Huit ans après, les circonstances de l'assassinat du chantre de la musique kabyle, Matoub Lounès, ne sont toujours pas élucidées. Criblé de plus de soixante-dix balles par des individus armés sur la route menant à son village, sa famille et ses amis ne cessent d'exiger la vérité sur sa mort. Hier, dans plusieurs villes de France, de nombreuses associations et mairies ont rendu des hommages à la mémoire de celui qui « fut le défenseur acharné et infatigable de la langue et culture berbères durant les années de plomb ». A Bobigny, mairie communiste située dans le département de la Seine-Saint-Denis, le maire Bernard Birsinger, en collaboration avec le collectif amazigh de la commune, a organisé un moment de recueillement sur le parvis de la mairie qui porte désormais le nom de l'artiste. En présence de nombreuses personnes et amis du chanteur, le maire de la ville a déposé une gerbe de fleurs à la mémoire de Matoub. Des poèmes, écrits en majorité par le défunt, ont été clamés dans une ambiance empreinte de tristesse. Limitrophe à la ville de Bobigny, La Courneuve a aussi célébré l'anniversaire de la mort de Matoub. Les commerçants, en majorité d'origine kabyle, ont écouté et fait écouter une heure durant les chansons du maître. Afin de bien marquer l'événement, les restaurateurs et les cafetiers de La Courneuve ont prévu d'offrir, le 1er juillet, un couscous gratuit en mémoire au maître de la chanson kabyle. Vendredi dernier, c'est le polémique Jean Baptiste Rivoir, journaliste à Canal Plus, qui a projeté un documentaire exclusif sur Matoub, sa vie et son combat pour la liberté et la démocratie en Algérie. A Lyon, dans la commune de Vaulx-en-Velin, des jeunes et des associations de quartier, aidés par des radios locales, se sont retrouvés hier au niveau de la rue Matoub Lounès pour rendre hommage au chanteur et exiger la vérité sur son assassinat. La fondation Matoub, dirigée par sa sœur Malika, a également organisé hier, au siège de la fondation, une rencontre pour parler de l'artiste et exiger que la lumière soit faite sur son assassinat le plus vite possible. 8 ans après sa disparition, Matoub demeure le symbole vivant de toute la jeunesse kabyle. Son œuvre artistique se confond indubitablement avec ses combats républicains et ses chansons sont reprises par tous les jeunes chanteurs. Mais il faudra attendre septembre prochain pour pouvoir écouter des compositions inédites de l'artiste. En effet, la maison d'édition Creon Music s'apprête à produire à Paris deux albums posthumes de Lounès.