Le 18 avril dernier a été donné le coup d'envoi du Mois du patrimoine en Algérie. Aussi, durant tout un mois, le patrimoine algérien doit être «célébré» en bonne et due forme. Serait-ce le cas ? Etait-ce le cas les années précédentes ? Une chose est sûre, de plus en plus d'associations se soulèvent contre la tenue de ces festivités qui durent tout un mois. C'est le cas de l'association Bel Horizon qui préconise de remplacer le Mois du patrimoine par ce qu'elle appelle «Des journées patrimoniales». «Actuellement, il n'y a que notre pays qui célèbre le patrimoine durant tout un mois», nous explique Kouider Métaïr, le président de cette association. En 1993, les ministres de la Culture de la moribonde UMA (Union du Maghreb arabe) décident d'un mois pour célébrer le patrimoine intercalé entre les Journées internationales du monument (18 avril) et des musées (18 mai), ce qui fut vite compris, et à tort, comme «Mois mondial du patrimoine» par certaines associations. Pas de dimension nationale Dans sa configuration actuelle, le Mois du patrimoine n'a pas de dimension «nationale», selon M. Métaïr, pour la bonne raison qu'il ne concerne que «les démembrements du ministère de la Culture, qui en fixe le thème chaque année». Dans les autres pays, explique-t-il, lors des journées patrimoniales, toutes les institutions du pays poussent dans la même direction pour proposer une offre culturelle abondante durant un week-end. Un week-end attendu par tous pour sa convivialité et ses découvertes : musées ouverts et gratuits, visites guidées spécifiques, bâtiments officiels ouverts (y compris les bureaux des maires), conférences de haut niveau, présentations des projets en cours sur site, dossiers de presse et émissions TV et radio. Le prix d'entrée dans les musée à la hausse En Algérie, le Mois du patrimoine se réduit à un rituel où «les institutions culturelles se sentent presque obligées de le faire avec des activités en salle fermée et durant des jours ouvrables (conférences, expositions de photos, animations folkloriques, ou volontariat de reboisement, désherbage, etc.), c'est-à-dire des activités de tous les jours, censées être menées toute l'année et qu'on reconduit machinalement et sans conviction». Aussi, selon l'association Bel Horizon, organiser en lieu et place du Mois du patrimoine des journées patrimoniales supposerait la garantie d'une offre culturelle exceptionnelle, originale et de qualité. «En vérité, l'idée de base des Journées patrimoniales reste l'appropriation de l'espace public et du patrimoine par les populations et de faire en sorte qu'il soit l'affaire de toutes les institutions». Ainsi, les manifestations seront riches et hautes en couleur, suscitant la participation nombreuse du public et favorisant l'appropriation des populations de leur patrimoine. «C'est ce que nous essayons de faire à chaque fois que l'occasion se présente au niveau de Bel Horizon avec le succès de la randonnée très attendue du 1er mai. Celle de 2011 a drainé plus de 20 000 participants !» Pour cette année, la randonnée patrimoniale du 1er mai se transformera en balade urbaine «pour la promotion de l'art de la rue avec des artistes venus de plusieurs régions».Elle sera suivie par d'autres balades dans les quartiers populaires, avec diverses thématiques liées à l'histoire sociale de ces cités.Enfin, pour l'anecdote, le président de Bel Horizon nous rappelle qu'à l'ouverture du Mois officiel du patrimoine en 2013, «le ministère de la Culture n'a pas trouvé meilleur cadeau à offrir aux populations que d'augmenter le prix d'entrée dans les musées, alors que durant ce mois on devrait s'attendre à des entrées gratuites, comme cela se fait partout dans le monde».