Un candidat sur un fauteuil roulant, un neveu, deux frères et une foule d'assistants… Abdelaziz Bouteflika, a voté, hier à Alger, sous assistance. Un candidat sur un fauteuil roulant, un neveu, deux frères et une foule d'assistants… Le président sortant, Abdelaziz Bouteflika, a voté, hier à Alger, sous assistance. Alors que son entourage ne cessait de clamer l'amélioration de son état de santé suite à l'accident vasculaire cérébral (AVC) dont il a été victime en avril 2013, le président-candidat a dû être aidé pour accomplir son droit électoral, du début de l'opération jusqu'à l'apposition de son empreinte digitale sur le fichier électoral. En effet, cette nouvelle apparition publique de Abdelaziz Bouteflika, après plusieurs mois d'absence, n'était pas du tout ordinaire. Récit d'une matinée électorale pas comme les autres… Annoncé à 10h, le cortège du candidat-président n'est arrivé à l'école Bachir El Ibrahimi à El Biar, sur les hauteurs d'Alger, que vers 10h30. Il est constitué de plusieurs véhicules, dont deux seulement s'engouffrent à l'intérieur de l'école, transformée pour l'occasion en centre de vote. Le reste du cortège, dont les véhicules de la garde présidentielle et de la police, attend à l'extérieur. A l'intérieur du centre du vote, c'est une autre scène qui commence, en l'absence de la majorité des journalistes empêchés d'y accéder. Seuls l'ENTV, les agences de presse, quelques cameramen de chaînes de télévision privées et étrangères ainsi que des photographes ont été autorisés à entrer dans le centre en question. Mais les images diffusées par la Télévision nationale montrent une scène surréaliste. Du jamais vu dans l'histoire des élections dans le monde. Le président qui postule à sa propre succession, pour la quatrième fois, est incapable de voter seul. Accompagné de son neveu et de ses deux frères, Saïd et Abdelghani, il est dans un fauteuil roulant. Pour l'accomplissement de cette opération, il a fallu la mobilisation de trois personnes pour l'assister ; une pour pousser la chaise roulante à l'intérieur du bureau n°34 (le centre dispose de six bureaux numérotés de 34 à 39), une autre récupère, pour lui, les six bulletins de vote et une troisième l'accompagne dans l'isoloir pour l'aider à glisser le bulletin dans l'enveloppe. Ensuite, le candidat qui esquisse un sourire devant les caméras, revient, toujours avec l'aide de sa garde, pour glisser, après une séance de photos, son bulletin dans l'urne, celle-ci n'en contenait qu'une vingtaine. Il était le 22e votant au niveau de ce bureau où sont inscrits 295 électeurs, soit 7,45% à 10h30. En tout, le président sortant n'a fait qu'une apparition de dix minutes, puisque son cortège a quitté les lieux vers 10h40. Des journalistes malmenés Mais la couverture de cet événement n'était guère une sinécure pour les professionnels des médias. Arrivés sur place dès l'ouverture du centre de vote, de nombreux journalistes, nationaux et étrangers, venus couvrir l'élection ont souffert le martyre. Détenant des badges établis par le Centre international de presse (CIP), les professionnels des médias ont été surpris de découvrir qu'il fallait une autre accréditation auprès de la Présidence pour accéder à ce centre. Munis d'une short-list de journalistes accrédités, des agents chargés de la sécurité présidentielle renvoient tous ceux qui n'y figurent pas. Ce n'est pas tout. Il leur est même interdit d'attendre à proximité des lieux. Il a fallu alors jouer à cache-cache avec les policiers qui leur demandaient de circuler et de quitter carrément les lieux. «Nous avons reçu des instructions. Celui qui n'est pas accrédité doit quitter carrément le périmètre», explique un des policiers aux journalistes en les invitant à lui faciliter la tâche. La scène a duré de 8h jusqu'à 9h30. Ce n'est qu'après l'arrivée de la chargée de communication de la Présidence, Farida Bessa, qui nous avait expliqué la veille qu'aucune accréditation spéciale ne serait exigée pour suivre ce vote «présidentiel», que des cameramen et des photographes ont été autorisés à accéder au centre en question. Mais seulement une partie. Les journalistes et d'autres photographes ont été, à nouveau, priés de s'éloigner de l'entrée de l'école. Ils ont dû suivre le reste de la scène de l'extérieur…