La ville de Boumerdès s'est réveillée, hier, sur l'explosion d'une bombe artisanale qui a plongé la population dans la consternation. Il était 8h30 environ lorsqu'une déflagration entendue à quelques centaines de mètres à la ronde est venue ébranler la quiétude habituelle de la ville. Cela faisait plus de trois ans que le chef-lieu de wilaya n'avait pas enregistré d'attentat terroriste. Le dernier remonte à novembre 2002 lorsque, à 3 jours de l'Aïd El Fitr, deux policiers en faction devant la mosquée Ibn Khaldoun avaient été assassinés juste après la prière des taraouih. L'explosion d'hier a fait six blessés légers, dont deux policiers, a-t-on appris d'une source sûre. Tous sont hors de danger, insiste-t-on, soulignant qu'un seul blessé, atteint au thorax par les débris de l'engin, a été transféré vers un hôpital de la capitale. Les autres ont tous reçu les premiers soins au niveau du centre des urgences de la ville de Boumerdès qu'ils ont quitté quelques dizaines de minutes après. Les agents de la police qui s'en étaient sortis « avec des égratignures étaient en mesure de reprendre leurs activités », hier après-midi, selon une source policière. Celle-ci nous dira que c'est grâce à la vigilance des agents qui devaient œuvrer à la régulation de la circulation au niveau du carrefour du centre-ville, tout près de la gare ferroviaire, où a été déposée la bombe, que les dégâts ont pu être limités. En effet, « dès leur arrivée sur les lieux, nos agents ont remarqué la présence d'un paquet suspect au niveau de l'étroite bande de terre qui sépare les deux voies de la chaussée. Ils ont vite fait de nous alerter et de délimiter un périmètre de sécurité avec l'appui de leurs collègues qui étaient un peu plus loin. Nous avons ainsi pu bloquer la circulation tout autour et empêcher les citoyens de s'approcher du danger. Les blessés enregistrés ont été atteints par les débris de l'engin à une certaine distance », explique notre source. Le bilan aurait pu être plus lourd et plus grave puisque les auteurs de l'attentat ont choisi un endroit très fréquenté, surtout pendant les heures de pointe. Un moment qu'ont d'ailleurs choisi les terroristes hier. L'attentat a été perpétré dans l'artère principale de la ville, la route qu'emprunte la quasi-totalité des usagers du train, de nombreux étudiants qui se déplacent entre les campus sud et nord ainsi qu'un nombre important de voyageurs et autres citoyens qui arrivent ou quittent Boumerdès. Mais le flux des étudiants était, hier, moindre à cause de la grève qui gèle une bonne partie des cours et des examens à l'université. Cette fois encore, les terroristes ont utilisé le portable comme détonateur, un procédé qui leur permet de choisir l'exact moment pour commettre leurs crimes. Les forces de sécurité mobilisées dépêchées sur les lieux de l'explosion ont suspecté la présence d'autres engins dans les alentours. La vérification a touché un autre paquet qui se trouvait à quelques mètres de là ainsi qu'un véhicule de type Maruti. « Mais il s'est avéré qu'il n'y avait pas d'autres bombes », nous confient des policiers. S'il a fait plus de peur que de mal, l'attentat d'hier relance tout de même l'appréhension des attentats à l'explosif visant les populations civiles. Cela fait des années que l'on n'a pas enregistré pareil attentat. Le GSPC a, au contraire, multiplié les actes terroristes visant les forces de sécurité en même temps que les kidnappings suivis d'exigence de rançon et les rackets. Cet attentat a lieu aussi quelques heures seulement après l'annonce par la justice que plus de 400 personnes directement impliquées dans le terrorisme, entre détenus et autres éléments qui se sont rendus d'eux-mêmes ces derniers temps, ont bénéficié de l'extinction des poursuites judiciaires au niveau de la circonscription juridique de Boumerdès. Sans compter ceux qui avaient été définitivement condamnés et qui ont bénéficié de la grâce. D'un autre côté, les forces de sécurité mènent depuis trois semaines une grande offensive ciblant tous les maquis réputés « chauds » dans le département. A commencer par la zone allant de Zemmouri jusqu'à Mizrana à l'est de la wilaya et jusqu'à la région de Beni Amrane au sud-est, à la limite des maquis de Lakhdaria. Une présence qui a permis l'élimination, il y a trois jours, d'un émir de la phalange El Ansar, Boumis Redouane, au maquis depuis 12 ans. Cependant, les groupes terroristes activant dans la wilaya de Boumerdès gardent quand même une certaine force de nuisance, faisant ainsi de cette région l'un des foyers terroristes encore en activité plus ou moins dense. Avant-hier en fin de journée, un militaire avait été grièvement blessé dans l'explosion d'une bombe artisanale lors d'une opération de ratissage dans les maquis de Ghazeroual, dans la région de Sidi Daoud, à une quarantaine de kilomètres à l'est de Boumerdès. « Grièvement atteint », selon notre source, il a été évacué vers un hôpital d'Alger.