A un mois et demi de l'échéance, soit le 29 avril prochain, aucun signe de progrès ne permet la prolongation des négociations de paix israélo-palestiniennes. Pis, le président palestinien n'a pas encore reçu une copie de l'« accord-cadre » que négocie John Kerry avec les deux parties pour les persuader de poursuivre les pourparlers au-delà du 29 avril. « Quand nous le verrons et le lirons, nous prendrons une décision », déclare Mahmoud Abbas excluant toute prolongation des négociations. Entre les deux parties, la méfiance est de mise, témoigne le secrétaire d'Etat américain. Netanyahu demande à Abbas de reconnaître Israël comme « un Etat juif ». Le Palestinien refuse car cela pourrait nuire aux possibilités de retour des réfugiés en exil. Obama qui a exhorté, le 3 mars dernier, Benjamin Netanyahu à prendre des « décisions difficiles », après une mise en garde contre les « retombées internationales » d'un échec pour Israël, s'était engagé à faire des « pressions » similaires sur le dirigeant palestinien. Lesquelles ? Lui demandera-t-il de ne pas se focaliser sur son refus de toute « reconnaissance d'Israël comme Etat juif » car, cette « question a été réglée », selon John Kerry, en 1947 dans la résolution 181 de l'ONU sur le partage de la Palestine, qui contient plus de 30 mentions de l'Etat juif, « tourner le dos à l'initiative de paix arabe », accepter une prolongation des négociations ? Au sein du gouvernement de Netanyahu, des voix s'élèvent pour disqualifier le président palestinien. « C'est un partenaire pour recevoir mais pas pour donner. Il n'est pas un partenaire pour un accord final qui comprendrait la reconnaissance d'Israël comme Etat national du peuple juif et qui mettrait fin au conflit et à toutes les demandes », déclare Moshé Yaalon, le ministre israélien de la Défense avant de critiquer Kerry sur le dossier de libération de prisonniers palestiniens à laquelle Israël s'est engagé dans le cadre des négociations. « Nous nous sommes engagés à la libération des prisonniers détenus depuis avant les accords d'Oslo, pas à la libération de détenus arabes-israéliens », dit-il dans une allusion à l'insistance des Palestiniens sur l'élargissement de détenus arabes-israéliens lors de la quatrième et dernière phase de libération de prisonniers prévue le 29 mars.Et d'ajouter : « cet accord de paix ne sera pas signé de mon vivant ». Autre écueil pour Abbas qui est accompagné à Washington par le négociateur Saeb Erakat et Majed Faraj, son chef des services de renseignement : plusieurs ministres israéliens ont laissé entendre qu'Israël pourrait ne pas libérer à la fin du mois le dernier des quatre contingents de prisonniers palestiniens prévu lors de la reprise des pourparlers en juillet 2013 si les négociations ne se prolongeaient pas au-delà du 29 avril. Dans les rangs palestiniens, la vision de Mahmoud Abbas d'un Eat palestinien démilitarisé et dépourvu de souveraineté en dehors de ses frontières suscite des réactions négatives. Certains qualifient cette concession d'humiliante. Comme ultime provocation, Uri Ariel, le ministre du Logement et fervent partisan de la colonisation des territoires palestiniens, s'est rendu hier sur l'esplanade des Mosquées. Les observateurs de ce conflit estiment qu'à l'aune de 23 années d'échecs successifs du processus de paix, les Palestiniens parviendront le 29 avril prochain, à une conclusion. Celle d'un Etat israélien qui négocie pour gagner du temps. Abbas est devant un choix historique. Demandera-t-il à la communauté internationale de prendre ses responsabilités ?