Comme prévu, le scrutin présidentiel s'est terminé tel qu'il a commencé, dans l'indifférence de la quasi-totalité des électeurs et dans les fraudes multiples, massives et violentes au profit du président-candidat, à commencer par l'inéquité des moyens, la partialité des institutions de l'Etat sans exception, les menaces contre les citoyens et, enfin, les triturations coutumières des chiffres. L'abstention massive des citoyens est une leçon historique administrée à tous ceux qui ont conclu à l'«immaturité» ou au manque de discernement des Algériens. Pour autant et pour avoir été de ceux qui, les premiers, ont appelé le peuple à ignorer une élection jouée d'avance et interpellé les candidats pour un retrait digne avant le traquenard, le MCLD n'en est pas moins conscient que la désaffection populaire cible également toute la classe politique de l'opposition minée par des contradictions connues de tous. La fraude a fait son œuvre mais la crise s'est aggravée et les enjeux et demandes démocratiques reviennent avec force. Ce énième viol des consciences, des institutions et de la souveraineté populaire s'est conjugué avec l'horrible cabale médiatique assenée au candidat Ali Benflis et aux partisans du boycott et du changement, signifiant à tous que le pouvoir est prêt au pire pour différer le changement. A cette occasion, le MCLD salue le courage des militants et citoyens qui ont boycotté un scrutin voué à l'échec et tous ceux qui se sont battus aux côtés des candidats qui avaient appelé à un vrai changement ainsi qu'à ces derniers. Le MCLD réitère sa disponibilité à toute action politique démocratique et pacifique unitaire, pour élaborer une plateforme de consensus national et construire un rapport de force conséquent en faveur d'une issue démocratique au désastre national actuel. La maladie du Président «élu» symbolise, certes, un pouvoir vieilli, usé et anachronique mais ne peut, seule, expliquer l'impasse d'un régime autoritaire d'essence militaire, vieux de l'âge de l'Indépendance nationale. Les décideurs de l'armée ne peuvent se soustraire à la solution d'une impasse qu'ils ont largement contribué à tisser. Il y va de la survie de l'Algérie. Le retour au processus démocratique tragiquement interrompu en 1992 et différé depuis 1997 est une exigence urgente pour construire l'Etat civil et une démocratie parlementaire qui garantissent les libertés fondamentales, la souveraineté populaire et le développement durable. La soustraction volontaire de l'armée et des services de sécurité à toute activité partisane de police politique est une condition sine qua non de ce processus de transition pacifique à déployer rapidement par l'entame d'un dialogue efficient avec l'opposition et la société civile. Face aux artifices d'un fonctionnement institutionnel réduit à ses appareils administratifs, seule notre mobilisation unitaire pacifique influera sur les patriotes au sein de l'Etat et imposera le dialogue pour un changement démocratique. Alger, le 18 avril 2014