La campagne électorale touche à sa fin et le flou demeure entier quant au verdict du 17 avril. A quelques jours du scrutin, nous sommes allés prendre le pouls de l'Algérie des montagnes, précisément les monts Babors et les mechtas jijéliennes. En ces cîmes fières, à la beauté vertigineuse, ce n'est pas l'air qui se raréfie mais les affiches électorales. Première escale : la commune de Babor, à 50 km au nord de Sétif. Commune de Babor (wilaya de Sétif) De notre envoyé spécial Sétif. 300 km à l'est d'Alger. Jour de campagne présidentielle. Il fait divinement beau et même très chaud pour une ville réputée pour son climat rigoureux. La route des Hauts-Plateaux verdoie à perte de vue, transformant le moindre pan de paysage en prairie. A hauteur des feux rouges et des grands carrefours, des jeunes proposent des bouquets de fleurs aux automobilistes pour quelques dinars tandis qu'une fleur de lotus géante trône sur la place du 8 Mai 1945. La fontaine mythique de Aïn El Fouara est assaillie par des pèlerins en quête de baraka. L'immense parc d'attraction situé non loin de là est pris d'assaut, lui, par les bambins. Les rares permanences des candidats, quant à elles, sont furieusement boudées par les Sétifiens. La métropole des Hauts-Plateaux n'est pas l'objet de notre reportage. Elle ne sera que le point de départ d'un long périple montagneux qui nous conduira vers les villages tapis dans les plis méandreux des Babors et dans les monts jijéliens. Nous commençons par explorer la splendide campagne sétifienne (pas électorale, la campagne tout court). Nous empruntons la route de Bougaâ, au nord-ouest de la wilaya. La route sinue à travers un magnifique tapis vert. Un véritable terrain de golf. Nous traversons les localités de Aïn Abassa et Aïn Sfa avant de faire une halte à l'entrée de la commune de Aïn Roua, à 35 km à l'ouest de Sétif. Nous interpelle un panneau électoral à l'entrée de la ville. Un panneau vide, avec une seule affiche à l'effigie du candidat Abdelaziz Bouteflika. L'affiche solitaire est entièrement déchirée. En arrière-plan, une somptueuse vallée bordée de monts verdoyants et sertie de hameaux esseulés. Des affiches de Boutef déchirées Après une pause-café à Aïn Roua, nous bifurquons vers l'est par une route étroite qui débouche sur Kherrata. Nous enfilons une grappe de villages plantés au milieu d'une campagne luxuriante d'où émergent des bouquets de cyprès. Nous traversons la commune de Draâ El Gaïd avant de recouper l'axe Sétif-Béjaïa. Petite halte à Tizi n'Béchar puis cap sur Aïn El Kebira, la ville où naquit Bélaïd Abdeslam (en 1928). Celle-ci s'annonce par sa grandiose cimenterie. Elle est connue également pour son usine BCR. De là, nous empruntons le chemin de wilaya 137 qui monte vers la commune de Babor, notre destination principale, en transitant par le territoire de la commune de Serdj El Ghoul. Il va sans dire que l'automobiliste désirant se rendre dans les Babors n'est point obligé de faire tout ce détour. La localité de Babor est à une cinquantaine de kilomètres de Sétif seulement. Tout au long du CW 137, un chapelet de petits villages s'égrène à un rythme kaléidoscopique. L'état de la route, des habitations, des équipements, trahit d'emblée une grande désolation. Des panneaux d'affichage réservés aux candidats à la présidentielle ponctuent, là encore, notre trajet. Il y en a dans chaque douar. Des panneaux majoritairement vides. Et quand, par miracle, une affiche est placardée (la plupart du temps à la gloire de M. Bouteflika), elle connaît immédiatement le même sort que celle de Aïn Roua. Au bout de notre circuit, nous atteignons enfin la petite ville de Babor. C'est à la fois un chef-lieu de commune et de daïra. Le relief est dominé par Djebel Babor, un important chaînon de l'Atlas tellien auquel la ville doit sans doute son nom. Le mont Babor culmine à 2004 m d'altitude. Derrière l'imposant massif, une autre chaîne montagneuse se dresse avec ostentation : Tababort, 1969 m de hauteur. Les cimes de Tababort sont abondamment enneigées. «On l'appelle Djebel Babors tout simplement parce qu'il a la forme d'un bateau, et "Tababort" signifie "petit bateau" en berbère», explique Tahar, la cinquantaine révolue, sympathique tenancier d'une petite papeterie nichée entre un café et un restaurant. «Birkhadem est devenue la deuxième Babor» L'essentiel des commerces sont concentrés sur une plateforme surélevée d'où nous avons une vue panoramique sur la montagne et sur la ville. Babor a été entièrement érigée sur un terrain accidenté et pentu, assez abrupt par endroits. Des pâtés d'immeubles ainsi que des bâtiments administratifs, une brigade de gendarmerie et autres lotissements à l'urbanisme improbable forment l'essentiel du décor. Tout autour, des sillons et des vallons bonifiés par le printemps s'étalent aux pieds des Babors en déployant des dizaines de maisonnettes en construction, avec leurs briques rouges et leurs terrasses en ciment, qui moutonnent en semant la vie dans les piémonts. La commune semble reprendre à peine sa respiration au gré de ses rites agraires. Les cafés restent le principal point d'animation. Même le marché hebdomadaire, jadis grouillant, a rangé ses tréteaux. Des camionnettes témoignent encore d'un semblant de vitalité marchande. Mais le village reste, globalement, marqué par le silence et les murmures de la montagne. Babor, comme sa voisine Serdj El Ghoul, dégage une impression de ville à la merci des saisons, tantôt gelée par la neige et les rigueurs de l'hiver, tantôt assommée par un soleil cru. Un bourg statique depuis que ses habitants, des paysans dans l'âme, ont été forcés de quitter leurs terres et contraints à une fade urbanité. Les plus jeunes ont migré en masse vers l'Algérois. «Le chômage a poussé la majorité des jeunes de la région à partir vers Alger où ils travaillent comme maçons et ouvriers en bâtiment. Vous les trouverez surtout du côté de Birkhadem, qui est devenue la deuxième Babor», témoigne un habitant. Ceux qui n'ont pas pris le chemin de l'exode font la queue devant l'antenne locale de l'ANEM en quête d'un contrat de préemploi ou se pâment dans les cafés, s'improvisent taxieurs clandestins ou encore trompent leur ennui dans l'un des deux cybercafés de la ville, véritable soupirail pour les jeunes Baboris. «Les hameaux vidés à 70%» Tahar nous dresse un triste portrait de la condition villageoise dans les Babors. Il commence par ce paradoxe : l'eau dont regorge le ventre de la montagne est radine dans les robinets. «L'eau qui descend des montagnes se perd dans la nature. Un vieux projet d'aqueduc pour acheminer l'eau des montagnes traîne depuis la fin des années 1980. Pourtant, tout est prêt : les canalisations, les châteaux d'eau, tout !» peste-t-il en désignant du chef le col des Babors. Tahar évoque avec une pointe d'amertume l'exode massif de la population montagnarde, au plus fort du terrorisme, et qui n'est pas près de revenir. «70% de la population villageoise a quitté les douars. La commune est passée de 30 000 à 18 000 habitants en vingt ans. D'ailleurs, plusieurs écoles ont été fermées faute d'élèves», dit-il, avant d'ajouter : «Notre région a énormément souffert du terrorisme. En 2003, il y a une grosse offensive de l'ANP au cours de laquelle 400 terroristes ont été capturés avec femmes et enfants. C'était "oum el maârik", la mère des batailles, qui a permis de nettoyer définitivement les maquis des Babors. Depuis, la sécurité a été définitivement rétablie. Mais le mal était fait.» Du travail offert chichement, il dira : «Echaâb rah yekhdem and rouhou (le peuple travaille à son compte). Ici, nous n'avons pas d'usine, l'agriculture est au point mort, il n'y a aucune opportunité d'emploi.» Tahar nous présente l'adjoint au maire, Kheddar Lemtaïche, un grand blond aux yeux bleus, élégamment vêtu. Une vraie tête de présidentiable avec ses faux airs de Bill Clinton. «On m'a plusieurs fois comparé à lui et j'avoue que cela m'agace un peu», fait modestement M. Lemtaïche. Attablé à la terrasse d'un café populaire avec vue imprenable sur la vallée, notre interlocuteur, un élu RND, se lance dans l'énumération des atouts touristiques des Babors. Il s'étale longuement sur la «bataille du développement» qui guette son équipe (lire en page 7). Dans la foulée, il s'attarde sur les douars perchés dans le djebel, qui ont été vidés de leur population durant les années 1990. La grande majorité d'entre eux sont restés dépeuplés et frôlent aujourd'hui l'extinction. M. Kheddar les connaît par cœur : Guetita, Oued Athra, Larbaâ, Beni Bezaz, El Djouada, Thala, Idjerghane, Tagliat et autre Medjerghi. Tahar enchaîne : «Tous ces douars peinent à retrouver leur lustre d'antan. Leurs habitants ont refait leur vie ailleurs. Ils ne reviennent que pour inspecter leurs biens et cultiver leurs b'hirate.» «La sécurité, la sécurité, la sécurité !» Dans le même café, deux jeunes sont affalés sur des chaises en plastique, prenant un bain de soleil : Hichem et Fayçal. Hichem, 26 ans, un exemplaire d'El Khabar entre les mains, est licencié en histoire et émarge à la bibliothèque communale. Fayçal, 21 ans, est, pour sa part, étudiant en pharmacie à l'université Ferhat Abbas de Sétif. Dans le café, la télé grésille en relayant des spots de campagne. C'est l'unique signe qu'il y aura prochainement une élection de la taille d'une présidentielle en Algérie, autrement, la campagne est au point mort dans les Babors. Hichem pointe d'emblée le chômage des diplômés qui sévit dans la région : «L'agence d'emploi est dépassée. Nous avons quelque 50 diplômés qui pointent chaque année à l'ANEM pour demander du travail. L'agence affiche complet. Il n'y a plus de débouchés.» Fayçal enchaîne : «Babor est une région à vocation touristique au regard de ses sites paradisiaques.Malheureusement, il n'y a pas d'infrastructure d'hébergement, il n'y a pas de transport pour aller dans la forêt. Nous avons aussi le site antique de Melbouna qui est mal exploité. Les zones agricoles sont abandonnées. Toute la région est en déshérence.» Interrogé sur le déroulement de la campagne, Fayçal rétorque : «Regardez par vous-mêmes : les panneaux d'affichage résument tout !» Hichem renchérit : «Cette élection ne présente aucun intérêt pour nous. Ça alimente juste les discussions de café. Les élections locales passionnent plus les gens.» Fayçal tempère : «Je pense que l'élection est pliée en faveur de Bouteflika. A lui maintenant d'opérer le changement. Je pense que la polémique sur son droit ou non de se présenter est sans intérêt. Il a parfaitement le droit de se présenter !» Tahar le papetier, qui ne cache pas ses sympathies pour Benflis, s'invite dans le débat : «Oui, mais il a fait une loi sur mesure pour pouvoir se présenter. On ne les laissera pas nous imposer un homme malade. Ce n'est pas possible !» Fayçal : «Toujours est-il que Bouteflika est populaire même si sa popularité a diminué...» Tahar : «Même les vieilles ne veulent pas de lui !» Fayçal : «El mouhim, Edoula rahi qayma (l'essentiel est que l'Etat est debout). L'armée veille au grain.» Et d'ajouter : «J'espère juste qu'il n'y aura pas de crise après l'élection, qu'il n'y ait pas d'émeute et que perdurent la paix et la sécurité.» Lui qui est né en 1993 n'était qu'un enfant lorsque les maquis des Babors étaient à feu et à sang, néanmoins, Fayçal reste irrémédiablement marqué par cette sombre période : «Même si j'étais petit durant le terrorisme, ça m'a profondément affecté. On a vécu l'enfer. Inchallah on n'y reviendra pas. Je voyais d'ici les hélicoptères de l'armée bombarder les maquis des Babors. Je voyais les balles traceuses percer la forêt. C'était horrible. Je pleurais quand je voyais ces scènes. J'en étais terrorisé. Quand j'entendais, le soir, frapper, j'étais mort de peur. Je ne veux plus revivre ça !» Et de marteler : «Tout ce que je veux, c'est : el amn, el amn, el amn !» Les fantômes des Babors Les mots de Fayçal résonnent comme un appel de détresse. Ils nous poussent à prendre le chemin de la montagne pour inspecter par nous-mêmes ces bocages inextricables naguère colonisés par les partisans de la guérilla islamiste. La route vers les Babors serpente à flanc de collines. Elle est certes très belle, mais demeure peu fréquentée, signe que les plaies ouvertes n'ont pas tout à fait cicatrisé. Hormis quelques rares guimbardes qui montent vers les mechtas encore habitées, le trafic est mort. Le long du chemin vicinal, des bergers solitaires, des villageois guettant une âme charitable pour les accompagner au douar et, dans le tas, de gros tuyaux noirs entreposés dans la nature, devant servir au projet d'acheminement de l'eau des sources vers les foyers. Nous croisons des dizaines de constructions désertées. A un moment donné, nous tombons sur un campement militaire. Des soldats de l'ANP veillent sur la paix de la montagne. Ils s'approchent de nous nerveusement et vérifient nos papiers d'un air méfiant. L'un d'eux nous lance en scrutant notre sac : «Vous n'êtes pas armés ?» Une fois la suspicion dissipée, les langues se délient. «Avant, ici, c'était Kaboul», jette un officier en désignant de vieilles baraques en ruines. Parmi elles, une maison de campagne dont le mur extérieur est criblé de balles. «Aujourd'hui, El Hamdoullah, la paix est revenue et les villageois peuvent même monter vers la forêt en toute sécurité. Nous sommes là pour protéger le pays», assure notre officier dans un sourire fier. Oui. La guerre est dans le rétroviseur. Ici, point de place aux galimatias de la présidentielle. Pourvu que la paix l'emporte, semblent dire les fantômes des Babors… Les trésors cachés des Babors Si les habitants de la commune de Babor sont fiers d'une chose, c'est bien des vertus de leurs montagnes. «Cette montagne est un trésor endormi», résume Kheddar Lemtaïche, vice-président de l'APC. «On y trouve des espèces uniques au monde, comme le sapin de Numidie ou la sittelle kabyle.»Il convient de citer aussi certains champignons rares comme le tricholoma calligatulm. «Les cuistots japonais en raffolent» lance Fayçal, étudiant en pharmacie. C'est ce que les spécialistes appellent des «espèces endémiques», c'est-à-dire ne pouvant vivre ailleurs que dans cet écosystème. Le parc national des Babors, classé en 1921, constitue à lui seul un biotope. La réserve naturelle des Babors, qui s'étale sur 2367 hectares selon la Direction générale des forêts, fait partie des aires protégées. La forêt recèle quelque 416 espèces végétales dont huit endémiques, et la faune des Babors, outre la sittelle kabyle (ou sittelle Ledant, du nom de celui qui en fit la découverte en 1976), compte également le singe magot, le lérot (un rongeur nocturne menacé de disparition), la mangouste et la belette, soit 15 mammifères en tout parmi les 47 recensés sur le territoire national (lire à ce propos le reportage de notre collègue Leïla Benani : «Les Babors reviennent à la vie» in El Watan du 10 février 2008). Outre sa faune et sa flore exceptionnelles, les habitants de la région nous ont vanté un site contenant des vestiges antiques. Il s'agit du lieudit Melbouna. «Mais il est complètement à l'abandon et des malpropres se sont mêmes permis de piller ces vestiges», déplore Kheddar Lemtaïche. Notre élu aussi bien que la population des Babors en sont parfaitement conscients : l'une des clés du développement de la région réside sans doute dans l'exploitation de ses atouts touristiques. Le site se prête parfaitement au tourisme de montagne et Tababort est tout à fait indiquée pour y aménager une station d'hiver avec, pourquoi pas, des pistes de ski. Notons, d'ores et déjà, que la route qui mène vers la forêt a été ouverte au public après avoir été interdite aux visiteurs pendant plus de vingt ans. Une bonne nouvelle pour les écolos et autres amoureux de la nature. D'ailleurs, ceux-ci ne se sont pas fait prier pour se réapproprier les lieux et renouer avec les randonnées bucoliques d'autrefois. C'est déjà un très bon début pour redonner vie aux Babors. ********************* Kheddar Lemtaïche. Vice-président de l'APC de Babor : «Les villageois sont prêts à revenir si l'état les aide» Kheddar Lemtaïche est vice-président de l'APC de Babor. Il totalise 28 ans de service comme fonctionnaire municipal avant de se présenter en novembre 2012 sur une liste RND. M. Kheddar se souvient non sans une pointe de nostalgie de l'époque où Babor était une place forte de l'économie de la région. «Le marché de Babor grouillait de monde. On y trouvait de tout : légumes, bestiaux, ustensiles, habillement… Signe des temps, aujourd'hui, nous sommes obligés de nous déplacer vers Sétif pour nous approvisionner» regrette-t-il. L'adjoint-maire ne peut que constater la dévitalisation de la commune suite à ses importantes pertes démographiques, entre exode sécuritaire et migrations de travail. «Les villageois sont prêts à revenir si l'Etat les aide», dit-il. Notre élu se félicite, au passage, que la route montagneuse qui dessert l'emblématique forêt des Babors soit rouverte. «Cela faisait plus de 20 ans qu'elle était fermée. Cela va permettre justement aux gens de reprendre possession des lieux», argue-t-il. Un premier geste fort, en attendant d'autres, notamment dans le domaine social. Kheddar Lemtaïche admet que les offres de travail sont infimes, ce qui n'est pas pour fidéliser la jeunesse. Il plaide pour l'exploitation des ressources hydriques dont regorge la région. «Ici, il y a facilement de quoi faire une usine d'eau minérale. Le débit est de 94 litres/seconde dans les sources de Tababort.» Et d'évoquer le projet d'El Ma Labiod dont le taux d'avancement, selon lui, est de 90%. Les communes de Babor et de Serdj El Ghoul seront ainsi alimentées en eau potable à partir de cette source grâce à ce projet d'aqueduc lancé en 2012. Il s'agit d'un projet sectoriel dont le coût est estimé à 54 milliards de centimes. «Il manque juste l'électricité pour faire marcher les pompes», indique M.Lemtaïche. «D'ici août-septembre, il sera achevé», promet-t-il. L'APC manque cruellement de ressources faute de recettes fiscales, souligne notre interlocuteur, avec un budget de fonctionnement de 4,5 milliards de centimes. «C'est l'Etat qui fournit tout», dit l'adjoint au président d'APC, en affirmant que «les projets de développement avancent» et que «la situation s'améliore». Recensant les besoins de la population, Kheddar Lemtaïche insiste sur l'urgence de doter la ville d'un vrai centre hospitalier. «Nous sommes sous pression. Il nous faut 60 lits supplémentaires. Nous avons une polyclinique qui accueille, en plus des malades de la commune, ceux de Serdj El Ghoul et ceux d'Erraguène, qui relève pourtant de la wilaya de Jijel», se désole M. Lemtaïche, en signalant que «la commune ne dispose que d'une seule ambulance». Les habitants de Babor souhaitent également que la ville ait son propre tribunal. «Nous avons un local qui est prêt pour recevoir ne serait-ce qu'une antenne judicaire, au moins de quoi régler les problèmes de rectification de nom qui sont extrêmement nombreux dans notre circonscription et sont un vrai casse-tête pour nos concitoyens», plaide notre élu. Autre dossier : le gaz de ville. Le chef-lieu n'est alimenté que depuis 2010. Les villages, eux, attendent désespérément leur tour. Concernant le logement, M.Lemtaïche souligne que la commune n'a reçu qu'un quota de 40 logements sociaux pour 900 demandes, tandis que les aides relatives à l'habitat rural sont de 150 parts pour 2500 demandes. Par ailleurs, Kheddar Lemtaïche déplore la faiblesse de l'aide aux agriculteurs locaux, «alors que la région est à vocation agricole, notamment dans l'arboriculture». Interrogé sur les préparatifs de l'élection, le vice-président de l'APC répond : «Nous avons 12 500 électeurs sur 18 000 habitants. La campagne se déroule dans des conditions normales.» Selon des estimations locales, le taux de participation moyen aux précédents scrutins tournait autour de 57%. «Ici, le vote est majoritairement en faveur de Bouteflika», déclare notre élu RND en avouant que la bataille électorale sera rude pour convaincre ceux qu'il appelle poétiquement «el aswat al âema» (les voix flottantes). Et de conclure avec conviction : «Notre parti à tous, c'est l'Algérie !»