Si l'Etat n'opère pas rapidement une rupture avec le mode de gouvernance en vigueur, le pays «passera, dans le court terme, par une grande zone de turbulences», avertit le collectif Nabni. Abdelkrim Boudra et Mabrouk Aib, représentants du collectif Nabni, ont plaidé hier, au cours d'une conférence de presse au siège de Maghreb Emergent à Alger, pour un changement «profond dans la gouvernance publique et du fonctionnement des institutions», estimant que «la mauvaise gouvernance, corollaire de l'affaiblissement des institutions, est à l'origine des échecs passés et de la fracture qui s'est installée entre de l'Etat et la société». Ils constatent que «l'Algérie traverse une nouvelle période critique de son histoire». Partant d'une analyse de la situation économique du pays qui présente des «signes d'inquiétude», les deux conférenciers considèrent que «l'absence de redevabilité et le manque de transparence de l'Etat sont les causes profondes qui minent la confiance des citoyens à l'égard des institutions». L'absence de réformes «sérieuses de la gouvernance hypothèque l'avenir du pays» alerte les animateurs du collectif Nabni, assurant que l'Algérie risque fort d'être gagnée par l'explosion qui a secoué récemment le Venezuela. «L'Algérie va commencer à emprunter de l'argent et ne pourra plus continuer à financer le logement et les salaires des fonctionnaires», car rien n'indique que le prix du pétrole «se stabilisera, notamment avec le retour des grands producteurs de pétrole sur le marché comme l'Iran, l'Irak et la Libye». Lancée au lendemain des événements de janvier 2011, l'initiative Nabni appelle à «la négociation d'une période de transition dans la gouvernance du pays entre tous les acteurs politiques et sociaux pour éviter une explosion sociale dont le coût serait énorme». Les deux conférenciers préconisent une sortie rapide du système économique rentier pour engager le pays sur la voie des réformes et bâtir un «un Etat qui rend des comptes aux citoyens, un Etat moderne, qui ne soit plus figé dans des schémas dépassés et afin que cesse l'opacité qui entoure la gestion des affaires publiques». Si le collectif Nabni ne prend pas position en faveur d'un candidat à la présidentielle, il estime que le changement dont le pays a besoin ne sera possible que «si le Président qui le portera bénéficie d'une légitimité populaire sans faille. Il devra être armé de cette capacité d'écoute, d'ouverture, de conviction et de rassemblement qu'exige ce projet national».