Le voyage a été organisé par l'Association marseillaise France-Maghreb. Une centaine de pieds-noirs (Français nés en Algérie) ont rejoint Alger, hier, pour une visite des cimetières afin de se recueillir sur les tombes où sont enterrés leurs parents et s'informer du vaste chantier de réhabilitation des sépultures françaises lancé voici quelques mois. Partis de Marseille (sud de la France) en début d'après-midi, ils se rendront, aujourd'hui, au cimetière algérois de Maison-Carrée, réhabilité en mars dernier après un an de travaux financés par la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) et l'association française de sauvegarde des cimetières algériens (Asca) pour un montant d'environ 70 000 euros. Ce voyage groupé de pieds-noirs, organisé par l'association marseillaise France-Maghreb, qui deviendra fondation en 2005, s'inscrit dans un mouvement de forte reprise des retours en groupe en Algérie depuis deux ans. De sources concordantes, environ 4 000 personnes, dont 2 000 au départ de Marseille, ont ainsi fait, en groupe, le voyage vers l'Algérie sur les six premiers mois de 2004, contre 2 000 environ sur l'ensemble de 2003. “C'est un signe de respect et d'affection que d'éviter ainsi, par ces réhabilitations, que ne se dissolvent les témoins sacrés de la présence française en Algérie. Nous sentons qu'il y a quelque chose de fort qui est en train de se passer aussi bien du côté algérien que français”, a estimé, lors d'une conférence de presse au départ de la France, Michel Vauzelle, le président de la région Paca, où vivent environ 400 000 pieds-noirs. M. Vauzelle a également annoncé que la région débloquerait 100 000 euros en septembre pour la réhabilitation des cimetières algériens. Un “plan d'action et de coopération relatif aux sépultures civiles en Algérie”, avait été annoncé conjointement en mars 2003 à Alger par le président français Jacques Chirac et son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika. Les autorités algériennes ont recensé 523 cimetières, soit 209 000 sépultures, dont nombre d'entre elles ont été érodées depuis 1962, date de l'indépendance de l'Algérie. “La future fondation France-Maghreb joue le rôle de navigateur de paix entre les deux rives de la Méditerranée. Une religion ne peut prétendre à la spiritualité si elle ne respecte pas les rites et mémoires des autres confessions”, a déclaré de son côté le grand mufti de Marseille Soheïb Bencheikh, au départ de Marseille. R. N.