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Chirurgien pédiatre : La régression inféconde
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Publié dans El Watan le 15 - 04 - 2014

L'Algérie vit ces derniers temps une période très particulière de son histoire et qui peut déboucher sur le meilleur comme sur le pire.
Le meilleur si tout un chacun prenait conscience de la nécessité de dire «baraket» à un système honni et qui a mené un pays aux potentialités énormes à l'impasse. Mais aussi sur le pire, si nous n'arrivons pas à prendre notre destin en main pour éviter à notre pays une autre ère de stagnation, gabegie, corruption à même d'hypothéquer l'avenir des générations futures.
Depuis plus de 50 années, l'Algérie est dirigée par la génération issue de la guerre de Libération, et le moins que l'on puisse dire c'est que ce règne sans partage ne fut, à quelques exceptions près en rien exemplaire. Que ce soit sur le plan des libertés démocratiques, de l'alternance au pouvoir, ou du développement économique, le constat est sombre. On parle beaucoup de nous à l'étranger, pas pour nos réalisations malheureusement mais dans les journaux humoristiques et les sketchs télévisés.
N'est-il pas temps dans un pays où 50% de la population a moins de 20 ans de passer la main ou le flambeau pour utiliser un terme cher à nos dirigeants à la nouvelle Algérie ?
Malheureusement, les événements de ces derniers temps semblent plutôt donner raison à Machiavel qui disait que «la soif de pouvoir est celle qui s'éteint la dernière dans le cœur de l'homme».
Je me permets aujourd'hui dans cette contribution qui se veut aussi un cri d'alarme de donner le point de vue d'un citoyen jaloux de son pays et qui ne peut accepter ni la fatalité ni la résignation. Je commencerai mon exposé par l'état de notre économie.
Les économistes m'excuseront de cette digression dans leur domaine, mais les chiffres de nos performances économiques après des décennies de navigation à vue, de gabegie et d'absence de courage politique sont là et parlent d'eux-mêmes.
50 ans après l'indépendance, 98% de nos exportations sont assurées par les hydrocarbures, ressource dont les prix sont fluctuants et qui est surtout épuisable à court ou moyen terme.
70% à 75% des besoins des ménages algériens et des entreprises publiques dépendent des hydrocarbures et sont achetés à l'étranger (A. Mebtoul). Ce qui veut dire tout simplement qu'on ne produit pas grand-chose chez nous. Je laisse tout un chacun imaginer ce qui se passera quand les recettes de cette rente pétrolière vont baisser ou cesser.
Dans le dernier bulletin d'information de la Banque mondiale de février 2014, il est dit «que l'Algérie ne pouvait se permettre de poursuivre des mesures à court terme, comme la hausse des salaires du secteur public et des subventions, car ceci entravait la réalisation des réformes structurelles nécessaires à la croissance et à la stabilité». Le recours de plus en plus important à la fiscalité pétrolière pour couvrir les dépenses publiques est à très hauts risques. Les ressources générées par les hydrocarbures doivent être investies et non consommées comme on le fait actuellement chez nous (Belhimer A.).L'industrie, un demi-siècle après l'indépendance, représente moins de 5% du PIB de notre pays. De l'avis même d'un des patrons du FCE, l'Algérie reste le pays où il y a le moins d'entreprises par tête d'habitant au monde.
Le rapport Doing Business de 2013 souligne, quant à lui, la dégradation du climat des affaires dans notre pays et classe l'Algérie 152e sur 185 pays pour les facilités accordées à l'investissement. Les entreprises publiques économiques (EPE) ont englouti 38 milliards de dollars en effacement de dette et remise à flot budgétaire (El Watan 25.12.13.). Tout dernièrement, M. Sellal déclarait que la somme faramineuse de 1000 milliards de dinars a été dépensée pour mettre à niveau des EPE. Le résultat est connu : 800 EPE sont en situation de faillite (El Watan 25.12.13) et sont maintenues, contrairement à toute logique économique sous perfusion toujours par manque de courage politique et son corollaire la paix sociale à tout prix.
Les effectifs de la Fonction publique ont connu un accroissement inquiétant, passant de 1,3 million en 2006 à 1 800 000 en 2011 (A. Belhimer). Et tout dernièrement, le gouvernement annonce dans un élan de grande générosité préélectorale le recrutement de dizaines de milliers de fonctionnaires pour les prochains mois.
75% des transactions commerciales se font toujours en cash, ce qui évidemment favorise le commerce informel et surtout la corruption. Toutes les tentatives pour y remédier ont échoué. Pourquoi ? Hausse salariale sans hausse de la productivité qui reste, faut-il le souligner, une des plus faibles du bassin méditerranéen. Où allons-nous ? Autre signe de l'absence de toute cohérence chez nos décideurs, on continue à subventionner à tour de bras des produits à large consommation comme le sucre, la farine, l'huile, l'eau et j'en passe.
Véritable hérésie économique, ces subventions profitent certes aux nécessiteux et c'est bien, mais aussi aux riches, aux millionnaires, et surtout aux entreprises d'import-export et cela sans aucune contrepartie. Cette aberration économique dure depuis des décennies et explique toute la contrebande qui fleurit à nos frontières. Tous les pays du monde ont institué des mécanismes d'aide et de subventions mais réservées uniquement à ceux qui en ont besoin. Empêtrés dans leurs contradictions et la peur de la réaction de la rue, nos dirigeants préfèrent perpétuer ce statu quo suicidaire pour le pays. «On fait la charité quand on n'a pas pu imposer la justice», disait Victor Hugo .
L'Algérie est le pays où l'énergie, carburants, électricité, gaz sont les moins chers au monde grâce à ces subventions. Les conséquences de cette décision font que la consommation énergétique par ménage de notre pays est l'une des plus élevées au monde, ce qui constitue un sujet d'inquiétude important pour les organismes chargés de produire celles-ci.
Nos dirigeants se comportent en nouveaux riches et dilapident les ressources du pays sans penser aux générations futures. Ils devraient s'inspirer de ces pays comme la Hollande ou la Norvège qui, en créant des fonds d'investissement, ont mis les mécanismes en place pour mettre de l'argent de côté pour les générations futures lorsque la rente pétrolière sera tarie. Un fonds de régulation des recettes a certes été mis en place chez nous, mais il fonctionne dans l'opacité la plus totale et n'est soumis à aucun contrôle.
C'est devenu ce qu'un journaliste (B. Mahdi) a appelé et à juste titre le fonds de la «rechka» que le père Noël, en l'occurrence notre Président ou son Premier ministre déversaient à chaque visite dans une wilaya. Des milliards de dinars sont ainsi distribués sans contrôle et sans contrepartie. Que ce soit le FMI ou des experts indépendants, tout le monde s'inquiète de la baisse de nos exportations d'hydrocarbures pour les années à venir avec épuisement à moyen terme, sauf nos dirigeants. Avec la diminution des recettes des hydrocarbures et l'augmentation exponentielle des importations, nous allons tout droit vers l'aggravation des déficits de la balance commerciale du pays, ne cesse d'avertir le gouverneur de la Banque d'Algérie.
En continuant à dépenser sans compter, le déficit budgétaire va augmenter et l'épuisement du fonds de régulation des recettes peut devenir une réalité, avertit cet expert. Trop préoccupés par leur maintien au pouvoir, ces derniers continuent dans le déni de vérité en faisant du «courtermisme» économique (M. Achir) leur doctrine. Comme le soulignait si bien un journaliste (B. Mahdi), nos dirigeants, dans une véritable fuite en avant suicidaire, semblent être adeptes de la chanson chaâbie qui disait : «Lahla ikheli lilouareth la melk la ouikia» (Ne laisse à l'héritier ni un bien ni une once d'or). Le réveil sera dur. Un mot de cette farce qui se répète chaque année qu'est la tripartite, réunissant gouvernement, UGTA et les chefs d'entreprise (FCE).
Les tripartites passent et se ressemblent. Les mêmes se réunissent depuis des années avec leur syndicat maison, on festoie, ou s'embrasse beaucoup sous les lumières des caméras de l'Unique, puis on termine par l'adoption à l'unanimité comme toujours d'un pacte économique et social censé à la fois démarrer une économie moribonde tout en évitant les conflits sociaux. Einstein disait que «La vraie folie, c'est de faire encore et toujours la même chose en espérant des résultats différents.» Pour ce qui est du pacte économique, on a vu les résultats en chiffres de l'économie nationale, c'est un vrai désastre. Quant au p acte social, il y a eu l'année passée plus de mille mouvements de grève, manifestations et conflits divers .
Ceci n'empêche pas le pouvoir de continuer à exclure les syndicats autonomes qui eux ont fait leurs preuves sur le terrain par leurs capacités de mobilisation. Mais quand on voit la «moudaâma» pour un quatrième mandat de l'UGTA et du FCE, on comprend qu'ils préfèrent rester entre eux et éviter d'éventuels empêcheurs de tourner en rond. Je rappelle au passage que si les choses étaient ce qu'elles devraient être, l'inamovible Sidi Saïd, patron de l'UGTA, aurait dû être jugé pour faux et usage de faux dans l'affaire des dépôts de fonds de la CNAS à El Khalifa Bank.
Dépenser sans compter pour acheter la paix civile et rester au pouvoir le plus longtemps possible, telle serait la devise de la politique économique algérienne. Il ne faut pas se tromper, ce n'est pas l'abondance des ressources naturelles qui entrave le développement, mais l'usage qu'on fait de celles-ci. La malédiction n'est pas le fait d'avoir des hydrocarbures, mais d'être dirigé par des dirigeants incompétents.
Voilà où on en est sur le plan économique 50 années après l'indépendance.
La distribution massive de la rente sans contrepartie et sans contrôle a eu aussi d'autres effets collatéraux. Elle a effectivement anesthésié la population et abouti à une transformation socioculturelle de la société. On ne se bat plus pour des idées, les libertés démocratiques, les droits de l'homme ou l'alternance du pouvoir pour ne citer que ceux-là.
Un deal tacite semble exister entre le pouvoir et le peuple : ne nous disputez pas le pouvoir et on continuera à vous assurer une partie du gâteau et de la rente. Le coût financier et économique pour maintenir un tel deal est évidemment immense et ne sera pas sans conséquences pour l'avenir du pays. Il y a peu de temps, on disait que si vous vouliez réunir en quelques minutes tous les locataires d'un immeuble ou d'une cité, touchez à leur parabole collective. Tripotez la Constitution, dilapidez les deniers publics, limitez les libertés, ça n'intéressera personne.
L'informel, l'Ansej, la distribution de logements, les subventions tous azimuts, l'effacement des dettes de certaines corporations, la revalorisation salariale sans productivité sont passés par là et la liste n'est pas exhaustive. Finalement, pourquoi voulez-vous que ça change, tout le monde ou presque trouve son compte dans cette vache à lait qu'est devenue l'Algérie.
Et ce n'est pas la dernière réunion de M. Sellal avec le FCE d'il y a quelques jours où le partage de la rente était encore à l'ordre du jour qui nous contredira.
Et à propos de cette réunion, je ne saurais résister à l'envie de vous citer quelques propositions de nos capitaines d'industrie pour booster notre économie : ne pas recruter des agents de sécurité mais des agents d'entretien, baisser les droits de douane, effacements des dettes privées. Et aussi, j'allais dire surtout, plus de marinas et de ports de plaisance parce qu'un des membres du FCE ne trouvait pas où garer son bateau… (Quotidien d'Oran 19.03.2014). Ceci dispense de tout commentaire. Mea culpa.
Les syndicats autonomes (dont je fais partie), que ce soit de l'éducation ou de la santé par leurs capacités de mobilisation et d'ancrage dans la société auraient pu jouer un rôle en cette période difficile que traverse le pays. Malheureusement, ils n'ont pas pu transcender leurs différends et dépasser la vision purement corporatiste de leurs missions. A l'instar de ce qui s'est passé en Tunisie où l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) a joué un rôle majeur pour rapprocher les différents protagonistes politiques, ce qui a permis l'adoption d'une Constitution réellement consensuelle. C'est dommage, mais il n'est pas trop tard.
Le droit à la santé et l'égalité des chances devant la maladie sont consacrés par la Constitution pour tous les Algériens quels que soit leur âge, leur sexe ou leur niveau social. Pourtant, les dirigeants, leurs familles et toute la nomenklatura du pays se font traiter à l'étranger aux frais du contribuable, alors que sur les 28 000 cancéreux nécessitant une radiothérapie chaque année, seuls 8000 peuvent en bénéficier. Les militaires ont leur propre caisse de sécurité sociale pour établir en toute discrétion les prises en charge pour leurs assurés.
Et la presse a révélé tout dernièrement que Sonatrach, cet Etat dans l'Etat, a elle aussi établi un contrat de prestation de transfert avec le centre méditerranéen de diagnostic pour la somme de 41 millions d'euros. Y a-t-il pire injustice que celle d'une santé à deux vitesses ?
Corruption
Jamais autant d'affaires de corruption touchant aux plus hauts sommets de l'Etat n'ont été étalées sur la place publique. Et cela ne serait, parions-le, que la partie immergée de l'iceberg.Des ministres en activité ou non, des proches du président de la République, des hauts fonctionnaires de l'Etat font la une des journaux par leurs «indjazate», mais pour leurs supposées implications dans des affaires de corruption et de détournement des deniers publics, ces affaires exposées dans la presse avec moult détails, fait hallucinant, n'ont entraîné aucune réaction que ce soit de la part du président de la République, des élus applaudisseurs du Parlement ou des fossiles du Sénat. Rien !
Que ce soit le DRS qui révèle ces affaires et maintenant n'est sûrement pas innocent et fait partie de cette lutte au sommet du pouvoir, mais ceci n'entame en rien la gravité de ces révélations. Rien ne se passe, ces ministres, ces hauts fonctionnaires, ces proches du président de la République accusés de faits graves n'ont ni démenti ni saisi la justice pour laver leur honneur, ce qu'aurait fait n'importe quel citoyen lambda. Sans préjuger évidemment de la culpabilité des uns et des autres, pourquoi ce silence assourdissant ? Et c'est dans ce climat délétère et nauséabond que nous avons vécu et continuons à vivre ce troisième mandat de Abdelaziz Bouteflika.
Amara Benyounès, ancien démocrate repenti, bien dans son rôle de thuriféraire du pouvoir, dit, pince-sans-rire, que M. Bouteflika peut assurer un quatrième mandat, car il ne réfléchit pas avec ses pieds et que nous n'avions qu'à voir Roosevelt qui a assuré autant d'investitures sur un fauteuil roulant. M. Benyounès, président d'un parti offert par le pouvoir, omet de dire que Roosevelt avait 60 ans pour son quatrième mandat et qu'il était paralysé des membres inférieurs suite à une polio ou un syndrome de Guillain, barrés tous deux des affections neurologiques périphériques qui n'affectent en rien le cerveau.
Contrairement à l'AVC de notre Président qui touche en premier lieu le cerveau et ses différents centres, notamment celui du langage et de la coordination. Il omet sciemment de dire que Roosevelt avait fait lui-même sa campagne électorale, qu'il haranguait les foules, qu'il s'adressait personnellement au Congrès américain, qu'il a été un chef de guerre et qu'il assistait personnellement à toutes les rencontres, partout dans le monde, comme celle de Yalta, il n'en ratait aucune jusqu'à la veille de sa mort. Il ne se faisait pas remplacer, il y allait lui-même malgré les servitudes, le danger et l'inconfort des transports de l'époque. Nous ne voulons pas d'un Président qui communique avec nous par message et messager interposés. Nous voulons d'un Président qui s'adresse et parle directement à son peuple les jours de fête comme les jours de tristesse. J'en voudrais comme exemple ce qui se passe actuellement à Ghardaïa. Il aurait été indispensable que le président de la République, le seul à même d'incarner la nation entière, de s'adresser au peuple algérien et aussi à se rendre sur place pour rassurer, rassembler et apporter la caution de l'Etat régalien.
Un communiqué lu d'une voix monocorde par un envoyé de «fakhamatahoune» peut et ne doit en aucun cas remplacer le Président élu. Amara Benyounès vient d'être désigné «chita d'or» 2014 par les internautes, mais l'année n'étant pas encore terminée, je pense qu'il est bien parti pour être lauréat d'autres prix, comme celui de la mauvaise foi ou de la versatilité. «On ne rencontre guère, pour se déclarer satisfaits du pouvoir, que ceux qui y participent», disait un certain Maurice Druon. Quant à M. Sellal, qui compare la candidature de Bouteflika
à celle de MmeAngela Merkel, la chancelière allemande, je pense qu'il faut classer cela dans le registre des blagues que notre Premier ministre sort quand il est à court d'arguments. Mme Merkel, âgée de 59 ans, est en pleine possession de ses capacités mentales et physiques. En plus de cela, son bilan économique est l'un des meilleurs en Europe.
D'ailleurs, les derniers événements à l'est du pays montrent si besoin est l'inconsistance de notre Premier ministre. En véritable pyromane, le brasier de Ghardaïa encore incandescent, il en a allumé un autre à Batna en lançant ce qui se voulait être une blague et qui s'est avéré être tout simplement une insulte envers les Chaouia.Un anonyme disait que l'humour avait ses limites, que seule la bêtise dépassait.
En fin de compte, tout semble être entendu pour un quatrième mandat du Président sortant. Un consensus a dû être trouvé en haut lieu, du moins c'est ce qu'on a cru comprendre, nous le petit peuple. On bat le rappel de la «familia», même ceux qui étaient en disgrâce comme MM. Belkhadem ou Ouyahia. Ils sont venus, ils sont tous là, main dans la main, pour un quatrième mandat, pour sauvegarder le système, perpétuer le statu quo.
Même les velléités vraies ou supposées du DRS pour dénoncer la corruption semblent être reléguées au second plan. Les réserves émises par M. Ouyahia quant à la capacité du Président à assumer un quatrième mandat ou le pavé dans la mare qu'il avait jeté en déclarant que c'était l'argent sale qui gouvernait le pays, ou encore que l'échec de son gouvernement était aussi celui du Président, ce qui lui a valu d'être banni, sont vite oubliées. Quand tout le système est en danger, on sait ranger les armes, trouver des consensus, signer une trêve, c'est vital. Ceci confirme si besoin est que les guéguerres au sommet, les dénonciations, les déballages de dossiers de la part des uns et des autres ne sont que des luttes de clans pour le partage du pouvoir et du gâteau Algérie.
Ce n'est jamais dans l'intérêt du pays malheureusement. C'est vrai que le président Abdelaziz Bouteflika, l'homme qui a amendé la première Constitution du monde arabe, à avoir limité le nombre de mandats présidentiels, ne représente pas à lui seul le système. Mais il incarne le monarque mégalomaniaque cultivant le culte de la personnalité. Un dirigeant du siècle passé qui gouverne par la roublardise et l'intrigue n'admettant aucun contrepouvoir ou contradiction.
Au risque de me répéter, je ne pourrais, pour mieux illustrer la condescendance et le mépris qu'a toujours eu notre Président pour son peuple, que de rappeler cette anecdote : la veille de l'élection présidentielle de 1999, à la question d'un journaliste étranger qui lui demandait ce qu'il ferait si le résultat des élections n'était pas à la hauteur de ses attentes, il eut cette réponse sidérante : «Si le peuple veut rester dans sa médiocrité, je rentrerais chez moi. Je ne suis pas censé faire son bonheur malgré lui.» (L'enregistrement existe toujours).
Cette phrase résume à elle seule mieux que n'importe quelle analyse psychologique, à mon sens, le profil et la personnalité du locataire d'El Mouradia.
Lula, le chef d'Etat le plus populaire de l'histoire du Brésil, en réussissant à hisser son pays en quelques années au rang de dixième puissance économique mondiale, réunissait 82% de plébiscite de son peuple à la fin de son deuxième mandat. La majorité des Brésiliens voulaient qu'il reste au pouvoir au-delà, quitte à amender la Constitution, mais il a refusé en disant : «Je ne briguerai pas de 3e mandat, car on ne plaisante avec la démocratie.» Belle leçon de démocratie et d'un de ses fondements, l'alternance au pouvoir.
Au risque de choquer les esprits bien pensants, je dirais que l'Algérie est victime depuis des décennies d'une deuxième colonisation. Colonisation bien de chez nous, certes moins violente, insidieuse mais qui hypothèque lourdement l'avenir du pays et des générations futures.
C'est la colonisation du pays par la mafia de l'argent sale, la corruption, les clans, sous le regard complice de dirigeants incompétents qui n'ont pour la plupart comme diplôme que leur vraie ou supposée légitimité historique.
L'Algérie a un besoin urgent d'idées nouvelles, de réformes, d'un nouveau projet politique fédérateur pour faire face aux nouveaux défis qui l'attendent avant qu'il ne soit trop tard. Nous ne voulons ni d'un Etat DRS ni d'un zaïm finissant. L'Algérie mérite mieux.
Nous devons le crier, le hurler, le faire savoir, chacun à sa manière et par les différents moyens pacifiques dont tout un chacun dispose. Car, comme disait Gandhi : «Celui qui voit un problème et qui ne fait rien fait partie du problème.»


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