Cette visite marathonienne ne s'est point passée comme prévu dans le programme remis à la presse. Venu vendre l'image du président-candidat Abdelaziz Bouteflika, l'autre Abdelaziz, en l'occurrence Belkhadem, a eu tout de travers à Ghardaïa, dimanche. C'est un véritable périple auquel s'est adonné le ministre d'Etat, conseiller spécial du président de la République, Abdelaziz Belkhadem, qui a dû payer de sa personne lors de ses trois importants meetings tenus respectivement à la salle de cinéma M'zab de Ghardaïa, puis au complexe sportif de Belbachir à El Ménéa, à 270 km au sud du chef-lieu de wilaya, et enfin à la salle Chahid Kouider M'haya de Metlili, à 45 km au sud de Ghardaïa. Retard et désaffection En sus de ces trois importantes rencontres, M. Belkadem s'est rendu à différents endroits pour des rencontres de proximité avec les citoyens, les notables, les cheikhs de zaouïas et les représentants de quartier. Ce qui est, entre autres, le cas à Daïa Ben Dahoua, Hassi El Gara, Hassi Lefhel, et la zaouïa de Sid El Cheikh Bouhafs de Metlili. Cette visite marathonienne ne s'est point passée comme prévu dans le programme remis à la presse. Venu vendre l'image du président-candidat, Abdelaziz Bouteflika, l'autre Abdelaziz, en l'occurrence Belkhadem, a eu tout de travers à Ghardaïa dimanche. Il se souviendra longtemps de cette journée, où rien n'a fonctionné comme prévu, à commencer par l'arrivée de l'avion qui a enregistré un retard de plus de 4 heures à cause d'un vent de sable. En effet, au lieu d'arriver à 8h, l'aéronef n'a pu atterrir sur le tarmac de l'aéroport Moufdi Zakaria de Noumérate qu'a midi passé. Il y eut ensuite la désaffection du public de Ghardaïa, qui est venu en petit nombre à la salle de cinéma M'zab à moitié pleine et constituée en grande partie des représentants de la presse, dont une bonne partie accompagnée M. Belkhadem. Puis, grande surprise, des jeunes du quartier Hadj Messaoud (quartier où sont tombées et dont sont issues les trois victimes des derniers événements), se venus s'installer au premier rang sur le balcon et ont chahuté à gorge déployée l'entrée de Belkhadem dans la salle en répétant à tue-tête : «Hadj Messaoud Echouhada, Hadj Messaoud Echouhada» et «El Kissas, El Kissas». Quelque peu désarçonné et n'arrivant pas à saisir l'objet et les raisons de ce chahut, M. Belkhadem regardait à gauche et à droite cherchant des explications. Dès qu'on lui a expliqué les raisons du courroux de ces jeunes, il a vite fait d'inviter l'un d'eux à venir sur l'estrade pour lui parler en aparté. Après quelques palabres en arrière-plan sur la scène, le jeune reprit sa place dans le calme et M. Belkhadem entama son discours par les événements de Ghardaïa. «Ces jeunes ont raison d'insister sur l'obligation de démasquer les auteurs de l'assassinat de trois de leurs frères et amis de quartier.» Pour l'orateur, «c'est une nécessité absolue de les déférer devant la justice qui doit jouer son rôle et sanctionner toute implication dans ces tragiques événements». Avant d'ajouter : «Je sais que dans cette salle il y a des gens qui ont perdu des êtres chers, d'autres leur maison et d'autres encore leurs magasin et voiture. Je comprends leur tristesse et leur colère, l'Etat doit prendre ses responsabilités en ces temps de viles manœuvres.» Discours chahuté Pour M. Belkhadem, Bouteflika «est le seul candidat à même de garantir la sécurité et la stabilité du pays. Souvenez-vous avant 1999, quand personne ne venait chez nous, même les compagnies aériennes boudaient le pays, nous étions tous des terroristes aux yeux du monde». L'orateur dresse ensuite un tableau des réalisations de Abdelaziz Bouteflika, passant en relief la réconciliation nationale, le logement, les routes, les aéroports, les hôpitaux, les universités, etc. Déniant tout droit au chapitre aux anti-4e mandat, il estime que seules les urnes donneront raison aux uns ou aux autres. «Avec Bouteflika, l'Algérie continuera son progrès, la paix, la stabilité et l'amélioration sociale.» Metlili, une clôture en apothéose Lundi à El Ménéa, c'est dans une cohue indescriptible que s'est tenu le meeting à la salle omnisports du quartier Belbachir. Dans une belle pagaille et un brouhaha incessant, le speech de Belkhadem n'a duré qu'une dizaine de minutes, avant que des personnes n'envahissent le carré des officiels. Mais c'est sûrement le meeting de Metlili, lundi soir, qui a clôturé en apothéose le périple de Belkhadem. Tout était au rendez-vous, l'organisation, l'acoustique parfaite et surtout la très nombreuse assistance ; beaucoup n'ont pas pu accéder à la salle qui s'est avérée trop exiguë pour contenir les centaines de Chaâmbas venus écouter le représentant du président-candidat. Celui-ci a joué sur du velours en titillant la fibre nationaliste de la région et sa forte contribution en chouhada lors de la Révolution : «Le 17 avril, il faudra barrer la route à ceux qui veulent entraîner l'Algérie dans une aventure qu'elle refuse. Je compte sur vous pour porter Abdelaziz Bouteflika à la présidence de la République pour un 4e mandat, qui sera l'apothéose de son œuvre au service de l'Algérie.»