Trois policiers ont été blessés hier dans l'explosion d'une bombe à l'entrée de la gare routière de Boumerdès. L'un deux a été grièvement atteint, selon des témoignages recueillis sur les lieux. Les trois policiers ont vite été évacués à l'hôpital et leur vie est hors de danger, selon une source hospitalière. L'attentat a eu lieu vers 16h, à un moment où, le marché levé, un véhicule de la police était venu récupérer les agents qui régulaient les entrées et sorties des bus dans la gare routière. L'engin explosif était dissimulé dans un tas d'ordures contre le mur de clôture de la station, juste devant le portail, un endroit qui est aussi le prolongement du marché. Il a été vraisemblablement actionné à distance par le moyen d'un téléphone portable, un procédé auquel recourent les terroristes du GSPC depuis un moment déjà. Des officiers des forces de l'ordre que nous avons rencontrés sur les lieux nous ont expliqué que les terroristes ont certainement déposé la bombe pendant la nuit, puisque le lundi est jour de marché hebdomadaire à Boumerdès. A notre arrivée sur les lieux, un périmètre de sécurité avait été délimité et la police était occupée à inspecter les alentours du lieu de l'attentat faisant usage d'équipes cynophiles. Une tâche d'autant plus difficile que la surface était couverte d'emballages (cartons, sacs, sachets) que les commerçants ont abandonné sur les lieux. La police scientifique s'occupait, elle, à trouver des indices sur la provenance de l'engin et l'identité du groupe qui semble avoir décidé de prendre pour cible la ville de Boumerdès. Il y a exactement un mois, une bombe artisanale a explosé au centre-ville, pas loin de la gare ferroviaire, dans une artère très fréquentée et à un endroit où les agents de police ont l'habitude de se poster pour réguler la circulation routière. Ces attentats qui visent les lieux publics ont en fait repris à Boumerdès il y a environ deux mois lorsqu'une autre bombe artisanale avait été placée à l'entrée du marché de Tidjelabine. Hier des responsables des services de sécurité ont appelé la population et tous les responsables à plus de vigilance. Sur place nous avons constaté que le tas d'ordures où a été enfoui l'engin mortel ne devait pas y être et des commerçants exerçant à la station ont témoigné qu'il était là depuis longtemps. Ces attentats en ville sont interprétés comme des tentatives de diversion des groupes terroristes soumis depuis quelques semaines à une pression terrible exercée par les services de sécurité. En effet tous les foyers terroristes en activité dans le département subissent une grande offensive que mènent l'ANP dans les maquis et les autres corps de sécurité ailleurs. Mardi dernier, une opération de ratissage dans les monts de Aït Boudoukhane, dans la commune de Chabet El Ameur, a permis l'élimination de deux terroristes du GSPC. Des sources sécuritaires indiquent qu'avant-hier une grande offensive a ciblé les maquis d'Azeroual, contenus entre Sidi Daoud, Baghlia et Naciria, dans l'est du département. Quatre terrorises ont pu être mis hors d'état de nuire à l'issue de cette opération dans laquelle I'armée a littéralement pilonné des positions défendues par les éléments du GSPC, indique notre source. Cette recrudescence de la violence est enregistrée à un moment où les textes portant sur la réconciliation nationale sont appliqués en faveur de la quasi totalité des terroristes, détenus ou encore en activité. A Boumerdès, ils sont 409 à avoir ainsi bénéficié de l'extinction des poursuites judiciaires. Un nombre qui s'ajoute à celui des autres terroristes, définitivement jugés, certainement plus important, qui ont profité de la grâce ou de la remise de peine et libérés des prisons. Des observateurs de la scène sécuritaire s'interrogent sur les raisons qui font que Boumerdès demeure l'une des régions où le terrorisme sévit, sans donner aucun signe de volonté de se repentir. Mais c'est aussi le département où l'on a le mieux avancé dans le traitement des dossiers des terroristes à amnistier. Si l'attentat de mai dernier était intervenu moins de 24h après l'annonce des mesures d'amnistie pour près d'un demi-millier de terroristes, celui d'hier a eu lieu juste après qu'un terroriste qui aurait activement participé à la préparation de l'attentat qui a coûté la vie, il y a une année, au maire d'Amal, dans la région de Beni Amrane. En effet, D. M. alias Soheib a retiré hier l'attestation de l'extinction de l'action publique auprès de la justice de Boumerdès. Est-ce une réponse des groupes terroristes aux propositions de « paix » du Pouvoir ?