Le vote, c'est l'un des temps forts de la vie d'un homme politique. Qui obéit à des codes. Vestimentaires par exemple. El Watan Week-end a taillé un costume aux candidats. -Les bottines du président Il a fait chaud le 17 avril. Pas rare de croiser dans les bureaux de vote des filles en sandale. Ou dans la rue, des jeunes en tong. A El Biar, c'est un détail que personne ne remarque lorsque Abdelaziz Bouteflika arrive pour voter un peu après 10h : le candidat porte des bottines. Sans lacets. Rehaussées de talonnettes. Manifestement inadaptées à la saison. Des chaussures médicales, explique un médecin rééducateur : «La bottine orthopédique permet de maintenir la jambe à la perpendiculaire. Elle est recommandée en période de convalescence.» -Le secret de l'ourlet Le code de la mode repose sur deux règles fondamentales (pour les hommes, du moins) : ne pas mélanger chaussettes et sandales, et savoir faire un ourlet. Un précepte méconnu de Moussa Touati et Saïd Bouteflika qui le 17 avril portaient des pantalons trop longs. Effet accordéon garanti ! Le bas traîne par terre. Pratique pour ramasser les poussières, mais un balai est bien plus pratique pour ce genre de tâche. Le secret d'un bon ourlet, c'est de tomber pile avec l'arrière de la chaussure. -Le secret de l'ourlet (bis) Le secret d'un bon ourlet, c'est de tomber pile avec l'arrière de la chaussure ? Qui a dit ça ? Nous ? Précision : cette règle s'impose lorsque votre activité vous impose d'être souvent debout. Auquel cas, nous ne saurions trop vous conseiller de porter de jolies chaussettes, de couleur, puisque quand vous serez assis, le bas du pantalon remontera irrémédiablement pour laisser transparaître vos chevilles. Corollaire : si vous êtes plus souvent assis que debout, l'ourlet doit être adapté à votre position. Sinon, le pantalon remonte au niveau des mollets. Comme Abdelaziz Bouteflika. -Le faux raccord Costume bleu gris, chemise bleu clair, cravate bleu marine… Moussa Touati aurait pu être au top de la mode si l'esprit camaïeu avait été respecté jusqu'au bout. Le candidat a tout gâché avec ses derbies à boucle marron de la même couleur que sa ceinture. Assortir chaussures et ceinture est recommandé lorsque l'on maîtrise la concordance des tons. Ce n'est pas le cas de Moussa Touati. -Le costume à rayures En 2014, la rayure se porte de deux façons : en marinière, ou elle ne se porte pas. Ce qui fait qu'en réalité, elle ne se porte que d'une seule façon. Le mix costume à grosses rayures craie, pantalon ample et chaussure italienne à bout pointu de Saïd Bouteflika, nous renvoie directement au début des années 1990. Dans son livre L'Etoffe du diable, l'historien français Michel Pastoureau rappelle que la rayure était considérée comme maléfique au Moyen-Âge, raison pour laquelle elle était réservée aux marginaux. La rayure verticale allonge la silhouette. Camoufle les défauts. Au cinéma, cela renvoie à l'image du mafieux. Version Michael Corleone dans Le Parrain. En trois pièces, comme Saïd. -L'art de la cravate Pas trop longue, pas trop courte, pas trop large, pas trop fine, pas monotone, pas chargée : le choix de la cravate, c'est avant tout une question de dosage. Le guide de la mode préconise une largeur de 6 à 9 centimètres. Elle doit tomber avec la ceinture. Ainsi, le jury d'El Watan Wee-kend accorde un 10/10 à Ali Benflis. Abdelaziz Bouteflika, lui, évite le faux pas en rentrant sa cravate dans le veston. Moussa Touati aurait été mieux inspiré de choisir une couleur unie. Voire un nœud papillon. Une jolie façon de se distinguer. -La veste ouverte Berluti, la célèbre marque italienne de luxe, est formelle : un homme ne sera jamais aussi élégant et affûté que lorsque sa veste est boutonnée. Assis, la veste ouverte est tolérée pour davantage de confort. Abdelaziz Bouteflika est le seul candidat à respecter la règle. Ali Benflis et Moussa Touati refusent de se boutonner, ce que l'on peut interpréter comme un signe de rébellion face aux convenances. Un geste politique, en somme. Mention spéciale pour Abderrahim Bouteflika, le frère du président, qui porte impeccablement son costume. Bouton du bas ouvert. Juste comme il faut. -Ils sont de mèche Les frères Bouteflika partagent le même patronyme, la même moustache et la même mèche orientée vers la droite. L'homogénéité capillaire laisse supposer que ce trait de famille provient de la façon dont la maman coiffait ses enfants. Ali Benflis, lui, assume la rupture jusque dans la raie, qu'il porte à droite. Sa mèche est ainsi orientée vers la gauche. Quant à Louisa Hanoune, ses cheveux ramenés vers l'arrière signifient, en morphocoiffure (si, si ça existe) que la candidate n'est ni dans la séduction ni dans la répulsion. A la recherche d'une neutralité parfaite. -Louisa recalée Décontract' et guindée. Le dynamisme du sac bandoulière est happé par le sérieux du chignon et des lunettes rectangulaires. La bonne note est attribuée au combo pantalon noir et blazer. Le vrai faux pas de Louisa Hanoune reste son haut, impossible à identifier : tee-shirt ? Tunique ? Robe ? Les trois ? Le mix acrylique, motifs zébrés et pied-de-poule, c'en est trop ! Sur l'ensemble, la silhouette est coupée au niveau de la poitrine, du bassin et des cuisses. Le corps n'est pas mis en valeur. L'éternelle candidate se rattrape sur l'accessoire avec une tentative louable : donner au bijou sa fonction décorative. Mais les couleurs ne concordent pas. Créoles argentées, collier en or. Par clémence, nous passerons sur les chaussures.