Les revenus de cette activité ancestrale sont insignifiants par rapport aux dépenses qu'elle génère. Les éleveurs dans la localité de Timizart (daïra de Ouaguenoun) sont dans une véritable détresse, à l'instar de ceux d'autres régions de la wilaya de Tizi Ouzou. «Présentement, les revenus de cette activité sont insignifiants par rapport aux dépenses qu'elle génère», clame un éleveur de bovins de cette commune, située à 30 km au nord de Tizi Ouzou. Aussi, dans le cas où pareille situation perdurerait, la conviction est que les différents éleveurs finiraient dans la faillite et l'abandon de cette pratique ancestrale, fait remarquer le même éleveur, père de famille. Les problèmes rencontrés, ajoute-t-il, sont liés à la flambée des prix de l'aliment du bétail, alors que ceux du lait cru et des viandes rouges n'ont pas connu d'augmentation. «Cela fait des mois que je n'ai pas remarqué de marge bénéficiaire dans mon activité quotidienne d'élevage, bien au contraire, je me retrouve fréquemment avec de fortes dettes vis-à-vis du vétérinaire et surtout de mon fournisseur d'aliments, avec lequel je fais une sorte de troc. Je lui vends du lait, il me livre, en contrepartie, de l'aliment. Mais aujourd'hui, je constate que mes vaches consomment plus qu'elles ne produisent, alors qu'elles sont de très bonne race laitière. La cause : le déséquilibre entre les prix du lait et des viandes rouges par rapport à ceux de l'aliment du bétail et des foins ; le lait cru est à 34 DA/le litre tandis que le quintal d'aliment est à 4000 DA et la botte de foin de piètre qualité à 700 DA. Avec un tel déséquilibre dans les prix, mes vaches devraient donner du miel à la place du lait pour pouvoir m'en sortir !», dit avec ironie un éleveur. Ceci en plus des changements climatiques qui font que les saisons ne s'identifient plus à leurs véritables climats. «L'élevage, principale activité dans la région, est en train de vivre une sensible crise. Des solutions doivent être apportées d'urgence», clament des éleveurs dans la détresse. La municipalité de Timizart est une commune à vocation agricole qui occupe une place importante dans la production laitière. Le président de l'association pour le développement de l'agriculture (ADA) de la commune a fait savoir que Timizart compte plus 600 nourrisseurs, autrement dit des éleveurs de bétail pour la boucherie, et 5400 vaches laitières qui produisent 40 000 litres de lait par jour. Pour rappel, c'est à Imaloussen, un des grands villages de l'élevage dans la commune de Timizart, qu'a eu lieu, l'année dernière, la première édition de la fête du lait. Ce grand pas dans le domaine organisationnel en matière d'élevage et de production de lait risque de finir aux oubliettes si les autorités compétentes tardent à prendre en charge les problèmes que rencontrent les éleveurs, producteurs de lait et nourrisseurs pour la production des viandes rouges. Dans ce contexte, l'association a tenu, le 8 février courant, une rencontre avec les éleveurs. Les participants ont élaboré un document dans lequel sont soulignés les points essentiels auxquels les pouvoirs publics doivent apporter des solutions. Des copies ont été soumises au ministère de l'Agriculture, à la wilaya de Tizi Ouzou, à la daïra de Ouaguenoun, aux services agricoles et à l'APC. Dans cette plateforme, les éleveurs demandent notamment d'élever le prix du litre de lait cru à 60 DA et la subvention de l'Etat à 30 DA. Le prix du litre de lait est actuellement de 34 DA seulement et la subvention de 12 DA. «La subvention des prix de semences, tels que l'avoine, orge, blé, trèfle et sorgho, celle des engrais et des aliments de bétails, et l'ouverture d'une subdivision agricole pour la commune de Timizart, relanceraient certainement l'activité des coopératives agricoles», soulignent les membres de l'ADA dans leur document. Les propriétaires d'unités de fabrication d'aliments de bétail sont également touchés par cette crise. «Nous sommes pénalisé, nous aussi, par cette situation du fait que les éleveurs n'arrivent pas à payer régulièrement les quotas d'aliments que nous leur fournissons. Ainsi, dans cette chaîne, si les importateurs d'aliment refusent de nous livrer le produit à crédit, nous serons obligés, de notre côté, d'arrêter la machine», explique, inquiet, un fabriquant d'aliment du bétail.