L'état de santé des seize employés de la cimenterie du groupe français Lafarge à Oggaz, à 65 km de Mascara, en grève de la faim depuis le 9 mars, se dégrade de jour en jour. Hier, l'un des grévistes, Aziz Semmache, un technicien électrique de fonction, nous a affirmé, dans une conversation téléphonique, que «trois grévistes, à savoir B. Mustapha, A. Ferhat et B. Khaled, des techniciens de production de fonction, ont été évacués, hier matin, au service des urgences de l'Etablissement public hospitalier (EPH) de Sig, à 45 km de Mascara, où ils ont été placés sous perfusion». Selon notre interlocuteur, depuis l'entame de la grève de la faim, en signe de protestation contre ce qu'ils qualifient de «mépris de l'administration de l'usine et le silence complice du syndicat UGTA», sept grévistes ont été transportés à l'hôpital de Sig après la détérioration de leur état de santé. Les grévistes, selon Aziz Semmache, sont décidés à aller jusqu'au bout pour faire entendre leur cause, «nous poursuivons notre mouvement de grève de la faim jusqu'à satisfaction de nos revendications qui sont légitimes». Parallèlement, ajoute notre source, «trois employés grévistes, B. Mohamed, B. Abdelkader et B. Mustapha ont été notifiés, vers 12h mercredi dernier, par voie d'huissier de justice, pour comparaître, à 12h30 de la même journée, devant le tribunal de Sig pour le chef d'accusation d'attroupement». La plainte a été déposée par la direction de Lafarge à Oggaz. «Pour se débarrasser de nous, ils ont déposé une plainte pour nous obliger à quitter les lieux», nous dira Aziz, qui ajoute que «les trois grévistes cités dans la plainte n'ont pu se déplacer au tribunal de Sig, car ils sont épuisés physiquement». Dans le même contexte, le bureau d'Oran de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), par le biais d'un communiqué, a dénoncé «l'acharnement judiciaire de l'entreprise qui va jusqu'à demander aux grévistes de la faim, par huissier de justice, de libérer les lieux où ils se sont installés, alors que l'endroit relève de l'espace public». Signalons que les seize employés en grève de la faim en plus d'un autre qui, selon notre source, souffre de problèmes de santé, suspendus de leurs fonctions à titre conservatoire, depuis le 28 novembre 2013, sur décision du directeur de l'usine, Eric Delquignies, et poursuivis en justice pour «entrave à la liberté de travail», réclament «leur réintégration dans leurs postes d'emploi». La direction de Lafarge à Oggaz, afin d'éviter les regards d'autrui et tout autre contact avec les employés grévistes, a changé l'itinéraire de l'entrée habituelle ! Les agents de sécurité ont été chargés d'orienter les visiteurs et même les journalistes vers une autre entrée.