Réhabiliter les cimetières français en Algérie « pour que l'apaisement remplace les sentiments d'amertume et de frustration », organiser des voyages de « retour en terre natale », et promouvoir des projets de coopération entre les deux rives. Ce sont là les objectifs de l'association France-Maghreb. Un pari bien engagé. Selon le président de France-Maghreb, « le plan de regroupement des 62 cimetières » - ne pouvant faire l'objet de réhabilitation - « a été fait en dépit du bon sens ». « A Béjaïa, nous avons visité les 14 cimetières qui devaient être regroupés, nous avons constaté que 13 peuvent être réhabilités. C'est ce que nous comptons faire avec l'appui des autorités locales algériennes. » Il nous indique que son association a attiré l'attention des autorités françaises locales sur cette question, « elles nous ont autorisés à prendre en charge les cimetières de la région ». De leur côté, « les présidents d'APC de la wilaya de Béjaïa se sont engagés, une fois la réhabilitation des cimetières réalisée, à prendre en charge leur entretien ». « Forts de l'accord des autorités algériennes et françaises nous pourront faire la même chose dans d'autres régions. » France-Maghreb lance « un appel aux autorités françaises pour qu'elles s'investissent enfin pour les pieds-noirs ». A l'adresse des collectivités françaises locales, son président, Pierre-Henri Papallardo, un natif de Notre-Dame d'Afrique : « Il faut aller au-delà des beaux discours que l'on tient. Les discours sont beaux à Alger et creux à l'arrivée. Les services de la coopération décentralisée promettent mais n'avancent pas. » Et de rappeler que la France a ouvert un fonds de concours pour la réhabilitation des cimetières, mais les collectivités ne l'ont pas alimenté. Quant à l'Algérie, « elle nous soutient beaucoup ». « L'Algérie a démontré sa compréhension à l'égard de la communauté rapatriée. » Il y aurait à peu près 461 cimetières chrétiens, 57 israélites et 13 mixtes qui pourraient être réhabilités. La réhabilitation des 400 000 sépultures françaises requiert des moyens importants. En mars 2003, le président Chirac avait annoncé un plan en 8 points. Selon France-Maghreb, une première approche sérieuse du budget estime le coût par sépulture à 200 euros, soit environ 8 millions d'euros sur cinq ans. « Dans le courant de l'année 2004, nous nous sommes rendus en Algérie pour rencontrer les autorités françaises en charge du dossier », nous indique le président de France-Maghreb, Pierre-Henri Papallardo. « France-Maghreb a établi les contacts, ouvert son antenne et démarré les premiers chantiers » dès cette époque. Les moyens financiers dont dispose France-Maghreb proviennent de fonds propres des membres fondateurs, du concours et d'initiatives de l'Algérie, de cotisations et souscriptions de la communauté des rapatriés, de l'apport de certaines collectivités françaises, et de l'organisation de manifestations culturelles. Une souscription de 5 euros par famille et par an sur 5 ans a été ouverte. Apaisement Créée en mars 2004 à Marseille, France-Maghreb a pour ambition le rapprochement des deux rives de la Méditerranée à travers diverses missions. La première est le recensement et la mise en état des lieux de mémoires, en fournissant, à tous ceux qui le souhaitent, la possibilité d'aller sur place se recueillir dans tous les cas, mettre à leur disposition des informations concernant leurs concessions, leurs souvenirs. A partir de cette mission, il s'agit de « mettre en œuvre une action de coopération de nature à apaiser tous ceux qui demandent le respect de ceux qui sont enterrés sur le sol algérien, d'œuvrer à un travail de deuil, d'opérer un travail de mémoire ». « Fonds de commerce d'extrémistes de droite et de nostalgiques, cette question empoisonne les consciences de plusieurs générations de pieds-noirs quel que soit le temps qu'elles aient vécu en Algérie », souligne France-Maghreb. France-Maghreb s'est fixé une deuxième mission : « Se retrouver en terre natale » en partenariat avec Air Algérie. Depuis septembre 2004, plus de 40 000 pieds-noirs ont accompli ce pèlerinage. Ils seront 200 000 à visiter leur terre natale d'ici deux ans. C'est l'objectif de France-Maghreb. Une troisième mission relève de la coopération et des échanges. C'est ainsi qu'en association avec le réseau algérien Périnat, présidé par le docteur Néfissa Skander, pédiatre spécialisée dans le diabète infantile, et en collaboration avec le service de cardiologie infantile du CHU de la Timone à Marseille, sera créée en Algérie une structure chirurgicale à la clinique Chéhérazad d'Alger autour du docteur Ziad, où seront opérés les enfants de moins de dix kilos, souffrant de malformations cardiaques. Cette coopération permettra également la formation de chirurgiens algériens aux techniques nouvelles.