La promulgation d'une nouvelle loi sur la santé, attendue depuis plus d'une décennie, s'impose aujourd'hui. Des assises régionales se tiennent depuis le 3 mai et jusqu'à aujourd'hui dans les plusieurs wilayas ; elles sont organisées par le ministère de la Santé en prélude aux assises nationales qui auront lieu probablement à la fin du mois. De nombreux acteurs du secteur prennent part à ces travaux afin de réfléchir aux nouveaux mécanismes à mettre en place dans le but d'améliorer le système de santé actuel, régi par une loi obsolète datant de 1985. La promotion du secteur de la santé nécessite, selon les spécialistes, une refonte de fond en comble qui apporterait des solutions à tous les problèmes du gestionnaire et du praticien, et surtout une prise en charge sérieuse des patients. Si certains se contentent d'une révision du cadre législatif pour résoudre les difficultés d'organisation et de gestion, d'autres estiment qu'il est temps de poser la vraie problématique du secteur et de casser tous les tabous car la question est d'abord politique avant d'être technique, pense le Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires (Snechu) qui a boycotté ces assises régionales. Le président du syndicat, le professeur Djidjli, estime que la question de la promulgation de la loi sanitaire revient à chaque fois qu'un nouveau ministre s'installe, mais n'a jamais vu le jour depuis plus d'une décennie. «Des assises ont été organisées, des sommes colossales ont été dépensées. Résultat des courses : rien n'a été fait à ce jour. Les vrais problèmes sont ailleurs», a-t-il indiqué, avant de signaler que l'amélioration du système de santé passe d'abord par l'évaluation des grands problèmes du secteur qui sont, il faut le dire, politiques. «Peut-on réviser la loi sanitaire tout en consacrant seulement 250 dollars de dépenses de santé par habitant ? Peut-on continuer à maintenir la médecine gratuite pour tous, que l'on soit pauvre ou riche, chômeur ou travailleur ? C'est ce type de questions qu'il faut sérieusement poser et discuter sereinement», a-t-il affirmé. La loi sanitaire, a-t-il ajouté, est l'expression technique d'une politique de santé qui est, par contre, un projet de «société sanitaire». Pour le Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP), l'organisation de ces assises figure parmi ses revendications depuis plusieurs années. Le président du syndicat, le docteur Yousfi, se félicite de ces journées qui permettront à tous les acteurs de la santé de se réunir, de se mettre d'accord sur un nouveau projet de loi sanitaire et d'apporter du nouveau au secteur qui se débat dans d'énormes difficultés. Il espère que le texte en question sera soumis rapidement à l'APN. «Une loi, aussi, qui aura à définir de nouvelles orientations dans la prise en charge des patients à travers, entre autres, la circonscription sanitaire et l'abrogation de l'activité complémentaire, une revendication du SNPSSP», a-t-il signalé. Le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) a, de son côté, préféré se limiter à une présence à ces assises sans participation aux ateliers. «Nous avons donné instruction aux délégués de se limiter à une présence et de ne faire aucune proposition. Un travail a déjà été fait par le syndicat pour être présenté aux assises nationales, comme cela était prévu au départ. Ces assises régionales n'étaient pas programmées, mais nous avons préféré nous présenter au lieu de les boycotter car le document nous a été remis par le ministère et notre travail est déjà prêt. Nous contestons cette approche où le SNPSP, qui vient avec des propositions dans un cadre organisé, a la même voix que n'importe quel praticien», a déclaré le docteur Merabet, président du SNPSP. Déplorant la fermeture de certaines Maisons du diabétique relevant du secteur public, le président de l'association des diabétiques de la wilaya de Boumerdès, Mohamed Mokri, a appelé à mettre en place une liste unifiée des examens, analyses et radiographies entre les secteurs public et privé et à prévoir leur remboursement par la Caisse nationale d'assurances sociales (CNAS) afin que tous les malades puissent en bénéficier. Le ministre de la Santé, de la Population et la Réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf, a, quant à lui, justifié l'ouverture des travaux de ces assises par la nécessité d'une révision intégrale de la loi sanitaire, précisant que les opérations d'audit menées dans les structures de santé à travers l'ensemble des wilayas du pays ont montré l'existence de problèmes d'organisation et de gestion qui ne peuvent être traités radicalement que par la révision de l'assise législative du système national de santé.