Les services consulaires de l'ambassade de France à Alger semblent satisfaits du nouveau système de délivrance de visas de circulation, en application depuis la fin avril 2006. Entre le 1er mai et le 14 juin 2006, 49 000 rendez-vous ont été fixés, via le centre d'appel. Pour ce faire, il fallait composer le 15 79. Les personnes, à qui des rendez-vous ont été fixés, auront leur visa. C'est ce qu'a annoncé, lors d'un déjeuner-presse, Francis Heude, consul général de France à Alger. Selon lui, 12 000 appels ont été reçus pour demander des renseignements durant la même période. Paradoxalement, les durées d'appel pour les rendez-vous étaient plus longues que pour les demandes de renseignements. Pour rappel, le système téléphonique est géré par un opérateur privé. Le prix d'appel est fixé, hors taxe, à 10 DA. L'objectif principal de ce nouveau dispositif est, selon Francis Heude, d'éviter les files d'attente devant les consulats. « Les personnes qui sont sur le trottoir sont, généralement, des accompagnateurs de demandeurs de visas. Ils n'ont pas le droit d'accéder à l'enceinte des consulats », a-t-il précisé. En 2005, 150 000 visas ont été accordés aux Algériens sur un nombre de 250 000 dossiers. D'après Francis Heude, le consulat a décidé de déposer plainte dès qu'il constate que de faux documents figurent dans les dossiers déposés. Depuis début mars 2006, six cas de fraude ont été décelés. L'affaire de deux employés du consulat de France, impliqués, il y a quelques mois dans un trafic de visas, sera jugée le 21 juin au tribunal de Bir Mourad Raïs à Alger. Le consulat de France continuera, selon Francis Heude, à délivrer les VTL (visa territorial limité) même si le nombre tend à diminuer. Il a rappelé que ce type de documents (30 jours, une seule entrée) est « une dérogation » du système Schengen. Il est accordé pour trois raisons : exigence humanitaire, intérêt national et convention internationale. « Il fut un temps où le VTL était à la mode. Cela faisait chic dans les salons d'Alger. On pouvait obtenir le VTL en 48 heures, alors que pour le visa de circulation, on devait attendre », a constaté le consul. Il a précisé qu'il n'existe aucun quota pour ce genre de visas. « Pour les évacuations sanitaires, le VTL est accordé sans aucun problème », a-t-il promis. Les étudiants, qui souhaitent poursuivre leurs études en France, doivent subir un test de langue avant de demander le visa de séjour. Ces derniers mois, 50% seulement des étudiants ont réussi ces tests. Dans la logique des diplomates, les étudiants doivent bien apprendre la langue de Molière avant de prétendre au séjour en France. Forme incitative ? Possible. Francis Heude a rappelé que son pays a plaidé la cause de l'Algérie auprès de l'Union européenne (UE) pour supprimer la procédure de consultation imposée aux demandeurs algériens de visas à cause de la situation sécuritaire de l'Algérie des années 1990. A Paris, on attend la réponse de Bruxelles sur un problème perçu sous l'angle technique. Interrogé sur le nombre de demandeurs de nationalité française, Francis Heude a annoncé que 100 000 Algériens ont introduit des dossiers en 2005. Moins d'une centaine d'entre eux ont reçu une réponse favorable. Le nombre important s'explique, selon lui, par une incompréhension due à une jurisprudence du Conseil d'Etat qui a décidé que les consulats n'avaient pas compétence pour statuer sur les demandes de nationalité. « Les consulats réceptionnent les dossiers et les transfèrent à Paris pour étude et décision.Cela est parfois considéré par les demandeurs comme un O.K. Or, ce n'est pas le cas », a précisé le consul. Il a indiqué que le code de nationalité de son pays autorise « la réintégration », notamment pour ceux nés avant l'indépendance de l'Algérie, à condition de résider en France. « Avoir participé, aux côtés des forces françaises, à la Première ou à la Seconde Guerres mondiales n'a aucune conséquence sur l'obtention de la nationalité. Il ne suffit pas d'avoir une propriété en France pour accéder au certificat de nationalité », a-t-il indiqué. Le retour des Algériens, vivant en France, pour travailler et s'installer au pays, n'inquiète pas les diplomates français. Depuis 2000, et selon le Centre de recherche en économie appliquée (CREAD), 5000 émigrés rentrent au pays chaque année. « Ceux qui viennent en Algérie sont généralement des cadres qui ont fait le choix entre réussir sur le plan professionnel en France ou faire fortune en Algérie. Ils sont notre relais au sein de la communauté », a estimé le consul. Selon lui, sur les 40 000 Français inscrits aux consulats, 90% sont d'origine algérienne.