A deux semaines du scrutin présidentiel, prévu le 17 avril, les représentants locaux des candidats en lice ont du mal à convaincre les électeurs de Sidi Bel Abbès. Tout se passe comme si la cité de la Mekerra n'était pas en période électorale. La population locale donne l'impression de n'être pas concernée par ce scrutin. De manière anarchique, les affiches des candidats font timidement leur apparition sur les murs de la ville. Les panneaux d'affichage dressés pour la circonstance par la municipalité, aux quatre coins de la ville, demeurent, par contre, presque vides. A Sidi Bel Abbès, qui a accueilli jusqu'alors les meetings de Benflis et d'Ouyahia à la salle omnisports du 24 Février, c'est en général l'indifférence, même s'il y a encore des personnes pour y croire. «Les gens en ont assez. Ils ont eu leur dose de promesses sans lendemain», considère Saïd, salarié dans une société privée, en fumant une cigarette. Attablé à la terrasse du café El Menzah, sis en face de la Grande-Poste, Saïd ne cache pas son scepticisme. «Personnellement, je n'irai pas voter le 17 avril», dit-il d'un ton sec. «C'est toujours la même chose, on nous gave de promesses le temps d'une campagne, puis plus rien», renchérit son alter ego Kamel, jeune technicien sous contrat préemploi. Inquiétude Nos deux interlocuteurs, mordus de foot, estiment, comme la majorité des Algériens, que cette consultation électorale n'apportera aucun changement. Ils plient d'ailleurs rapidement, et sans transition, la discussion, préférant plutôt commenter les derniers résultats du club local, l'USMBA. «Après le 17 avril, il n'y a que la victoire de l'USMBA face au NAHD qui m'intéresse», soutient Kamel, mi-sérieux mi-plaisantin. Hamid, retraité de 65 ans, juge «surréaliste» cette élection qui met en scène un candidat virtuel, en l'occurrence Bouteflika. «J'ai voté pour lui (Bouteflika, ndlr) en 1999, en 2004 et en 2009, mais cette fois-ci, c'est différent. Il est malade. Il aurait mieux fait de désigner une autre personne pour lui succéder au lieu de mener tout le peuple vers l'inconnu», dit-il, un tantinet inquiet. Beaucoup de retraités, comme lui, portent sur la prochaine élection présidentielle un regard plutôt interrogatif. Visiblement sceptiques, bon nombre d'entre eux estiment, sans détour, que «les jeux sont manifestement faits et l'issue du scrutin est connue d'avance». Bien plus, ils considèrent que «le changement porteur d'espoir n'est pas pour demain». D'autres, par contre, se posent tout simplement la lancinante question de «l'après-17 avril». Dissensions chez les pro-Bouteflika Les partisans du candidat Bouteflika, eux, ne l'entendent pas de cette oreille et croient dur comme fer que la population de Sidi Bel Abbès ne tournera pas le dos à l'élection. Installée au niveau de l'ex-clinique d'ophtalmologie, sise au dos de la direction de Sonelgaz, la permanence électorale de Bouteflika ne désemplit pas. Eau minérale, thé et pistaches à volonté dans le salon feutré et nickel du directeur de campagne. «J'ai bon espoir de voir Bouteflika briguer un quatrième mandat. Tous nos efforts sont orientés vers une participation massive à cette élection», nous déclare le représentant du président-candidat à Sidi Bel Abbès, Abdelghani El Hannani, également sénateur du RND. Si sa désignation, mal acceptée par les parrains locaux du FLN, a généré des dissensions au sein du staff de campagne, lui, trouve que ces «mésententes» n'influeront en rien sur le travail de mobilisation et insiste sur une «campagne propre et sereine». Du côté de la permanence électorale de Benflis, l'ambiance est moins tendue. Les partisans de l'ex-chef de gouvernement désapprouvent les dépassements des pro-Bouteflika, disposant de moyens matériels sans commune mesure avec leurs principaux rivaux politiques. «Le plus important, c'est de convaincre les électeurs de la nécessité d'entamer un changement pacifique par les urnes. Nous en sommes convaincus. Et c'est l'essentiel», soutient maître Allel, représentant du candidat Benflis. C'est dans cette atmosphère, politiquement morose, que les représentants des deux candidats les plus en vue tentent de convaincre les «indifférents» de participer massivement à un vote qui ne ressemble, en aucun cas, aux précédents scrutins.