Les éleveurs sont venus depuis Timizart, avec 300 camionnettes à cuve de lait vides pour s'aligner devant la cité administrative. Comme convenu samedi dernier, les éleveurs relevant de différentes régions de la wilaya de Tizi Ouzou (Makouda, Draâ El Mizane, Aïn El Hammam, Timizart…), ont entamé hier leur grève de deux jours (lundi et mardi) en privant les laiteries de lait cru, tout en observant un sit-in devant le siège de la wilaya. Les éleveurs sont venus depuis Timizart, avec 300 camionnettes à cuve de lait vides pour s'aligner devant la cité administrative. La grève, soutenue par toutes les localités de la wilaya, a été initiée par l'association pour le développement de l'agriculture (ADA) de la commune de Timizart, une municipalité dont l'activité principale est l'élevage et la production de lait, dont les capacités en la matière dépassent les 40.000 litres de lait cru/jour. Durant le sit-in, les membres de l'ADA) ont lu une déclaration en expliquant à la nombreuse assistance les raisons de la grève. Pendant les deux journées de protestation, pas une goutte de lait ne sera collectée, ont-ils clamé. «Notre métier est en train de vivre une véritable crise. Comment voulez-vous que l'éleveur s'en sortira dans cette activité où les dépenses générées dépassent largement les revenus», s'est élevé un des membres de l'association en faisant remarquer le déséquilibre «flagrant» entre les prix de l'aliment du bétail que paie l'éleveur, avec notamment leur flambée sans précédent ces derniers temps, et ceux du lait et des viandes rouges qui continuent à se vendre à un tarif quasi symbolique. «Le prix d'un litre de lait est fixé à 34 DA avec une subvention de l'Etat de 12 DA tandis que le quintal d'aliment est de 4.000 DA, alors que la botte de foin, de piètre qualité et d'à peine 25 kg, coûte 700 DA», ajoute le même orateur. Ceci en plus d'autres frais que l'assurance ne rembourse jamais, comme ceux de l'insémination qui s'élèvent à 2.600 DA par tête pour chaque embryon fécondé et 1.500 DA pour les non fécondés. Lorsque le cheptel est touché par une maladie, chose qui arrive fréquemment, les vétérinaires exigent des sommes inabordables. L'assurance coûte pour chaque vache laitière 18.000 DA. Les éleveurs se sont demandés s'il existe vraiment un service de régulation des prix, se disant ne pas comprendre le fait que le nourrisseur (éleveur de veaux de boucherie) vend la viande rouge à 750 DA le kilo, pendant que le boucher la revende à 900 DA et plus au consommateur. Ceci en plus du profit qu'il tire des abats (têtes, pieds, foie, cœur…), cédés gracieusement par le nourrisseur, avant de les revendre, notamment le foie et le cœur, à pas moins de 1.600 DA le kilo pour le même consommateur. Même les prix du yaourt ont connu des augmentations, excepté le lait cru…, s'étonne un autre éleveur. Les grévistes demandent aux autorités la subvention des produits semence (blé, orge, sorgho, trèfle, ainsi que l'azote et les engrais), touchés par la pénurie ces derniers jours. La prise en charge des maladies infectieuses des cheptels a été revendiquée également. Répondant à l'appel à la grève initiée par l'ADA de Timizart, les éleveurs d'autres régions de la wilaya ont décidé eux aussi de s'organiser en association. Une éleveuse de la commune de Tizi Ouzou a attiré l'attention en signalant une expérience vécue: «Le cheptel qu'on est en train d'importer de l'étranger porte des maladies dangereuses. Mais aucun contrôle médical ne se fait à ce niveau», dira-t-elle avec étonnement. Aux termes du sit-in, le wali a invité des membres de l'ADA à une réunion avec le directeur des services agricoles (DSA). Des engagements ont été donnés quant à la prise en charge des problèmes locaux des éleveurs. Le wali s'est engagé à saisir le Premier ministre quant aux problèmes ayant trait à la flambée des prix des aliments de bétail à l'échelle nationale. A signaler par ailleurs que les éleveurs de la wilaya de Boumerdes ont tenu hier, eux aussi, un sit-in devant la DSA locale en signe de solidarité avec leurs homologues de Tizi Ouzou.