Pour la première fois dans l'histoire de l'UGTA, le secrétariat national ne sera pas désigné par consensus mais sortira de l'urne après un vote à bulletins secrets. Par le passé, le secrétaire général de la centrale syndicale proposait une liste à soumettre au vote pour uniquement la désignation des douze membres du secrétariat national. Sidi Saïd a apparemment décidé de rompre avec cette tradition en s'engageant, devant les cadres syndicaux, à organiser des assemblées souveraines qui choisiront dans la transparence leurs représentants. C'est donc aujourd'hui, à l'hôtel Es Safir, à Alger, que se tiendra la réunion de la première session de la commission exécutive nationale de l'UGTA, haute instance de l'organisation syndicale entre deux congrès, et ce, quatre mois après l'organisation du onzième congrès de l'UGTA. Un congrès qui s'était achevé en queue de poisson, vu les remous et les tiraillements entre congressistes après l'annonce de l'élection d'un secrétaire national adjoint, poste créé à l'ouverture des travaux du congrès. Composée de 264 membres, la commission aura à élire ce matin les douze membres qui composeront le secrétariat national, en plus du premier secrétaire général, M. Sidi Saïd. Les futurs membres du secrétariat national qui sortiront de l'urne vont représenter les quatre régions du pays : il en est prévu quatre pour la région Est, trois pour l'Ouest, deux pour le Sud et quatre pour le Centre, dont Sidi Saïd. Dans cette course pour décrocher ces fameux postes, deux clans se livrent bataille depuis trois mois : il s'agit des syndicats qui s'opposent à la réélection de Salah Djenouhat à la tête de la commission chargée de l'organique et de ceux qui sont en faveur de son maintien. A titre de rappel, plusieurs rassemblements et sit-in ont été organisés par des représentants de différentes fédérations, exigeant le départ de Djenouhat de la tête de l'union de wilaya d'Alger. Nombre de remontrances sont retenues à l'encontre de ce syndicaliste militant du RND : il est accusé d'outrepasser ses prérogatives et d'agir dans l'illégalité puisque le congrès de l'union de wilaya n'a pas été tenu depuis 11 ans. Une situation qui a mené, selon les syndicalistes, à une dispersion des rangs et à l'amoncellement des problèmes organiques dont la non-constitution de sections syndicales, l'absence de bureaux ou de secrétaires généraux de bureaux ainsi que le non-renouvellement de mandat pour les sections existantes. Il est également reproché à Djenouhat le non-respect du statut et du règlement intérieur puisque les désignations ont pris le dessus sur l'élection des membres de bureau ; on parle de « vide syndical » dû à l'absence de sections dans certaines entreprises, ce qui a facilité le licenciement de plusieurs travailleurs et la fermeture de ces entreprises. Ceux qui sont persuadés que Djenouhat est à l'origine de la fracture importante au sein de la centrale mènent des tractations depuis le lendemain du congrès, afin de disposer de la majorité à l'intérieur du secrétariat national. Par ailleurs, bon nombre d'observateurs n'arrivent pas à expliquer le renforcement de la commission exécutive qui a grimpé de 181 à 264 membres. Pourquoi une telle démarche qui ne répond à aucune logique, d'autant que l'UGTA a perdu du terrain après l'émergence des syndicats autonomes ? « On augmente le nombre de la commission lorsqu'on enregistre d'autres adhésions à l'UGTA. Or, dans ce cas de figure, l'UGTA a connu une saignée, un départ massif de syndicalistes qui ont rejoint les rangs des organisations autonomes. Alors, comment peut-on justifier ce renforcement ? », s'interroge un syndicaliste.