Le gouvernement israélien a décidé de ne pas libérer le dernier contingent de 104 Palestiniens détenus avant la signature des Accords d'Oslo en 1993. Israël avait pourtant accepté, dans le cadre de la reprise des négociations directes avec les Palestiniens sous l'égide des Etats-Unis, de libérer l'ensemble des prisonniers détenus dans ses geôles avant la signature des Accords d'Oslo. Leur libération n'était pas conditionnée par l'évolution du processus de paix, qui connaît de grosses difficultés actuellement, mais par la suspension de toute démarche palestinienne visant l'adhésion aux organisations internationales, durant les 9 mois de négociations directes, relancées grâces à d'énormes efforts de l'Administration américaine, le 29 juillet 2013. Jibril El Rjoub, membre du Comité central du Fatah du président Mahmoud Abbas, a qualifié la décision israélienne de «gifle à l'Administration américaine» parrainant le processus de paix. Il a par ailleurs confirmé, vendredi, à la presse que ce sont les Américains qui ont mis au courant la direction palestinienne de cette décision du gouvernement israélien. Refusant de reconnaître son échec à faire évoluer les négociations israélo-palestiniennes, minées depuis leur relance par des politiques israéliennes provocatrices, l'Administration américaine tente de faire croire que le processus de paix est toujours sur les rails. La porte-parole du département d'Etat américain, Jennifer Psaki, a ainsi déclaré devant les journalistes ayant accompagné le président Barack Obama, vendredi, en Arabie Saoudite que «l'émissaire Martin Indyk et l'équipe des négociations restent étroitement engagés sur le terrain avec les deux parties et vont continuer à œuvrer dans les prochains jours à les aider à réduire leurs différences». Chantage politique israélien Lors d'une rencontre avec le secrétaire d'Etat américain John Kerry, mercredi a Amman en Jordanie, le président palestinien Mahmoud Abbas a refusé tout compromis sur la libération de ce dernier contingent de prisonniers, dont les familles attendent la sortie avec une grande impatience. Habitué à utiliser la carte des prisonniers politiques palestiniens pour tirer des dividendes politiques dans le conflit qui l'oppose aux Palestiniens, Israël n'a pas hésité, cette fois à demander la libération de son espion Jonathan Pollard, emprisonné aux Etats-Unis, contre la libération de ce qui reste des anciens prisonniers palestiniens. Jonathan Pollard est un ancien analyste de la marine américaine purgeant une peine de prison à perpétuité pour espionnage au profit d'Israël. Accepter la prolongation des présentes négociations au-delà du 29 avril prochain et certaines exigences israéliennes, dont la reconnaissance d'Israël comme Etat juif par les Palestiniens, pourraient mener à la libération des prisonniers, selon certaines sources médiatiques israéliennes. Mais ce souhait israélien se heurte à l'intransigeance du président Mahmoud Abbas qui refuse de faire la moindre concession sur les constantes palestiniennes, dont précisément la non-reconnaissance d'Israël comme «Etat juif». Du coup, en décidant de ne pas libérer ce contingent de prisonniers palestiniens, le gouvernement israélien vient de planter le dernier clou dans le cercueil du processus de paix. C'est un échec énorme de la direction américaine qui perd ainsi beaucoup de son influence dans la région.