Les rues de Tizi Ouzou ont renoué, hier, avec les manifestations à l'occasion des deux marches organisées séparément par le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), en commémoration du 33e anniversaire du printemps amazigh. Ce sont les partisans de l'autonomie qui ont ouvert la marche, s'ébranlant du campus Hasnaoua de l'Université de Tizi Ouzou en scandant des slogans hostiles au pouvoir et favorables à l'autonomie de la Kabylie. Ils étaient environ 700 marcheurs à battre le pavé en empruntant les principales artères de la ville jusqu'au musée (ancien siège de la mairie) avec l'emblème rouge, jaune, vert et bleu et des banderoles sur lesquelles l'on pouvait lire «Justice pour les martyrs kabyles», «Pour l'autodétermination du peuple kabyle», «Le peuple kabyle soutient et reconnaît l'indépendance de l'Azawad» ou encore «Ma tevghid tilelli, a kkred si tguni» (Si tu veux la liberté, réveille-toi). Ils scandaient des slogans tout au long du parcours de la manifestation, tels que «Pouvoir criminel» et «Corrigez l'histoire, l'Algérie n'est pas arabe», jusqu'au niveau du musée de la ville où les responsables de cette organisation ont pris la parole pour réitérer leurs revendications et dénoncer le pouvoir. De leur côté, les militants du RCD conduits par leur président, Mohcine Belabbes, ont entamé leur manifestation peu de temps après les partisans de l'autonomie. Pour cette année, cette formation politique a fait légèrement mieux que lors de la marche de l'année dernière en réussissant à rassembler un millier de personnes qui se sont ébranlées du campus de Hasnaoua vers le musée de la ville, en changeant l'itinéraire de la marche afin de permettre aux manifestants de passer par la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou pour pouvoir dénoncer un de leurs ex-camarades, en l'occurrence le directeur de cette institution, El Hadi Ould Ali. La nouvelle littérature du RCD était visible sur les banderoles brandies par les manifestants, comme celles clamant la destitution du président Bouteflika ou la dissolution du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), ou des slogans relatifs à la revendication amazighe, notamment la question de la constitutionnalisation du caractère officiel de Tamazight. «Tamazight, langue nationale et officielle», «Tamazight, fellas tudert, fellas lmut» (Alayha nahya, alayha namout). A l'issue de la marche, un petit rassemblement a eu lieu devant le jet d'eau, l'esplanade du musée étant occupée par les manifestants du MAK, à l'arrivée de ceux du RCD. Une prise de parole a également eu lieu et qui a permis au maire de la ville et à un membre du Conseil de la nation, issu du parti de Belabbes de réitérer l'appel à «une officialisation» de Tamazight dans le cadre de la prochaine révision constitutionnelle. M. B.