La création de cette équipe le 5 avril 1936 était une première pour la population musulmane de la ville. C'est dans le cadre de la loi du 1er juillet 1901, relative aux associations, étendue à l'Algérie en 1904, qu'un groupe de personnes de l'ex-Djidjelli (aujourd'hui, Jijel) a décidé de créer un club sportif musulman à côté de la formation européenne du Sporting Club de Djidjelli (SCS). L'article 2 de ladite loi autorise la création d'associations, mais dont la jouissance juridique était tributaire de l'article qui dicte à ses fondateurs de la rendre publique. C'est ainsi qu'en application de l'article 1er du décret du 16 août 1901, portant règlement d'administration publique pour l'exécution de la loi du 1er juillet 1901, la déclaration d'existence de la Jeunesse Sportive Djidjellienne (JSD) est publiée aux frais de l'association dans le journal officiel du 5 avril 1936, suite à une déclaration à la sous-préfecture de Bougie (Béjaïa) en date du 25 mars 1936. La publication au journal officiel de cette déclaration, signe l'acte de naissance officiel de la JSD. La déclaration donne pour but à l'association «la pratique des sports en vue de la préparation militaire», alors que l'adresse du siège social se trouve au «30, rue de Marsan, Djidjelli (actuellement rue des Frères Khellafi, Jijel)». C'était une première pour la population musulmane qui rêvait d'en découdre avec le SCD. La JSD ouvrira la saison sportive à domicile le 13 septembre 1936 en recevant l'équipe du CSConstantine au stade municipal. En cette première année sportive 1936-1937, l'équipe de Jijel va faire un parcours exemplaire sans la moindre défaite. «L'avenir de Bougie» dans son édition du jeudi 18 mars 1937 ne tarit pas d'éloge sur cette jeune équipe en écrivant «La jeunesse sportive Djidjellienne vient de remporter une victoire de plus. Cette jeune société possède un excellent moral et des éléments de premier ordre ; c'est ce qui lui a permis d'arracher en équipe première le championnat sans connaître une seule fois la défaite. Ses rencontres victorieuses conte la JBAC (Bône) et le CSC faisaient d'ailleurs augurer d'une saison triomphale». L'équipe junior qui aura le mérite de décrocher en seniors le championnat de division d'honneur de la ligue de football de Constantine, après la deuxième guerre mondiale, avait elle aussi démarré en force. A quatre jours de la dernière rencontre du championnat juniors devant les opposer à Béjaïa contre le FC , le dimanche 25 avril 1937, l' «Avenir de Bougie» écrit dans son édition du 22 avril 1937 que «la JSD constitue actuellement le meilleur groupement de la ligue de football. Elle n'a pas encore connu la défaite, battant successivement les juniors de Bougie, Batna, Biskra, Sétif (SOS et Sporting)». Trois années de suite, l'équipe sénior décrochera respectivement les titres de champion de la 3ème division (1936-1937), 2ème division (1937/1938) et 1ère division (1938-1939). Un parcours mémorable L'engouement suscité par cette équipe chez la population musulmane n'était pas sans soulever la suspicion chez les autorités coloniales. Des rapports de police sont fréquemment établis. L'un deux, daté de 1937, émanant de la direction de la sûreté générale indique que «les membres du SCD sont en butte aux provocations de toutes sortes de la part des équipiers de la JSD, nationalistes convaincus pour la plupart. On m'a même confirmé que cette société versait ses recettes à la caisse de la Medersa El Hayat, dont le dévouement à Ben Badis, président des oulémas réformistes est connu». Dans un autre courrier adressé au sous-préfet en 1938, la police estime que «les matchs de football à Djidjelli ne sont que des réunions bruyantes, où les indigènes cherchent à se livrer à des violences sur les Européens du SCD, et sur les indigènes qui y ont adhéré; ces derniers étant considérés par la population indigène comme des renégats, des traîtres parce qu'ils n'appartiennent pas à la JSD, l'équipe sportive musulmane à tendances nationalistes. Les allures de cette société sportive qui reflète exactement la tournure d'esprit des indigènes de la ville de Djidjelli méritent bien de retenir toute notre attention. Les préoccupations sont avant tout et par dessus tout d'ordre politique». Après la seconde guerre mondiale, la JSD sera sacrée championne de la division d'honneur (l'équivalent de la 1ère division) de la ligue de football de Constantine durant les saisons 1946-1947 et 1947-1948. Une réponse à ceux qui s'enorgueillissent de prétendre que la JSD n'a jamais gagné un titre. Plus encore, en 1947, elle atteint la demi-finale du championnat d'Afrique du Nord (AFN), qui réunit les trois ligues d'Algérie (Alger, Oran et Constantine) et celles de Tunisie et du Maroc. Dans un match mémorable, elle est défaite en 1947 au stade Montréal d'Oran (actuel Bouakel) par le Sporting Club de Bel Abbes sur le score de 3 buts à 2, en dépit d'une avance de 2 buts à 0 à la mi-temps. En 1950 et 1951, la JSD terminera le parcours en championnat de l'AFN en 1/16ème et 8ème de finale après s'être inclinée devant respectivement le CSHammam Lif (2-3, après prolongations) et le WACasablanca (2-1). Au début de l'année 1955, la JSD se retire de la compétition sportive pour se mettre en phase avec la lutte pour la libération nationale, qui venait de débuter. Le club totalisera à la fin de la guerre 46 martyrs dont 6 dirigeants. Au lendemain de l'indépendance, la JSD est consacrée championne de la division d'honneur du groupe Est durant la saison 1965-1966 et accède en National II. Après une saison en nationale II, elle accède l'année suivante pour la première fois en Nationale I. Après une rétrogradation à l'issue de la saison 1969-1970, elle réintègre l'élite nationale à l'issue du championnat 1971-1972. La rétrogradation de 1973 la plongera dans une longue traversée du désert. Evoluant actuellement en inter-région, la JSD a toutes les chances d'accéder à la division supérieure en fin de championnat. Elle devance le second du tableau de 7 points. Des hommes dévoués et des joueurs de talent ont gravé leurs noms dans l'histoire de cette équipe qui mérite un bien meilleur sort. Elle a encore besoin d'hommes dévoués.