Pionnière dans un domaine considéré comme la chasse gardée exclusive des hommes en Algérie, Samia Balistrou, cette femme, qui se décrit comme la baleine de la méditerranée, est fière d'avoir accumulé trente ans d'expérience dans la plongée sous marine. Licenciée en sport, animatrice d'une émission sur l'environnement à radio Tipasa, en plus d'avoir le titre d'examinatrice de 3ème degré en plongée sous marine, elle est présente à Jijel pour un stage sur la biologie subaquatique. - Comment avez-vous été initiée à la plongée sous marine ? C'est à partir de notre balcon, quand j'habitais Alger, que j'ai découvert le monde fascinant de la plongée sous marine par le biais du club «Espadon» que j'ai connu par la suite au siège de la fédération de plongée à la place des Martyrs. Le premier contact m'a permis d'entamer mon 1er niveau en 1985, le 2eme en 1986 et le 3ème en 1987, ce dernier niveau, organisé pour des plongeurs professionnels, a confirmé toute ma place dans ce domaine. Les examinateurs français, m'ont alors proposé de passer le monitorat en France; que j'ai effectué en 1989 à Bandol.
- Quelle appréciation faite vous de ce monde sous marin ? Depuis que j'ai mis la tête sous l'eau, ma vie a changé ; j'ai découvert un monde qui m'a fasciné depuis le début. J'ai appris alors à le connaître, à l'apprécier, à le respecter et surtout à le protéger. On comprend la magie des écosystèmes, on admire la beauté de la faune et de la flore et on se sent enveloppés par l'eau qui nous permet d'évoluer en 3 dimensions, dans le monde du silence, dans le dernier espace sauvage sur notre planète. - Il semble qu'il y a de plus en plus de femmes qui pratiquent la plongée sous marine ? La plongée s'est développée avec les équipements de plus en plus fiables et confortables. Les femmes ont certes des prédispositions pour cette activité qui est à la fois un sport et un loisir ; elles ne sont pas nombreuses, mais je crois qu'elles se montrent intéressées pour cette activité quant elles ont l'occasion. Dans notre pays, c'est encore une activité réservée aux hommes, mais ces dernières années, on voit des femmes dans presque tous les clubs algérois. - Vous avez été retenue pour le tournage d'un reportage en Algérie au profit de l'émission Thalassa C'est un grand honneur pour moi et un rêve pour la plongeuse que je suis, et fan de cette émission. Les concepteurs de ce reportage m'ont proposé de les suivre pour ce tournage dans plusieurs séquences sur nos côtes et je suis fière d'être la représentante de la plongée dans mon pays. Doyenne et pionnière dans l'encadrement dans le monde arabe et africain, mes trois décennies de plongée m'ont permis de faire de l'archéologie, de la plongée technique aux mélanges, de la biologie et de la photo et vidéo. La plongée m'a ouvert l'horizon sur 180°, où j'ai appris à connaître un autre monde dans toute sa complexité, à l'aimer et à ne vivre que pour le protéger, mon combat aujourd'hui est celui de le protéger de la pollution, de la sur pêche, des activités humaines irresponsables ; on voit la mer comme une ressource intarissable et aussi comme une poubelle, pourtant, on s'est rendu compte qu'elle était fragile et vulnérable. Pour comprendre l'importance de la protection de ce milieu, il faut juste mettre un masque pour voir sa beauté et se dire qu'il faut vraiment le préserver pour nous et pour nos enfants ; je ne comprends toujours pas pourquoi les Algériens tournent le dos à la mer qui a tellement à offrir.