Ils seraient 4000, dont 000 au départ de Marseille, à faire le voyage vers l'Algérie sur les six premiers mois de 2004. Une centaine de pieds-noirs sont arrivés, hier, en Algérie dans le but de prendre part à l'opération de réhabilitation des cimetières de leurs parents et ou de leurs proches. Cette vaste opération qui a débuté il y a quelques mois devrait toucher les 523 cimetières recensés par les autorités algériennes à travers tout le pays. 300 autres pieds-noirs, pour les mêmes motifs, rejoindront Oran, via Nice, le 16 septembre prochain. Cette opération de réhabilitation de cimetières français en Algérie, intervient, faut-il le souligner, suite à la décision des deux chefs d'Etat, Abdelaziz Bouteflika et Jacques Chirac en mars 2003 d'installer un «plan d'action et de coopération relatif aux sépultures civiles en Algérie». Depuis cette date, des centaines de Français, natifs d'Algérie se sont rendus dans notre pays notamment à Béjaïa, Tizi Ouzou, Constantine, Lakhdaria, Alger et Oran...non sans émotion d'avoir retrouvé le pays natal et la terre qui a enveloppé les dépouilles de leurs parents. «Nous voulons retisser les liens entre les deux rives. Les regards changent, l'histoire ne se limite pas à la période 1958-62» a indiqué M.Pierre-Henri Pappalardo, président de l'association France-Maghreb. Cette association qui projette de devenir en 2005 une fondation, veut également d'après son président, créer prochainement à Marseille un lieu d'échanges culturels et économiques entre les deux communautés. L'association basée à Marseille, estime, par ailleurs, le coût total des réhabilitations des cimetières à six millions d'euros et qui s'étalerait sur cinq années. Le 1er septembre dernier, un chantier a été lancé à Béjaïa. D'après cette association, trois autres chantiers de réhabilitation devraient être lancés prochainement à Alger. Il y a lieu de signaler que ce retour des pieds-noirs en Algérie, intervient quelque temps seulement après le «dégel» des relations entre Alger et Paris. Jamais les relations algéro-françaises n'ont été aussi «sereines», il faut le reconnaître, que depuis l'accession de Bouteflika au pouvoir. Les «coups de gueule» des islamistes, farouchement opposés à la venue des pieds-noirs en Algérie, n'ont pas empêché le président de la République de dépasser ces agitations et de poursuivre la tâche de rapprochement effectif entre les deux pays. En permettant aux pieds-noirs de se rendre en Algérie pour notamment se recueillir sur les tombes de leurs proches, c'est toute une page faite de rancune et de haine qui est définitivement tournée. Le dossier des pieds-noirs, faut-il également le rappeler, a été longuement abordé lors de la visite de M.Jacques Chirac en Algérie et plus récemment par le ministre des Affaires étrangères français, M.Barnier. Cela bien évidemment en prévision de l'accord d'amitié qui devrait être signé entre Alger et Paris en 2005. Cette ouverture et ce rapprochement semblent s'accélérer depuis deux années. D'après l'association France-Maghreb, se basant sur les chiffres d'associations de rapatriés, de la compagnie nationale Air Algérie et sur ses propres statistiques, ils seraient 4000 personnes, dont 2000 au départ de Marseille, à faire le voyage vers l'Algérie sur les six premiers mois de 2004 et ce, dans le «cadre d'un premier retour organisé». «Ils étaient moins de la moitié durant l'année 2003», a indiqué M.Pierre-Henri Papallardo. Du côté du consulat d'Algérie à Marseille, l'on constate que «de plus en plus de groupes se constituent pour se rendre en Algérie». A cet effet, d'après les services consulaires d'Algérie à Marseille, 4500 visas pour des pieds-noirs ont été délivrés en 2003. Il faut reconnaître que le climat en général en Algérie est plutôt favorable. Après une décennie sanglante, l'Algérie semble retrouver la place qui lui sied. «Le déferlement» de plusieurs ministres français dans la capitale algérienne depuis la réélection de Bouteflika, témoigne de l'intérêt que porte l'Elysée aux relations de son voisin du Sud. La reconversion de la dette algérienne en investissements, la signature de contrats d'armement, l'assouplissement pour la délivrance des visas vers la France sont autant de gages qui renseignent sur de solides relations futures entre Alger et Paris. Ce «plan d'action et de coopération relatif aux sépultures civiles en Algérie» et le retour des pieds-noirs en Algérie, malgré le tollé soulevé par les islamistes, est un indice révélateur des intentions du président de la République de casser définitivement les «tabous» pour s'occuper de l'essentiel: l'intérêt suprême de l'Algérie.