Les conclusions de l'étude du célèbre bureau de prospective et d'investissement dans le Sud-Est asiatique, Barings Securities, annonçant un véritable chamboulement dans le classement des plus grandes puissances économiques mondiales à l'horizon 2010, se confirment déjà. La Chine et l'Inde, qui ont réalisé au cours de la dernière décennie des taux de croissance prodigieux, sont sur le point de figurer parmi les trois plus grandes puissances mondiales, derrière les Etats-Unis d'Amérique. D'autres pays comme le Brésil et le Mexique inquiètent aussi certaines nations occidentales qui craignent de se faire évincer du G7, ce club censé regrouper les 7 pays les plus riches de la planète, mais dont on conteste déjà l'objectivité du classement. L'étude de Barings Securities confirme en tout cas le bouleversement qui va nécessairement se produire dans le rang du G7 avec notamment l'éviction de pays comme la France qui ne figurerait qu'à la 9e place, l'Italie, le Royaume-Uni et le Canada qui seront relégués bien au-delà du 10e rang. Selon ce même bureau de prospective internationale, leurs places seraient ravies par la Chine, l'Inde, Taiwan, le Brésil et la Russie. Une projection pour le moins prophétique qui se confirme déjà pour la Chine et l'Inde dont plus personne ne conteste la fulgurante percée économique. Pour ceux qui restent sceptiques aux prévisions de Barings Securities, une étude du Boston Consulting Group, publiée le 30 mai dernier sous le titre The New Global Challengers, est de nature à dissiper tout doute quant aux bouleversements économiques pronostiqués. L'étude en question présente un panel de 100 entreprises des pays émergents, notamment chinoises et indiennes, qui vont totalement changer la donne économique mondiale. Pour les rédacteurs du rapport, ces entreprises ont pour dénominateur commun d'être authentiquement locales, c'est-à-dire non filialisées à des groupes occidentaux, ni joint venture, et de réaliser des chiffres d'affaires de plusieurs milliards de dollars dont une bonne part à l'international. Parmi les 100 entreprises, l'étude recense 44 sociétés chinoises, 21 indiennes et presque autant brésiliennes. Ces entreprises réalisent des taux de croissance et des profits prodigieux en raison de la modicité de leurs coûts opérationnels, de leur capacité à innover, de leurs moyens de production ultramodernes confiés à des managers de talent. Elles se caractérisent également par une grande soif de conquête au moyen d'OPA sur des fleurons de l'industrie occidentale. Les affaires Mittal (sidérurgie) et Ranbaxy (médicaments) qui ont récemment défrayé la chronique constituent à nos yeux de bons exemples de cette soif de conquête des entreprises indiennes. L'étude qui liste une centaine de ces entreprises conquérantes s'attarde sur les plus agressives d'entre elles. Elle cite notamment les sociétés chinoises BYD, Aluminium Corporation of China et BOE Hydis Technology Company qui détiennent déjà respectivement près du quart du marché mondial de batteries de téléphones portables, une part importante du marché mondial des métaux non ferreux et un marché colossal d'équipements informatiques. Pour ce qui est des entreprises indiennes, Ranbaxy, Bahrat Forge et Bajaj Auto sont citées comme exemples de sociétés ultraperformantes occupant respectivement les tout premiers rangs mondiaux dans l'industrie du médicament générique, la production d'acier et l'équipement automobile.