Grande mobilisation, hier à Béjaïa, lors de la marche du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Ils étaient près de 4000 manifestants, selon les organisateurs, à battre le pavé le long du boulevard de la Liberté, répondant à l'appel du RCD à marcher dans les wilayas de Kabylie. Anciens et jeunes militants des quatre coins de la wilaya, étudiants, lycéens et même des militants d'autres formations politiques étaient au rendez-vous. Le RCD a, ainsi, renoué avec les grands mouvements d'antan, quand ses appels à la mobilisation drainaient des milliers de citoyens. Avec cette action à la veille de l'élection présidentielle qui aura lieu demain, le parti de Mohcine Belabbas a fait coïncider la commémoration des événements d'avril 1980 et le combat qu'il mène actuellement pour le boycott du scrutin. Dans une organisation parfaite, la marche s'est ébranlée, vers 11h, du campus universitaire Targa Ouzemmour en direction du siège de la wilaya. Pendant tout le parcours, qui s'étalait sur une grande distance, la foule, scindée en plusieurs carrés et munie de banderoles et pancartes, n'arrêtait pas de scander des slogans hostiles au système et contre l'élection : «Echaâb yourid isqat ennidam (le peuple veut la chute du régime)», «Système dégage !», «La Oujda la DRS, Djazaïr hya al assas (ni Oujda ni DRS, l'Algérie c'est l'essentiel)», ou encore «Ulac l'vot ulac (pas de vote !)». On pouvait également entendre des slogans qui rappelaient les événements d'avril 1980, ceux de 2001 et le combat pour la reconnaissance de l'identité et de la langue amazighes tels que : «Corrigez l'histoire ! L'Algérie n'est pas arabe», «Dimazighène», «Pouvoir assassin» ou encore «La Kabylie n'est pas à vendre». Arrivée au rond-point Daouadji, la foule a marqué une halte pour observer une minute de silence à la mémoire des «martyrs de la démocratie», tombés sous les balles du pouvoir en 1980, 1988 et 2001. Une fois devant le siège de la wilaya, il a fallu attendre plusieurs minutes pour qu'arrivent les derniers marcheurs. Les organisateurs ont improvisé une prise de parole avec Atmane Maâzouz, porte-parole du RCD, et le président du bureau régional du parti, Mouloud Deboub. «Vous êtes ici par milliers pour dire non à la supercherie qui se prépare derrière le dos du peuple, vous êtes ici par milliers pour dire non à cette énième provocation», a martelé Atmane Maâzouz, expliquant que «le soir du 17 avril, le pouvoir installera un intendant, un semblant de chef d'Etat illégitime qui continuera à le servir». Le porte-parole du RCD a exhorté la foule de «se mobiliser le 17 avril pour dire non à la mascarade électorale». Mouloud Deboub a pour sa part déclaré que le RCD «est contre le recyclage des personnalités politiques, c'est au peuple, souverain, d'élire son président». Evoquant les graves événements qui secouent depuis des mois la vallée du M'zab, l'orateur a vilipendé les pouvoirs publics, restés «immobiles» devant les violences qui ont fait de cette région «une fournaise alors qu'elle était un havre de paix». C'est le même «mépris», selon Mouloud Deboub, qu'ont de tout temps affiché les pouvoirs publics envers les Touareg. Les deux orateurs ont réitéré la ligne du RCD qui ne cessera «de combattre jusqu'à l'institutionnalisation de la langue amazighe et la reconnaissance de l'identité berbère de l'Algérie». Un appel a été lancé pour une autre marche le 20 avril.