lenouar, président de l'Union des barreaux d'Algérie (UBA), qui lui-même vient d'être élu pour la onzième fois, à la tête du barreau de Constantine, estime que le cumul des mandats «ne doit pas être mal vu». Selon lui, «c'est le résultat d'un bilan. Moi-même je ne voulais pas me présenter, mais j'ai fini par accepter en raison des sollicitations de mes confrères qui, à la longue, me font confiance, et me considèrent comme étant compétent pour présider le conseil. Cela doit être le cas de bon nombre d'autres bâtonniers qui succèdent à eux-mêmes».