Ceux respectueux des lois de la République, se retrouvent coincés sans possibilité de jouir convenablement de leurs propriétés. Vingt-cinq ans après la promulgation du décret 88-232 du 5 novembre 1988 portant déclaration des zones d'expansion touristique, les 19 zones déclarées dans la wilaya de Jijel n'ont connu aucune forme d'avancement si ce n'est l'hypothétique viabilisation de la zone d'El Aouana, à l'ouest du chef-lieu de wilaya. En effet, il semble qu'une étude a été lancée sans qu'on sache jusqu'à l'heure son évolution, et ce, suite à la signature du décret exécutif 06-211 du 18 juin 2006 portant déclaration d'utilité publique, l'opération de viabilisation de la zone d'expansion touristique d'El Aouana, déclarée initialement sur une superficie de 167 hectares. La zone d'El Achouat, initialement couvrant une superficie de 705 hectares, située entre la mer et la RN43, délimitée à l'ouest par l'oued Djendjen et à l'Est par l'oued Nil, a changé de dénomination pour devenir désormais ZET de Bazoul, couvrant une superficie de 109 hectares seulement. La limite à l'Ouest de celle-ci, n'est plus l'oued Djendjen mais la localité de Bazoul qui connait une expansion importante. Entre celle-ci et l'oued Djendjen, se trouvent actuellement la centrale électrique d'El Achouat et le port de Djendjen. Au milieu de ces projections sans fin, l'annulation de 8 zones est proposée. Il s'agit du Casino (actuellement Kotama), de Adouane Ali, Beni Caïd et Ouled Bounar dans la commune de Jijel, et de Taza, Boublatene et El Oueldja dans la commune de Ziama Mansouriah ; à quoi s'ajoute Aftis dans la commune d'El Aouana. Ainsi, la superficie totale à déclasser, en comptant les 596 hectares perdus par la ZET d'El Achouat, atteint les 1 264 hectares, dont une grande partie a été rognée par le béton. Il s'agit d'un traitement purement administratif. Entre-temps, les propriétaires des parcelles, respectueux des lois de la République, se retrouvent coincés sans possibilité de jouir convenablement de leurs propriétés. Un véritable casse puisqu'ils ne peuvent ni bénéficier d'un permis de construire ni vendre comme le commun des citoyens. Ligotés par des textes réglementaires qui se fichent de l'élasticité du temps qu'il leur faut pour s'imposer sur le terrain, les propriétaires des terrains ne savent plus à quel saint se vouer. Entre-temps, d'autres ne s'embarrassent nullement de ces textes et érigent sans le moindre papier des bâtisses sur des terrains censés être protégés par la loi. Qui faut-il condamner ? Les pouvoirs publics, en délaissant les propriétaires durant de longues années, ont poussé certains à trouver leurs propres solutions pour ne pas demeurer éternellement entre les mâchoires d'une loi qui les oublie. La solution aurait du venir des pouvoirs publics, notamment de l'Agence nationale du développement touristique (Andt) qu'on n'a pas vu tellement roder du côté de Jijel, en dépit des discours prometteurs louant les atouts touristiques de la région. L'Andt n'aurait-elle pas pu acquérir ces terrains au prix juste auprès des propriétaires pour les protéger de l'invasion du béton? n'est-ce pas qu'on veut asseoir une infrastructure touristique dans la région? Des terrains acquis ne feront plus l'objet de marchandages et ne seraient octroyés qu'à de sérieux investisseurs dans le domaine. Si la situation demeure en l'état, d'ici une vingtaine d'années, la wilaya de Jijel continuera à se contenter d'énumérer la liste des zones d'expansion touristique sur le papier sans la moindre possibilité de les traduire sur le terrain un jour. Un changement de cap est plus que nécessaire aujourd'hui si l'on veut sauver quelques parcelles de terrain. Ailleurs, soit dit en passant, comme en Corse, ce genre de terrains sont acquis par les autorités pour protéger le littoral.