Après l'émotion des retrouvailles, l'inévitable polémique. La France a-t-elle payé une rançon pour les journalistes enlevés en Syrie en juin 2013 ? Paris (France) De notre correspondant L'hebdomadaire allemand Focus affirme que Paris a bien versé 18 millions de dollars. Et de préciser que «les fonds, convoyés vers Ankara par le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian, ont été versés aux ravisseurs par l'intermédiaire des services secrets turcs». Le magazine, qui cite des sources proches de l'OTAN à Bruxelles, affirme que l'espionnage français a été informé dès le début de la prise d'otages du lieu de détention des quatre journalistes, mais a renoncé à une intervention armée pour les libérer en raison des combats qui secouent la Syrie. Paris a démenti «catégoriquement» ces informations. Et de réitérer la position officielle de la France : ne jamais payer de rançon. «C'est un principe très important pour que les preneurs d'otages ne puissent pas être tentés d'en ravir d'autres. Tout est fait par des négociations, des discussions», avait expliqué la semaine dernière François Hollande. Didier François, grand reporter à la radio française Europe 1, et le photographe Edouard Elias avaient été enlevés au nord d'Alep le 6 juin 2013. Nicolas Hénin, reporter à l'hebdomadaire français Le Point, et Pierre Torrès, photographe indépendant, avaient été kidnappés le 22 juin à Raqqa. Ils ont été retrouvés par une patrouille de l'armée turque dans la nuit du 19 au 20 avril dans le no man's land de la frontière séparant la Turquie et la Syrie, près de la petite ville turque d'Akçakale (sud-est). Si l'on connaît les conditions très dures de leur détention, «restés dix mois complets dans des sous-sols sans voir le jour, un mois et demi entièrement enchaînés les uns aux autres», leur libération demeure encore mystérieuse. Selon l'agence de presse turque Dogan qui avait révélé l'information, les otages avaient été amenés à la frontière par un groupe syrien inconnu, puis relâchés. Toujours selon Dogan, ils avaient les mains liées et les yeux bandés. Les soldats turcs ont d'abord cru avoir affaire à des contrebandiers avant de remarquer leurs yeux bandés. L'un des journalistes détenus a démenti cette version. «Nous avons traversé la frontière la tête découverte et les mains dans les poches», a précisé Nicolas Hénin à France 24 en affirmant qu'ils n'avaient pas les yeux bandés.