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Le mandat de toutes les inquiétudes
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Publié dans El Watan le 11 - 04 - 2014

Ils ont une entreprise, sont au chômage, s'engagent dans une association... Tous expriment la même crainte : le 4e mandat ne réglera pas la crise de système. Il ne permettra pas d'affronter les importants défis, internes et régionaux, qui attendent le pays. Il risque même d'hypothéquer notre souveraineté et la cohésion de l'armée et de la société au nom de l'intérêt suprême : le contrôle de la rente, seule logique économique et politique.
Les jeux sont faits. Tout le monde a compris que le scrutin était plié, le 4e mandat acquis, l'histoire préemptée. Aux propos alarmistes tenus par la classe politique – Ali Fawzi Rebaïne a estimé que le refus du pouvoir de tout dialogue sérieux avec les forces de l'opposition fait «courir le plus grand risque au pays», Karim Tabbou a qualifié le scrutin de «stérile et infécond», d'«opération de confiscation du temps», Karim Younès a prévenu qu'une «dérive risquait d'entraîner le pays dans le chaos»…– se greffe une actualité particulièrement anxiogène.
La flambée de colère à Béjaïa, la reprise des violences à Ghardaïa, la virulence de la contestation contre les représentants de Abdelaziz Bouteflika. Et mercredi, l'appel à la révolte à peine maquillé de Ali Benflis sur le plateau de l'ENTV en cas de fraude. Si les plus défavorisés commencent à stocker des denrées alimentaires et si les plus riches envoient leurs enfants à l'étranger, si l'armée a annulé toutes les permissions en mettant les troupes en alerte, et si les opérateurs économiques reportent tous leur projets pour l'après-présidentielle, c'est que les craintes ont métastasé le corps algérien dans sa profondeur.
Deal
L'après-17 avril se configure, aussi, dans un contexte régional tendu, de l'Egypte au Mali, en passant par le chaos libyen et l'expérience de transition tunisienne. Les Etats-Unis et l'Europe regardent de près le rôle futur de l'Algérie, ayant conscience de son poids géostratégique et de sa capacité de mobilisation militaire. C'est ainsi que se comprend le deal passé entre Alger et Washington, consacré, la semaine dernière, par la visite de John Kerry. Inquiets par la détérioration de la situation en Libye, les Etats-Unis, qui refusent désormais toute intervention directe à l'étranger, auraient demandé aux Algériens de jouer un rôle plus offensif dans l'ex-Jamahiriya, quitte à envoyer les troupes sur place. La même demande aurait été formulée au Caire, pour intervenir sur la partie ouest de la Libye.
Pendant que Saoudiens et Qataris prendraient en charge la partie financière de l'opération pour les actions de «pacification» en tenailles, algérienne et égyptienne. D'où la coïncidence des visites de Kerry et de l'émir du Qatar à Alger, «quitte à bousculer la sacro-sainte doxa de l'armée et de la diplomatie algériennes de non-ingérence», selon un haut responsable. La contrepartie pour l'Algérie ? Un accès aux puits pétroliers libyens, dont une partie des ressources sera destinée à la Tunisie, que Washington souhaite aider, via l'Algérie.
Les Etats-Unis aimeraient faire de la Tunisie l'exemple de réussite de démocratisation post-Printemps arabe, car ils ne peuvent se contenter, pour l'image de leur diplomatie, du putsch égyptien ou du chaos libyen. «Nos capacités à amortir les pressions étrangères sont rendues fragiles par les tensions à l'intérieur du système, et de Paris à Washington, on scrute comment sera assurée la continuité et comment insérer l'Algérie de l'après-17 avril dans l'agenda US pour la région», explique un haut gradé pour qui «des fusibles (des généraux de corps d'armée aux figures médiatisées de la corruption) vont sauter en gage de façade de transition». Des fusibles ? «Le 4e mandat va servir à nettoyer le passif des affaires algéro-françaises. L'argent sale des derniers scandales financiers, de Sonatrach à l'autoroute Est-Ouest, est aussi déposé dans les banques parisiennes, sans parler des connexions type Falcone et compagnie, révèle un ancien ministre. «Paris fait partie du deal libyen dans la mesure où la France est fortement impliquée sur place (mais aussi pas loin, à nos frontières sud, au Mali) et ne peut supporter seule l'effort consenti pour aider la Tunisie. Paris a besoin de sortir de la France-Afrique, dont le noyau est la France-Algérie pour mieux manœuvrer sous la coupe des Etats-Unis dans la prochaine confrontation USA-Chine», ajoute notre source. «Dans ce schéma, celui qui détient trop de dossiers, qui en sait trop, devient gênant et peut payer de sa tête le 4e mandat, devient donc un fusible possible».
Situation insoutenable
L'avenir économique n'est pas plus brillant : le prix du baril de pétrole, qui permettait jusqu'en 2011, de compenser la baisse de la production, ne suffit plus à maintenir l'équilibre budgétaire. Et même si les économistes sont divisés sur la capacité du système à résister, ils sont unanimes sur l'urgence de changer de cap pour sortir de la dépendance de la rente. Le collectif Nabni prédit même de sombres lendemains : un Etat endetté à hauteur de 63 milliards en 2020, des réserves de change épuisées d'ici 2025 et un fonds de régulation des recettes vidé d'ici 2018. Signe que la dramatisation n'est pas exagérée : les fourmis inquiètes du train de vie de la cigale Algérie ne se trouvent pas uniquement dans la société civile mais au sein même du système. Parmi elles : le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, qui a qualifié la situation d'«insoutenable».
Ou bien l'ancien ministre des Finances, Abdellatif Benachenhou, qui a alerté le gouvernement sur les excès des dépenses publiques à l'origine de la flambée des importations, de quelque 60 milliards en 2013.Ou même Karim Djoudi, le ministre des Finances, qui a évoqué «les signes d'essoufflement de l'économie» et la «nécessité de passer d'une économie de rente à une économie de production». Le FMI a beau prévoir une croissance de 4,3% pour 2014, Christine Lagarde avait prévenu, en mars dernier, lors de sa visite à Alger, que «le pays pourrait se retrouver débiteur bien plus rapidement qu'il ne le croit».
Dans les couloirs du ministère de l'Industrie, un conseiller se veut rassurant : «Les décideurs ont vraiment pris conscience de la nécessité de déconnecter la croissance des hydrocarbures, mais on se retrouve dans un trou d'air et on ne sait pas trop comment s'en sortir.» D'autant que la société n'est pas prête à faire des sacrifices. L'Etat, le sait, lui qui a prévu, lors de la dernière loi de finances, de faire grimper les transferts sociaux à 19 milliards de dollars en 2014, soit un tiers du PIB, selon certains analystes. Dans les faits, souligne Farid Yaïci, enseignant chercheur en économie à l'université de Béjaïa et conseiller au ministère de l'Industrie, «l'Algérie n'est ni le pays qui dépense le plus, ni le dernier. Selon la Banque mondiale, il se situe dans la moyenne des pays à revenu moyen supérieur, légèrement en dessous de la moyenne des pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord et très en dessous de la moyenne de la zone euro».
Cependant les experts s'inquiètent de la proportion que prennent ces aides auxquelles s'ajoutent les subventions invisibles attribuées grâce à des fonds spéciaux, évaluées à plus de 25 milliards de dollars. Alors qu'en parallèle, le pouvoir devra faire face à une explosion de la demande sociale d'ici 2025 – l'ONS prédit que la population dépassera les 50 millions d'habitants d'ici là – comment pourra-t-il maintenir les subventions des prix du lait et des céréales qui représentent à eux seuls 40% des transferts sociaux ?
Les craintes sont donc nourries à la fois par l'épuisement des moyens politiques et financiers utilisés par le pouvoir pour maintenir sa cohésion face aux défis internes et aux nouvelles configurations régionale et mondiale. Même une transition, long processus requérant un difficile consensus et une «trêve» des pressions étrangères, semble hypothétique. Les difficultés du système peuvent déborder ses mécanismes fragilisés par le coup de force du 4e mandat. Les tensions muter en violence et se retourner contre le pays.


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