Des sections syndicales sont installées par des unions locales sans aucun fondement statutaire. Depuis 2006, date de la fin du mandat de l'union de wilaya de Constantine de l'UGTA, ce syndicat ne cesse de se débattre, à ce jour, dans une longue série de conflits, de luttes de clans et de complots de coulisses. Des syndicalistes, interrogés sur la situation qui prévaut actuellement au siège de la maison des syndicats de la rue Chitour Amar, sont unanimes à dire que la débandade qui y règne a atteint des seuils inadmissibles. «Nous avons atteint le stade du pourrissement avec une absence totale de vie syndicale et organique, pendant que toutes les instances de l'UGTA à Constantine activent toujours dans l'illégalité, et ce en violation du statut et du règlement intérieur du syndicat, tout cela avec la complicité du premier responsable de cette situation, qui n'est autre que le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd», déplore un membre de l'union de wilaya qui a requis l'anonymat. D'autres syndicalistes dénoncent le fait que des sections syndicales soient encore installées par des unions locales sans aucun fondement statutaire puisque toutes les instances sont considérées dissoutes en vertu de l'article 169 du règlement intérieur de l'UGTA. La dernière sortie marquée par l'élection d'un syndicat des artistes n'est pas passée sans susciter des réactions de la part de nombreux syndicalistes qui dénoncent une dérive flagrante. «Comment peut-on installer deux sections syndicales représentant une seule corporation, celle des artistes, par deux unions locales, lesquelles activaient dans l'illégalité puisqu'elles n'ont pas été renouvelées conformément au statut de l'UGTA», nous explique un membre de l'union de wilaya, sous le sceau de l'anonymat, qui ajoute qu'«en vertu de la loi 90/14 sur l'exercice du droit syndical, il devrait d'abord y avoir une assemblée constitutive qui élit un conseil, et ce dernier aura à élire un bureau de la section syndicale». Pour de nombreux syndicalistes, la responsabilité de cette débandade à l'UGTA de Constantine est imputée à Sidi-Saïd, qui a attribué des prérogatives d'un secrétaire général de wilaya élu à l'actuel président de la commission de préparation du congrès de wilaya de l'UGTA, selon une source fiable de l'union de wilaya de l'UGTA. «Pourtant, la mission du président de cette commission est bien définie par le statut et le règlement intérieur de l'UGTA. Il devrait préparer le congrès de wilaya et non pas prendre des initiatives pour installer des sections syndicales, ce qui est du ressort de l'union locale qui n'active plus dans la légalité», nous dit notre source. Pour rappel, une première commission de préparation du congrès de l'union de wilaya de Constantine a été installée, il y a trois ans, sur un terrain miné par les dissensions, les conflits d'intérêts, les luttes de clans et les antagonismes entre différentes parties où tous les coups étaient permis. Une commission qui part sans accomplir sa mission et une autre qui arrive, mais le statu quo persiste toujours. C'est dire que le marasme a atteint un degré où les activités syndicales ont été complètement gelées dans une instance qui a donné l'une des figures emblématiques de l'histoire de l'UGTA, feu Abdelhak Benhamouda. Avec toutes ces dérives qui sont actuellement légion à l'UGTA de Constantine, des syndicalistes s'interrogent sur le rôle des autorités censées veiller en premier sur le respect des lois de la République, mais qui continuent toujours d'observer un silence étrange. S'il s'agissait d'un syndicat autonome, les choses auraient été complètement différentes.