Les frais de dossier de visa seront portés à 60 euros à partir du premier octobre prochain. La politique de délivrance des visas n'obéit plus au système des quotas. C'est ce qu'a clairement assuré le consul général de France à Alger, M.Francis Heude. Lors d'une visite guidée des journalistes effectuée au niveau des services des visas, le consul général a déclaré qu'«il n'y a aucun quota fixé par Paris». L'octroi des visas, poursuit-il, se fait simplement sur la base de la crédibilité du dossier présenté, sans plus. Cette déclaration qui émane d'un haut représentant diplomatique traduit effectivement la volonté du gouvernement français de rectifier sa politique vis-à-vis de l'Algérie. Comme elle survient suite aux remarques émises par le gouvernement algérien. Le ministre des Affaires étrangères, M.Mohamed Bedjaoui, est revenu lors d'une rencontre euro- méditerranéenne, tenue récemment, pour dénoncer la politique restrictive adoptée par les pays de la rive nord en matière d'octroi de visas en faisant allusion directement à la France. «Sans une libre circulation des personnes, il ne peut pas y avoir de rapprochement entre les deux rives de la Méditerranée», a affirmé M.Bedjaoui. Il faut également rappeler, dans cet ordre que le chef de la diplomatie française, M.Douste-Blazy, avait été interpellé sur la question de la libre circulation des personnes. Le fait de supprimer les quotas montre que les choses commencent à bouger du côté de Paris qui a bien saisi le message d'Alger. Ce qui confirme cet état d'esprit, c'est que la sortie médiatique du consulat de France est la deuxième du genre en l'espace d'un mois seulement. Cette sortie vise certainement à réchauffer les relations entre les deux pays qui traversent depuis quelque temps une «zone de turbulences». Le coup de froid qu'a suscité la loi du 23 février glorifiant la colonisation a mis en panne le traité d'amitié. Paris qui tient beaucoup à conclure le traité d'amitié tente par tous les moyens de réhabiliter son image à travers la diversification de l'action diplomatique. La première instruction donnée était la révision du système de délivrance des visas. Depuis le 1er mai dernier, un centre d'appel a été introduit dans les services des visas pour accueillir les citoyens désirant se rendre sur le sol français. Les citoyens en ont fini avec le calvaire des files d'attente devant l'ambassade sous un soleil de plomb dans l'espoir de décrocher un titre de visa. «Nous sommes très contents de la nouvelle organisation car nous sommes enfin accueillis respectueusement», nous a confié un septuagénaire rencontré dans la salle d'attente. Rendez- vous fixé à la date et à l'heure précises, les postulants ne risquent plus de poireauter indéfiniment. Avec une dizaine de guichets dont cinq réservés aux entreprises, le traitement des demandes de visas se fait rapidement. La responsable chargée du service des visas, Mme Guillaume reconnaît, quant à elle, qu'avec la nouvelle organisation, le travail est plus souple. En effet, quelque 280 personnes sont quotidiennement reçues par les services. Depuis le début mai dernier, 72.000 appels téléphoniques ont été enregistrés sur le «15-73», destiné à fixer un rendez-vous aux citoyens dont les visas ont été accordés et pour des renseignements. Selon le consul général, quelque 400 titres de visa, sont délivrés par jour. Interrogé sur le nombre des visas octroyés depuis le début de l'année, le consul a fait savoir que le bilan n'a pas été encore établi. Quant aux dossiers rejetés, le taux est estimé à 45%. La raison principale à l'origine du rejet des dossiers, explique M.Heude, est le risque immigration. Même si aucun quota n'est fixé, il n'en demeure pas moins que les services consulaires restent très prudents sur la question de l'immigration. Avec l'adoption de la loi Sarkozy sur l'immigration clandestine, il ne faut pas du tout espérer une éventuelle souplesse sur les visas. D'ailleurs, les frais de visas seront revus à la hausse à partir du 1er octobre prochain. Estimés actuellement à 35 euros, les frais seront portés à 60 euros. Tout en parlant des visas, ce dernier n'a pas omis d'évoquer l'affaire de 180 visas falsifiés présentés sous des documents médicaux, qui est toujours en justice. «Nous aurons pu saisir nos instances, mais nous faisons confiance en la justice algérienne», a déclaré le consul. Ce phénomène inquiète sérieusement les services consulaires. Plus de 50 dossiers falsifiés ont été découverts durant ces derniers mois où sont impliqués même des Français. Pour ce qui concerne l'obligation de consultation des pays Schengen pour accorder un visa aux Algériens, le consul général de France a confirmé la demande faite par son pays auprès de ses partenaires pour lever cette contrainte qui fait toujours l'objet de négociations.